Sébastien Loeb : "Faire du circuit, c’est mon objectif numéro 1"

Sébastien Loeb, le 1er mai à Villa Carlos Paz.

A l'applaudimètre, malgré sa retraité progressive, dans les senteurs et la fumée de l'asado, le barbecue argentin, Sébastien Loeb reste le chouchou du public, et ce d'autant plus dans un pays où la ferveur des sports automobiles atteint des sommets. Au parc d'assistance de Villa Carlos Paz, station balnéaire située sur les rives du lac San Roque à 30 minutes de Cordoba, deuxième ville d'Argentine, Sébastien Loeb possède ses repères. Le nonuple champion du monde des pilotes de la WRC s'est imposé lors des sept dernières éditions de l'épreuve.

Troisième manche des quatre qu'il disputera cette saison – victoire à Monte-Carlo, deuxième place en Suède – le rallye argentin a commencé sous les meilleurs auspices pour le Français puisqu'il a pris mercredi la deuxième place des qualifications et la troisième place de la super spéciale d'ouverture (derrière Sébastien Ogier et Dani Sordo). Avant la sortie définitive sur ses terres alsaciennes en octobre et à la veille d'une bataille passionnante avec son ancien équipier et compatriote Sébastien Ogier (Volkswagen), leader du championnat, le pilote Citroën s'est confié au Monde sur ses projets, son équipe et la saison 2013.

Votre ancien équipier, Sébastien Ogier, occupe la tête du classement des pilotes avec 102 points. Mikko Hirvonen, plus solide chance de Citroën depuis votre retrait progressif, vous paraît-il en mesure de la concurrencer ?

Sébastien Ogier domine mais personne n'est à l'abri sur la durée. Le championnat est long et tout est encore possible. Il est certain qu'Ogier est le plus rapide en termes de performance pure. Inverser la tendance ne sera pas facile. Mais j'ai toujours été plus rapide que Mikko, et en 2009, à cause des crevaisons et sorties de route, je ne le bats que d'un point au championnat.

Vous aviez connu une cohabitation délicate avec Ogier chez Citroën avec en point d'orgue une saison 2011 agitée. Est-il votre successeur naturel ?

Il n'y a pas de successeur naturel. Celui qui me succédera devra s'imposer de lui-même. Il est cependant certain qu'Ogier est le mieux placé. Il se trouve sur la meilleure voie pour être le prochain champion du monde.

Dénué de toute pression, avez-vous un rôle particulier à jouer auprès de vos équipiers ?

Une fois que chacun est dans sa voiture, il est dur d'avoir des échanges. En revanche, bien entendu, si je peux aider au niveau du développement de la voiture, je le fais volontiers.

Sébastien Loeb au volant de sa Citroën, le 1er mai en Argentine.

L'arrivée de Volkswagen en WRC est spectaculaire. Peut-on comparer la Polo R et la Citroën DS 3 ?

La VW est la plus récente, la DS3 en est à sa troisième année. Mais cela ne veut pas dire grand-chose. En rallye, les voitures des trois grands constructeurs (Ford en fait partie) sont globalement proches. Les performances dépendent des terrains, des types de spéciales. C'est dur de dire si telle ou telle voiture est la plus rapide.

Le choix d'une retraite progressive était-il une volonté de Citroën ou partagiez-vous cette stratégie ?

Après quinze ans en rallye, il était temps de passer à autre chose, je ressentais de la lassitude. Cela fait plusieurs années que j'y pensais. Je me suis préparé en conséquence et j'ai de nouveaux projets. J'avais anticipé en créant mon team. Citroën m'a demandé si je voulais courir quatre rallyes. Ça m'allait bien de freiner, de ne pas couper brutalement.

On comprend votre attachement à Monte-Carlo, au rallye de France sur vos terres. La Suède était un challenge sportif sur les terres des pilotes nordiques. L'Argentine est-elle un choix stratégique pour la marque ?

Effectivement, l'Argentine constitue un gros marché pour Citroën. Je voulais également faire un rallye terre, et ce en début de saison, pour ne pas trop perdre le rythme. Déjà ici, c'est compliqué puisque je n'étais pas au Mexique et au Portugal. Le choix s'est donc imposé. Puis, c'est une course qui me réussit.

Oui, plutôt. Vous avez remporté les sept dernières éditions...

Ah bon, alors oui, cela me réussit (sourire). Je ne me souviens jamais de tout cela. En tout cas, le rallye argentin est marqué par une belle ambiance, la ferveur du public et de belles spéciales.

Est-il délicat de passer du rallye au circuit ? L'exemple inverse avec Kimi Raikkonen de la F1 au rallye n'avait pas été positif.

Ce sont des transitions compliquées mais avec des paramètres différents. En ce qui me concerne, deux choses sont à travailler : la bagarre au sein d'un peloton et l'importance plus grande des qualifications. C'est compliqué d'être immédiatement dans le coup. Je dois encore gratter en qualif'.

Vous participez cette saison au championnat de grand tourisme FIA GT. Les débuts sont compliqués avec une douzième et une treizième place...

A Nogaro, je fais 12e mais j'écope d'une pénalité en enlevant mon harnais de sécurité trop tôt. J'ai oublié que j'étais un des seuls à avoir une caméra embarquée... A Zolder, la galère a été complète pour mon team puisque nous avons été sanctionnés pour des irrégularités en qualifications alors que nous avions été efficaces. Je suis tout de même satisfait de mes performances personnelles. Il me reste encore du travail pour être au niveau des tout meilleurs, dont fait partie mon coéquipier. Nous n'avons pas trop eu de chance depuis le début mais j'espère que cela va tourner lors des quatre dernières manches, que l'on pourra se battre devant. C'est plus amusant. C'est un championnat sympa mais je ne suis pas là pour le gagner. Cette année me sert d'apprentissage et accroît mon expérience.

Le véritable challenge se situe en 2014 avec le championnat du monde de supertourisme (WTCC)... Où en êtes-vous des tractations avec Citroën ?

Cela serait une superbe continuité avec la marque. J'ai de bons espoirs que cela se fasse mais je ne décide pas. Cela me permettrait de poursuivre notre aventure commune. Rien n'est signé officiellement.

Garderez-vous votre rôle d'ambassadeur sportif si ce projet échoue ?

Non, je veux faire du circuit, c'est mon objectif numéro un. Et cela ne serait peut-être pas compatible. Mais je suis optimiste, rien ne dit que cela ne se fera pas.

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