La petite Mafalda a 50 ans. Cette année, le festival d’Angoulême va lui rendre hommage ainsi qu’à son créateur, l'argentin Quino. Le style graphique, le format, la bande d’enfant qui porte un regard amusé sur le monde des adultes : tout cela rappelle « Charlie Brown » apparu en 1950. Pourtant entre l’Amérique de Charlie Brown et l’Argentine de Mafalda, il y a tout un monde.
Les premiers strips dessinés par Quino sont publiés en janvier 1964. Deux ans plus tard en 1966, un coup d’état militaire porte au pouvoir le général Ongania. Jusqu’en 1973, c’est un régime bureaucratique et autoritaire qui se met en place à Buenos Aires. Moralisation de la société, censure, répression anti-communiste. C’est durant cette période que Quino dessine Mafalda et distille une critique de la société à travers ses gags. Chaque personnage symbolise un aspect de la société argentine : Mafalda se sent très concernée par les problèmes politiques et économiques qui frappent son pays. Elle critique le monde des adultes, et la gestion du monde par les adultes. Son copain Manolito veut reprendre l’épicerie familiale pour en faire une multinationale. C’est le capitaliste de la bande. La petite « liberté » porte dans son discours (ou plutôt celui de ses parents, qu’elle répète) les valeurs de l’extrême-gauche argentine, elle est l’incarnation des classes pauvres de son pays.
Aujourd’hui dans son pays d’origine, Mafalda est l’emblême de la résistance à la dictature : elle a échappé à la censure pendant les 10 années de sa publication (son éditeur Julián Delgado est mort sous la torture). La légende dit qu’il y a un album de Mafalda dans chaque famille argentine. Même si Quino n'a pas dessiné de nouvelles aventures depuis 1973, les réflexions éclairées de la petite fille ont traversé les frontières et continuent à rencontrer le succès. Connue dans le monde entier, elle a eu droit à une adaptation en dessin-animé. L’intégrale est rééditée chez Glénat pour les 50 ans.
A voir, à lire…
Exposition Mafalda / Quino au 41ème Festival International de la Bande-Dessinée d’Angoulême, du 30/01 au 02/02.
Intégrale Mafalda 50 ans – 576 pages, Editions Glenat – 28,50€