La croissance argentine a reculé de 0,8% au premier trimestre 2014, et d’après l’Institut argentin de statistiques (INDEC), le pays pourrait entrer officiellement en récession, à l’issue du 2e trimestre, qui devrait confirmer le recul de l’activité. «Le ralentissement de l’activité économique se maintiendra au cours des prochains mois», prévoit un rapport de l’université privée Torcuato Di Tella.
Avant de s’essouffler fin 2013, l’économie argentine a connu une décennie de forte croissance (4,9% en 2013), poussée par le secteur automobile, la construction et les exportations agricoles, notamment le soja. La majorité des experts considèrent que la vigueur de l’économie entre 2003 et 2014 a été profondément affaiblie par des questions financières, un coût de la main-d’œuvre en hausse et le contrôle des changes.
La dévaluation de 18% du peso argentin en janvier, sous la pression des marchés, a handicapé l’industrie. Les prix se sont envolés, sans que les hausses salariales compensent l’inflation, selon les experts.
Outre l’inflation chronique qui dépassera probablement encore 25% en 2014, comme en 2013, l’économie argentine est fragilisée par la baisse de ses réserves monétaires en devises, même si l’hémorragie est contenue depuis plusieurs semaines.
«Le constat que nous pouvons faire, c’est que l’Argentine a limité la baisse des réserves, au détriment du niveau d’activité. Aujourd’hui, la Banque centrale finance le gouvernement, et ensuite assèche le marché pour maintenir le niveau des réserves. Cela provoque un impact négatif sur le secteur privé. Le crédit est paralysé», note l’économiste Dante Sica, de l’institut Abeceb.
L’industrie argentine tourne à son plus bas régime depuis dix ans, remarque Abeceb. Les difficultés de l’Argentine pourraient encore s’aggraver si les négociations avec les fonds «vautours» sur un résidu de dette n’aboutissent pas.
L’Argentine et 93% de ses créanciers se sont mis d’accord pour une restructuration de la dette impliquant le remboursement d’environ 30% des sommes dues, mais 7% des détenteurs de bons, surnommés fonds «vautours», ont refusé ce compromis.
Une poignée d’entre eux, NML Capital et Aurelius Capital, a intenté une action en justice aux États-Unis et obtenu gain de cause, le paiement de 1,3 milliard de dollars, soit 100% de la mise initiale. Buenos Aires s’estime sous la menace d’un nouveau défaut de paiement après celui de 2001 si les autres créanciers exigent le remboursement à 100%, comme NML Captital et Aurelius Capital.