River Plate, l’armée du ruban rouge

Puisque le Club Atlético Boca Juniors est déjà passé par là, impossible de ne pas parler des rivaux du Club Atlético River Plate. Et quels rivaux ! Club le plus titré d'Argentine avec ses 35 titres de champion, ses trois Copa Libertadores et sa Coupe intercontinentale, River Plate doit sans cesse construire de nouvelles vitrines pour ses nombreux trophées. En plus d'avoir un des palmarès les plus imposants d'Amérique, le club de Buenos Aires peut se vanter d'avoir toujours été fidèle à ses couleurs d'origine, le rouge et le blanc. Il faut dire que depuis plus d'un siècle, les maillots de River Plate sont tellement classes qu'on n'imagine pas la moindre raison de les changer.

Histoire d'un maillot

L'histoire du Club Atlético River Plate remonte au tout début du XXe siècle. Dans le quartier de La Boca, près du port de la capitale argentine, l'équipe de La Rosales, qui s'appelait auparavant Juventud Boquense, joue régulièrement sur un terrain public. À l'été 1900, une autre équipe, Santa Rosa, se met à fréquenter les mêmes terrains, le même quartier. Pendant une petite année, les deux équipes rivales s'affrontent à Buenos Aires, jusqu'à ce qu'elles décident de s'unir et de fusionner, le 25 mai 1901. Date symbolique s'il en est, puisqu'elle marque le 91e anniversaire de la révolution de mai (qui marqua la fin de la domination espagnole sur la capitale argentine et sa région).

Pour le club issu de cette fusion, on voulut trouver un nom à consonance anglaise. Le football étant importé directement du Royaume-Uni, quoi de plus normal que de rendre à Shakespeare ce qui lui appartenait ? Le président de Santa Rosa, Livio Ratto, veut appeler le nouveau club Club Atlético Forward. Son homologue de La Rosale propose lui le nom de Club Atlético River Plate. La capitale Buenos Aires se trouve à l'embouchure du Rio de la Plata (la «  rivière d'argent  » ). En anglicisant de manière approximative le nom de ce cours d'eau, on obtient River Plate. Toutefois, Pedro Martínez n'aurait jamais eu l'idée de ce nom s'il n'avait pas traîné sur le port de la capitale.

Des caisses, un ruban, des titres

C'est sur la digue numéro trois du port que le président de La Rosale voit pour la première fois le nom River Plate. Il est inscrit sur des caisses que transportent des ouvriers et ne le laisse pas indifférent. Le nom est donc adopté, et l'équipe peut commencer à jouer dès 1901. Avec ses maillots blancs unis, River Plate intègre en 1905 la troisième division. Dès la saison suivante, les joueurs sont promus en deuxième division, et deviennent même vice-champions de deuxième division en 1907. Il faut croire qu'à River Plate, le goût de la gagne est né assez tôt. En 1908, River Plate abandonne ses maillots unis pour des tuniques blanches et barrées d'une diagonale rouge.

Mais d'où vient cette idée saugrenue ? Lors d'une nuit de carnaval, cinq jeunes garçons aperçoivent derrière un char un joli et long ruban rouge. Ils décident alors d'en orner les maillots de leur équipe, River Plate. Devant la beauté du rendu, ils font part aux dirigeants de leur découverte et font accepter ces nouveaux maillots. Voilà pour le côté légendaire du rouge. Une explication plus terre à terre veut que ces deux couleurs étaient très populaires dans le quartier de La Boca, puisqu'elles faisaient référence au drapeau de Gênes, d'où venaient à l'époque de nombreux migrants. Une dernière explication veut que la bande rouge sur fond blanc représente le Rio de la Plata. Quoi qu’il en soit, River Plate n'abandonnera plus jamais son magnifique ruban rouge. Avec, le club va glaner son premier titre, la Copa de Competencia Jockey Club, en 1914. Bien que le football ne soit pas encore professionnel en Argentine, River Plate participe au championnat de première division. Championnat dont le club finit vice-champion en 1909, 1917 et 1918.

En 1919, l'histoire du football argentin est bouleversée. En cours de saison, plusieurs clubs, dont le Racing Club, champion en titre, et River Plate, quittent l'Argentine Football Association pour créer une Fédération parallèle, l’Asociación Amateurs de Football. En 1920, River Plate devient d'ailleurs champion de ce nouveau championnat dissident. Trois ans plus tard, en 1923, le club abandonne son quartier d'origine, La Boca. Il faut attendre 1931 pour que le football argentin devienne professionnel. À cette date, les joueurs de River Plate sont rapidement surnommés Los Millonarios en raison des sommes colossales que dépense le club pour s'attacher les services de très grands joueurs comme Carlos Peucelle et Bernabé Ferreyra. Dès lors, le club écrase la concurrence. Dans les années 1930, 1940 et 1950, les millionnaires remportent douze titres, rien que ça. Le 25 mai 1938, le club inaugure la plus grande enceinte du pays : le stade Monumental, qui porte plutôt bien son nom. Les maillots, eux, restent tous similaires, à quelques détails près.

Maillot mythique

Dans un palmarès aussi fourni que celui de River Plate, difficile de trouver une année plus importante qu'une autre. Pourtant, en 1986, les millionnaires écrivent bien une page inédite dans leur histoire. Cette année-là, les joueurs de Buenos Aires ne se contentent pas de remporter un énième titre de champions d'Argentine. Ils ajoutent à leur collection un titre en Copa Libertadores (après deux finales perdues en 1966 et 1976). Ils brillent donc à l'échelle nationale, continentale et même internationale. 1986 est aussi la date de la victoire de River Plate en Coupe intercontinentale. Dans le stade de Tokyo, les Argentins disposent du Steaua Bucarest sur la plus petite des marges. Seul buteur de la rencontre, Antonio Alzamendi devient le héros de tout un club. La même année, il est d'ailleurs élu footballeur sud-américain de l'année. Cette année-là, c'est Adidas qui avait produit les maillots de River Plate, d'où la présence de trois bandes rouges sur les manches.

Maillots extérieurs et autres maillots collectors

Comme c'est souvent le cas dans les clubs de football, River Plate a longtemps choisi d'inverser ses deux couleurs principales pour ses maillots extérieurs. On a donc souvent vu les millionnaires jouer avec des maillots rouges à bandes blanches, voire des maillots rayés rouge et blanc (en 1996, par exemple) ou encore des maillots art contemporain (en 1994). Dernièrement, le noir a fait son apparition sur les deuxièmes jeux de maillots. Pour le meilleur, comme en 2009, comme pour le moins beau, en 2007 et 2008.

Pour le traditionnel maillot du centenaire, Adidas a sorti une tunique des plus léchées. Le blason du club est entouré de deux couronnes de laurier et de la mention «  100 ans  » . Le col est bien dessiné, et les bandes rouges font ressortir le ruban principal. Après, pour le sponsor Quilmes, on aime ou on aime pas, mais on ne peut pas nier que ce serait mieux sans.

Ils se sont inspirés du maillot du Club Atlético River Plate

Pour trouver un maillot similaire à celui de Rive Plate, il faut aller en Espagne, du côté du Rayo Vallecano de Madrid. Les dirigeants du club espagnol admiraient le club argentin, qui, en 1950, décida d'envoyer deux jeux de maillots à Madrid. Depuis, les joueurs de Madrid n'ont toujours pas abandonné le fameux ruban rouge.

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    Par Gabriel Cnudde

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