Argentine : libéralisation économique en vue avec Mauricio Macri

Après 12 ans de politiques de gauche menées par Nestor et Cristina Kirchner, l'Argentine a basculé à droite le 22 novembre en élisant à sa tête le libéral Mauricio Macri. Le nouveau président aura pour défi de redresser la 3e économie d'Amérique latine, au ralenti.

Mauricio Macri va devoir réformer la 3e économie d'Amérique latine pour la sortir de la stagnation mais également construire une majorité pour gouverner. ( AFP/Archives / JUAN MABROMATA )

Mauricio Macri deviendra officiellement président de l'Argentine ce jeudi 10 décembre. Élu à la surprise générale à la tête de la coalition Cambiemos (Changeons) rassemblant du centre gauche à la droite, l'ancien président du club de football de Boca Juniors, 56 ans, a déjoué les pronostics qui promettaient la victoire au candidat du pouvoir en place, le péroniste Daniel Scioli. Cristina Kirchner ne pouvait pas se représenter.

Après les politiques protectionnistes imposées par les Kirchner à la suite de la crise économique de 2001/2002, Mauricio Macri, un politicien de centre droit, a promis de libéraliser l'économie : laisser le peso flotter et se dévaluer, retirer progressivement les restrictions sur l'accès aux devises, lever les limitations aux importations et réduire la fiscalité sur les exportations agricoles.

"Le défi est de remettre l'économie en marche, il ne reste plus de réserves. Le contrôle des changes n'a pas de sens, il a détruit l'économie des provinces, et une grande partie de l'industrie", estime celui qui sera le ministre du Budget et des Finances, Alfonso Prat-Gay. D'urgence, le gouvernement argentin devra afficher sérieux et sécurité pour attirer des investissements étrangers, afin de renflouer les réserves monétaires de devises passées sous la barre des 30 milliards de dollars.

Résultats de l'élection à la présidence de la république argentine.

Alfonso Prat-Gay a assuré que dès cette semaine, des émissaires argentins se rendraient à New York pour reprendre le dialogue et trouver une issue négociée au conflit opposant depuis 10 ans Buenos Aires et des fonds "vautours", ayant systématiquement refusé toute restructuration de dette, acceptée par 93% des créanciers.

Pour la banque Natixis, "Mauricio Macri va opter pour une approche conciliatrice" afin de résoudre le différend, obstacle empêchant l'Argentine de lever des fonds sur les marchés de capitaux. Dans un pays où l'inflation est de 20 à 30% depuis 8 ans, Natixis prévoit "une hausse des prix provoquée par l'affaiblissement du peso argentin, une inflation qui devrait décliner ensuite".

La composition du gouvernement annoncée la semaine dernière reflète la personnalité du président. Cet ancien chef d'entreprise a nommé aux postes clés des fidèles et de nombreux ministres sont issus d'entreprises privées comme IBM, Shell, Monsanto, General Motors, Deutsche Bank. Il comprend aussi le rabbin Sergio Bergman, ministre de l'Environnement. Seulement quatre femmes intègrent le gouvernement, dont la ministre des Affaires étrangères qui était jusque-là chef de cabinet du secrétaire général des Nations unies.

Sur le plan diplomatique, l'Argentine est déterminée à rompre avec l'axe bolivarien (Cuba, Venezuela, Equateur, Bolivie) et parie sur un renouveau de ses relations avec les États-Unis et l'Espagne qui se sont considérablement dégradées durant l'ère Kirchner. Mauricio Macri a déjà rompu avec la politique conciliante de Buenos Aires vis-à-vis du Venezuela en menaçant d'activer une "clause démocratique" du Mercosur pouvant conduire à l'exclusion de Caracas, pour protester contre les arrestations d'opposants. Il est depuis revenu dessus. Il a réservé au Brésil, premier partenaire commercial de l'Argentine, sa première visite à l'étranger, vendredi.

La marge de manœuvre du nouveau président argentin sera limitée, car il a été élu lors de l'élection la plus serrée de l'histoire argentine et il ne pourra pas s'appuyer sur une majorité au Congrès. Sans majorité parlementaire, il va devoir composer avec la coalition gouvernementale sortante disposant d'une majorité relative à la chambre des députés, et d'une majorité absolue au Sénat, en attendant d'espérer se renforcer lors des élections législatives de mi-mandat en 2017.

Réagir 0

Leave a Reply