Le papa de Mafalda sacré au salon du livre jeunesse

Il tire la langue, jette un regard coquin à la ministre de la Culture Aurélie Filippetti avant de tendre une pièce de 20 centimes d’euros à Stéphane Troussel, le du département « le plus pauvre de France ». Sacré, hier après-midi, chevalier des Arts et des Lettres au salon du livre jeunesse du 93, Quino, de son vrai nom Joaquin Tejon est resté à 80 ans fidèle à sa petite héroïne de bande dessinée, Mafalda : espiègle et farceur.


Aux côtés du scénariste et dessinateur argentin au salon de Montreuil, la ministre a loué un « humaniste », un « homme engagé ». Mais derrière ce drôle de bonhomme au crâne dégarni, la vraie star, c’est surtout cette petite fille brune et chevelue créée en 1964… et disparue seulement dix ans plus tard. Petite par la taille mais plutôt dévastatrice par son humour et sa popularité! Car aussi étonnant soit-il, Mafalda reste encore aujourd’hui très connue en Europe et en Amérique latine alors que le dernier tome de la bande dessinée politique paru remonte à 1973, date de la fin de la dictature militaire et de l’élection de Juan Peron en Argentine.

« Au bout de dix ans, j’en ai eu marre de tout critiquer, lâche Quino dans un français teinté d’un léger accent espagnol. J’étais fatigué de dire que ça allait mal. En même temps, ça a continué après », poursuit-il, non sans humour. « J’étais entouré par beaucoup d’enfants, notamment mes cinq neveux. En parlant avec eux, j’avais plein d’idées », explique le dessinateur qui vit aujourd’hui entre l’Italie et l’Argentine. A travers le personnage de Mafalda, c’est toute la société argentine de l’époque qui était dépeinte. Critique vis-à-vis du militarisme et de la mondialisation, l’héroïne refusait le monde tel qu’il existait tout en revendiquant son droit à rester une petite fille. A ses côtés, toute une galerie de personnages parmi lesquels Manolito, le garçon le plus capitaliste de toute l’Argentine. « Il disait : y’a pas que l’argent, y’a les chèques aussi! », a rappelé hier Aurélie Filippetti devant un public riant aux éclats. « Je suis très heureux de ce titre », a sobrement commenté Quino dans un bref discours avant de féliciter « l’ambiance » du salon du livre dans ce département qu’il « ne connaît pas très bien », avoue-t-il. « Mais ici, on se croirait à Bueno Aires! » a-t-il quand même lancé. Avant, sur une dernière pirouette, de complimenter les « très belles jeunes femmes » présentes et d’offrir à la ministre l’intégrale de Mafalda.

 

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