La petite bourgeoisie pervertie a trahi (2 e partie)


Opinion

La petite bourgeoisie pervertie a trahi
(2e partie)

Robert Bibeau


Robert
Bibeau

Mercredi 1er janvier 2014

La semaine dernière
nous avons publié la première partie de
ce texte présentant le segment de classe
petit-bourgeois et ses activités
politiques.  Cette première partie
est accessible ici :
www.les7duquebec.com/7-au-front/la-petite-bourgeoisie-pervertie-et-trahie/
Cette semaine nous poursuivons l’analyse
en présentant l’exemple du comportement
politique de la petite bourgeoisie
emportée par la tourmente économique et
sociale en Argentine.

           
La petite bourgeoisie en Argentine
pendant la crise

           
La crise économique de 2001 en Argentine
(plus de 20% d’inflation par année),
offre un exemple patent du comportement
du segment de classe petit-bourgeois en
situation de crise économique, sociale
et politique catastrophique. Observons
ce segment de classe filouté, empreint
de fatuité et qui aspire au mode de vie
bourgeois en jouant constamment sur la
corde raide, repoussé qu’il est vers le
bas de l’échelle sociale par le
développement économique impérialiste
moderne de plus en plus chaotique.

           
Observons d’abord que la petite
bourgeoisie en ces temps de crise sévère
est en voie de paupérisation accélérée,
elle le sait mais elle croit qu’elle
peut s’en tirer si elle livre la classe
ouvrière pieds et poings liés aux
capitalistes monopolistes ses maîtres à
penser. Voici comment elle s’y prend
pour remplir sa part de marché.

            
En Argentine devant sa déchéance
évidente, la petite bourgeoisie est
descendue dans les rues chanter et
tambouriner sur des casseroles et elle a
exigé qu’on lui restitue ses «droits
acquis» (slogan typiquement
petit-bourgeois – les droits acquis pour
les ouvriers ça n’existe pas en société
capitaliste – chaque avantage conquis
par les ouvriers doit être
quotidiennement défendu par la
résistance de classe).  Le grand
capital n’assure aucun  «acquis» ni
aux ouvriers ni à ses sous-fifres
petits-bourgeois qui doivent le mérité à
chaque journée.

           
La grande bourgeoisie de l’Argentine
leur a alors proposé une série de
polichinelles politiques à travers une
suite d’élections «démocratiques».

Voter est l’activité politique préférée
des petits-bourgeois car c’est par les
urnes que la classe petite-bourgeoise
manifeste sa capacité de nuisance
politique faisant et défaisant les
gouvernements des différentes factions
capitalistes
qui se disputent la
mainmise sur l’appareil d’État (Que des
factions capitalistes – les partis de la
gauche petite-bourgeoise n’ayant
absolument aucune chance de décrocher la
palme électoral dont il ne saurait que
faire de toute manière). 

           
La petite bourgeoisie a donc
participé dévotement à chacune de ces
élections bidon attirant la classe
ouvrière dans son sillage vers le
marécage électoral péroniste.

            
Les sacrifices et la misère de la classe
ouvrière s’accroissant, la monnaie
nationale périclitant, la dette
souveraine étant rééchelonnée, les
épargnes des petits salariés s’étant
envolés en fumée, dévalués par
l’inflation, les entreprises d’État
privatisées, le FMI et la
Banque mondiale rassasiés,
l’économie de l’Argentine s’est
couci-couça temporairement rétablie,
permettant à ce tas de parias de
reprendre peu à peu leurs activités,
leurs studios dans la Cité, leurs
grosses cylindrée jusqu’à la prochaine
butée économique qui ne saurait tarder.
Vous les reverrez bientôt chahutés, les
casseroles «révolutionnaires» à la main
et chantonner désespérés dans les rues
de Buenos Aires enflammées.
             À un
moment donné pendant la crise la petite
bourgeoisie argentine a menacé de se
radicaliser et certains de ses partisans
ont été recrutés par les organisations
de la «gauche» piteuse et surannée ou
par la droite radicale et patentée. La
petite bourgeoisie est souvent tentée
d’effrayer, et même, de terroriser ses
maîtres grands bourgeois en les menaçant
de tout faire sauter (terrorisme FLQ,
Tupamaros et/ou djihadiste sont au menu
politique de la classe
petite-bourgeoise). Pire encore, la
petite bourgeoisie peut aller jusqu’à 
menacer d’ameuter et de soulever les
ouvriers insurgés comme en Égypte
(Moubarak dégage ! – Qu’un autre larbin
s’engage !), en Tunisie de Ben Ali, en
Libye de Kadhafi et en Syrie de Bachar
al-Assad, et de les diriger vers les
saccages et les crimes contre l’humanité
où ce sont les ouvriers qui sont
sacrifiés en tant que chair à canon des
soulèvements petits-bourgeois exaspérés.
            
