Rallye Dakar 2015 : la RDC présente avec la moto de Frank …

Que les choses soient claires : dans les décennies à venir, un grand travail de mémoire va certainement nous permettre de réécrire, au moins en partie, l’Histoire de notre continent. Et ce travail, qui aurait été mené depuis longtemps, s’il n’avait été entravé plus ou moins volontairement par les anciennes puissances coloniales, dira enfin la vérité sur ce qui s’est passé dans les cinq derniers siècles. Avec, sans doute, cette conclusion terrible que les difficultés présentes des pays émergents en Afrique découlent directement de la mise en coupe réglée dont leurs peuples furent victimes.

Mais attention, si l’on veut que cet indispensable travail se fasse de façon objective, il doit être mené par les descendants actuels des générations qui furent sacrifiées, chez nous comme ailleurs, sur l’autel du pouvoir et du profit. Pour dire les choses clairement, c'est à nous Africains et à personne d'autre, qu'il incombe aujourd'hui d’écrire la véritable histoire de la traite négrière, du servage qui en découla, de la colonisation et de la décolonisation, du rôle que jouèrent à deux reprises nos peuples dans la lutte pour la libération de l’Europe etc.

Entendons-nous bien cependant afin d’éviter toute ambiguïté : le problème que nous soulevons ici n’est pas celui de la repentance mais celui de la mémoire, c’est-à-dire de la réécriture minutieuse de l’Histoire qui permettra enfin de connaître la vérité. Laisser faire ce travail par les héritiers de ceux qui mirent l’Afrique en coupe réglée n’aurait aucun sens et ne ferait que creuser encore un peu plus le fossé qui nous sépare alors même que les barrières divisant les peuples tendent à s’effacer. Mais les amener à prendre conscience de ce qu’ils nous doivent est essentiel, ne serait-ce que pour leur ouvrir enfin les yeux sur le passé.

Quand le Congo, notre pays, décide de rechercher ce qui s’est réellement passé à Loango pendant des siècles et d’élever dans ce but un mémorial à la mesure de la tragédie qui décima cette partie du monde, il est indiscutablement sur la bonne voie. Mais il ne doit pas céder à la tentation facile de faire réécrir, par d’autres, cette page de son Histoire. Tout comme il entreprit de le faire en élevant au cœur de Brazzaville le Mémorial où repose Pierre Savorgnan de Brazza, il doit confier aux Congolais et à leurs frères africains le soin de mener à bien ce travail. Toute autre façon de procéder constituerait une grave et terrible erreur.

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