Argentine : L’Etat reprend en main la sécurité autour du football

Handout picture released by Cambiemos (Let's Change) party's press office showing Buenos Aires Mayor and presidential candidate for Cambiemos Mauricio Macri (L) and his wife Juliana Awada (R) during Argentina's first division football match between Boca Juniors and Tigre at the La Bombonera stadium in Buenos Aires, on November 1, 2015. AFP PHOTO / PRENSA CAMBIEMOS / HO --- RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT AFP PHOTO / PRENSA CAMBIEMOS  - NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS - GETTY OUT

Mauricio Macri, actuel président de la République et ancien président de Boca Juniors. (DR)

C’est le président de San Lorenzo, Matías Lammens, qui a annoncé la nouvelle après la réunion qui se tenait cette nuit à Buenos Aires entre le président de la République argentine Mauricio Macri (ex-président de Boca Juniors), le président de Boca Juniors Daniel Angelici, et donc lui-même. Après ce nouveau drame le week-end dernier lors du clásico de Tucumán qui a été suspendu après qu’un supporter a trouvé la mort, la réplique du gouvernement ne s’est pas faite attendre. Le gouvernement argentin a affirmé qu’il prendra bel et bien en charge les coûts liés à la sécurité autour du football argentin dans un futur très proche.

De la situation économique et financière du football argentin en passant par le programme Futbol Para Todos jusqu’aux élections à la présidence de l’AFA (fédération argentine), tous les thèmes ont été abordés lors de la réunion entre le président de la République et les deux présidents de clubs. Mais lors de ce sommet dans le bureau présidentiel de la Casa Rosada (le palais présidentiel argentin), le sujet au cœur de toutes les préoccupations pour les clubs et le gouvernement du nouveau président de droite était bel et bien la sécurité dans et autour des stades argentins. « Nous avons trouvé un accord de base pour que l’État prenne en charge le paiement de toutes les opérations de sécurité dans toutes les catégories du football argentin », a confié Matías Lammens à la presse après cette réunion.

« L’objectif consiste en ce que l’État se charge entièrement des opérations de sécurité. Nous allons en ce sens, mais le temps que le processus se mette en place, nous ne pourrons l’effectuer qu’à partir du prochain championnat (en août prochain, ndlr). Nous ne ferons pas d’autres annonces pour le moment », a indiqué une porte-parole du gouvernement avant de poursuivre : « Cela coûtera bien moins cher que ce que payaient les clubs auparavant »Les six prochains mois, les clubs continueront de payer pour assurer la sécurité dans et aux alentours de leur stade. Mais dans ce laps de temps, l’État va se préparer à assumer cette responsabilité lors du prochain championnat. Pour les clubs, c’est une nouvelle de première importance : les dirigeants du football argentin ont en effet l’habitude de dire qu’une rencontre à domicile est si coûteuse qu’elles génèrent souvent des pertes.

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Effectifs policiers sur le terrain lors de la rencontre Argentinos Juniors-Estudiantes de la Plata. ( Bastien Poupat / La Grinta)

Bilan chiffré et listes noires

Alors combien coûte une opération de sécurité ? Il n’y a pas de chiffre précis à ce sujet, mais le minimum estimé pour un match est de 250.000 pesos argentins (17.000 euros). Et ce chiffre peut augmenter sensiblement selon les rencontres. Pour exemple, lors de la dernière journée où ont été organisés tous les clasicos lors du même week-end, le coût total s’élevait à quatre millions de pesos argentins (270.000 euros) pour des effectifs estimés à près de 8.000 policiers. Il est difficile de calculer le montant global de la nouvelle dépense que le gouvernement va assumer car il ne sera évidemment pas le même sur une rencontre de coupe entre deux clubs moyens que pour un Boca Juniors – River Plate.

Le gouvernement couvrira les frais de sécurité pour cinq divisions et la coupe d’Argentine. En revanche, il ne s’est pas prononcé sur les rencontres internationales (Copa Libertadores et Copa Sudamericana). Mais cela n’a pas été l’unique bonne nouvelle pour les clubs argentins. Les dirigeants ont aussi assuré qu’ils n’auront plus à rendre de comptes sur leurs propres supporters jugés violents en fournissant des listes noires au gouvernement, et donc gérer eux-mêmes le droit d’admission au stade, ce qui provoquait de vives tensions entre les barras bravas et les clubs, comme du côté d’Independiente. Désormais, ces « listes noires » seront tenues par le gouvernement. Dans un autre registre, les clubs ont l’habitude de payer des amendes pour les incartades de leurs entraîneurs pour éviter une suspension. Il a été demandé que ceux-ci purgent désormais leur peine, comme les joueurs. 

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La popular de San Lorenzo où prend place la barra-brava locale, La Butteler, lors d’une rencontre face à River Plate. (Bastien Poupat/La Grinta)

La guerre aux barras bravas déclarée

Cette nouvelle intervient un mois après que la ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, a chargé Guillermo Madero de traiter le problème de la violence lors d’événements sportifs. Elle assure qu’aucun accord ne sera négocié avec les barras bravas pour éviter des incidents dans les stades de football. « En premier lieu, nous avons nommé Guillermo Madero pour qu’il soit celui qui mette fin à la violence dans notre football. Notre message est clair, les barras, ça suffit, et nous travaillerons de toutes nos forces pour qu’il n’y ait plus de barras bravas dans les stades », avait lancé la ministre sur la radio Continental. « Nous pourrons bien sûr discuter et négocier avec les supporters qui vont au stade pour encourager leur équipe, mais avec ceux qui trempent dans des affaires troubles, il n’y aura pas de négociation possible », a assuré la ministre. En ce qui concerne le retour des supporters visiteurs, Bullrich a refusé de s’engager sur une date, affirmant qu’ils reviendraient « quand le gouvernement aura réuni toutes les conditions de sécurité ».

« Notre objectif est de stopper la violence et que tous les Argentins retournent en famille au stade. Nous pensons à des mécanismes très forts pour qu’en Argentine, la violence cesse lors des matchs de football », a déclaré Guillermo Madero. Ce diplômé en sciences politiques a travaillé pendant quelques années aux côtés de Guillermo Montenegro, qui fut pendant huit ans le ministre de la Justice et de la Sécurité du gouvernement de la ville de Buenos Aires dont le maire était un certain Mauricio Macri.

Le football argentin, par l’intermédiaire de ses dirigeants, réclame ces mesures depuis des décennies, en façade pour certains, réellement pour d’autres, mais aucun gouvernement ne lui avait donné satisfaction. L’AFA peut déjà savourer une nouvelle victoire, pour le meilleur… et pour le pire ?

À venir dans les prochaines semaines, pour s’intéresser de plus près et comprendre le mouvement du supportérisme en Argentine, un magazine consacré aux barras bravas sera proposé par La Grinta.

Par Bastien Poupat à Buenos Aires en Argentine

Twitter@BastienPoupat

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