Argentine : la mort d’un juge conduit au démantèlement des services …

La présidente argentine a annoncé la refonte des services de renseignements.

En pleine tourmente politique, Cristina Kirchner reprend l'initiative. Pour la première fois depuis la mort mystérieuse du procureur Nisman, il y a dix jours, la présidente argentine est apparue dans un discours télévisé. Elle s'est montrée toute vêtue de blanc dans une chaise roulante - en raison d'une fracture à la cheville -, se posant en victime d'un complot politique. « Quelqu'un a prétendu dans une accusation sans fondement que nous voulions détourner l'enquête sur l'attentat contre l'Amia en 1994 et protéger les Iraniens. Moi, personne ne va m'intimider, je n'ai pas peur, qu'ils fassent leurs accusations, que les juges me citent à comparaître, mais ils ne peuvent pas conduire l'Argentine de cette manière », s'est-elle défendue.

La dirigeante péroniste a accusé les services de renseignements de se cacher derrière l'affaire d'Etat née des accusations du procureur contre elle, et de sa mort brutale. Elle a annoncé la dissolution des services de renseignements et la création d'une nouvelle Agence fédérale de renseignements, avec un directeur et un sous-directeur nommés par le pouvoir exécutif et ratifiés par le Sénat. Cette réforme, qui sera traitée lors de sessions extraordinaires du Congrès en février, était réclamée par l'opposition. Mais, pour les Argentins, qui ont manifesté contre l'impunité sous le slogan « Je suis Nisman », la mesure arrive trop tard pour être prise au sérieux. Beaucoup la considèrent comme une manoeuvre de diversion à neuf mois des élections présidentielles, alors que l'attentat de 1994 contre la mutuelle israélite Amia qui a fait 85 morts reste sans coupable, tout comme la mort du procureur chargé de l'enquête.

« Cette mort ne peut rester impunie »

A Buenos Aires, le climat reste pesant. Certains habitants sortent dans la rue, la nuit tombée, pour frapper sur des casseroles. « C'est un moment très délicat, il y a beaucoup d'angoisse et de peur parmi les Argentins. Cette mort ne peut rester impunie. Cela ne sert à rien à la présidente de donner sa théorie et de se présenter comme une victime », a critiqué Mauricio Macri, maire de Buenos Aires et candidat de droite à la présidentielle.

Pour l'heure, la piste du suicide reste la plus sérieuse, un proche collaborateur du procureur lui ayant fourni le calibre 22. Quant au fond des accusations du procureur Nisman contre la présidente, il n'existe pour l'heure pas de preuves tangibles qui la mettent en cause. Dans les écoutes téléphoniques, celle-ci est juste évoquée par son ancien secrétaire d'Etat au Logement, Luis D'Elia, qui menait alors une diplomatie parallèle avec Téhéran. Ce scandale survient alors que l'économie argentine est en crise, avec un déficit en devises et une inflation d'environ 40 %.

Olivier Ubertalli, Les Echos
Correspondant à Buenos Aires

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