C'est un peu un conte de Hanouca dont l'épilogue s'est déroulé le 23 décembre
dans les salons de la présidente argentine Cristina Fernandez Kirchner, à
Buenos-Aires. Pour la première fois dans l'histoire du pays, le chef de l'Etat
à accordé le titre de « filleul » à un citoyen juif, Yaïr Tawil,
septième garçon d'une honorable famille dont le père est le responsable du Beth
Loubavitch à Rosaria, une ville du centre du pays.
A l'origine de cette coutume presque séculaire, une loi votée en 1920 pour
stopper les effets néfaste d'une vieille croyance fortement ancrée dans les
campagnes argentines. Selon une légende locale, le septième garçon d'une
fratrie ne comptant pas de filles se transformait au cours de sa vie en
…loup-garou. Sa morsure changeait aussi toute personne saine en bête maléfique.
Cette croyance était suffisamment forte pour avoir naguère suscité des abandons
d'enfants et même des homicides de bébés masculins dont la seule tare était
d'être nés septième dans une famille sans fille.
Dans les années 1920 le
parlement argentin avait donc voté une loi visant à dissuader les parents
superstitieux d'en arriver à de telles extrémités et à les encourager au
contraire à se réjouir de l'arrivée de leur nouvel enfant: tout septième garçon
qui en faisait la demande se voyait placé sous la « protection » de
la présidence du pays, recevait une médaille en or et bénéficiait du paiement
de ses études jusqu'à l'âge de 21 ans.
Allumage des bougies de Hanouka en compagnie de la présidente argentine
Oui mais voilà, seuls les garçons
catholiques étaient concernés la mesure. En 2009, la loi désuète
avait été quelque peu dépoussiérée et étendue à tous les septièmes enfants,
sans distinction de race, de religion ou même de sexe. Les septièmes filles
arrivant dans des fratries sans garçon étant aussi admises à faire valoir leurs
droits.
En 1993, lors de sa naissance,
les parents de Yaïr avait déjà postulé mais s'étaient vus opposer un refus poli
en vertu des obligations légales pour accorder à leur enfant le titre espéré.
Réalisant que la loi avait changée, Shlomo et Nehama Tawill ont tenté à nouveau
leur chance. Leur demande a enfin été acceptée après réexamen du dossier. La
semaine dernière, toute la famille a été reçue par Cristina Fernandez Kirchner
qui a allumé en leur compagnie les bougies de Hanouca. « Un moment magique »
a confié la présidente argentine sur son compte Twitter qui compte plus de
trois millions de followers.