Le petit bourgeois veut ainsi
démontrer que si on le pousse aux
dernières extrémités et qu’on le prive
de ses émoluments et de son niveau de
vie, qu’il croit méritée, alors il peut
s’énerver et se battre jusqu’au dernier
ouvrier à immoler sur la place du Pirée.
Salvador Allende leur a déjà montré la
voie vers ce cinéma. Il y a laissé la
peau ce pauvre Bobo. Nelson Mandela
quant à lui leur a démontré qu’il était
préférable de se réconcilier avec les
maîtres grands bourgeois afrikaners et
de les soutenir politiquement dans
l’exploitation de la classe ouvrière
grégaire.

            
La go-gauche –pseudo révolutionnaire–
raffole de la clientèle étudiante et
communautaire compassionnée et friande
de justice sociale. Le
communautaire c’est son affaire. La
go-gauche petite-bourgeoise réclame une
redistribution des richesses entre d’un
côté les très riches, de l’autre côté
les Bobos et les pauvres, accompagnée au
passage d’aumônes généreuses destinées
aux  lumpenprolétaires, ses
supporteurs indéfectibles (se souvenir
de la composition sociale du Parti
national-socialiste allemand). Les bobos
n’exigent nullement le renversement du
mode de production impérialiste moderne,
seulement d’effrayer le grand capital
jusqu’à ce qu’il lui restitue son boulot
d’affidé.

           
La petite bourgeoisie et la révolution
socialiste
 

            
La classe ouvrière doit se tenir aussi
loin que possible de l’influence
malsaine de la petite bourgeoisie
urbaine, fanatisée, agitée et instable
qui n’est pas son adversaire principal,
nous en convenons, mais n’en constitue
pas moins le troufion, le goupillon, la
plume et le clavier, le bras et la voix
pour propager les idées et le bras
séculier des grands patrons.

           
L’avant-garde de la classe
ouvrière consciente doit tenir en
respect ce segment de classe dévoyé et
l’empêcher d’infiltrer et de noyauter
les organisations révolutionnaires de la
classe ouvrière comme ce fut le cas en
France et au Canada au cours des années
1970–1980, aussi bien que dans la
plupart des pays impérialistes modernes
qui amorçaient alors leur déclin par un
éphémère regain de prospérité avant la
grande plongée.

            
On se souviendra qu’à cette époque, dans
la plupart des pays impérialistes,
aussitôt que la crise connut une
accalmie et l’économie une légère
bonhommie, tous ces orphelins de
Kautsky, Bernstein, Trotski,
Khrouchtchev, Tito, Gramsci et Mao
s’éclipsèrent dans la nature quérir un
bon emploi dans les ONG subventionnées,
les universités et les CEGEP, les
syndicats bureaucratisés, comme
conseillers politique de la grande
bourgeoise réconciliée, démontrant ainsi
une grande ferveur en faveur de l’État
bourgeois – l’État bienfaiteur et
providentiel
– temporairement
réhabilité, abandonnant la classe
ouvrière à ses usines, ses chantiers,
ses ateliers, ses mines de misère et à
ses emplois précaires.

            
Aussitôt bien installés dans leurs
nouveaux bureaux, à leur nouveau métier
et au volant de leur grosse cylindrée,
les petits-bourgeois, pour récompenser
leurs sponsors firent courir le bruit
que la classe ouvrière avait disparue en
même temps que leur agitation militante
et solidaire. Toutes ces marchandises,
ces bateaux, ces paquebots, ces
édifices, ces avions, ces autos, cette
machinerie sophistiquée, ces produits de
qualité, ces vêtements et ces aliments
tout cela étaient produit par le capital
et des robots et le prolo s’étaient muté
en Bobo comme le petit-bourgeois,
heureux, content et repu. Dorénavant ce
n’était pas l’exploitation des ouvriers
qui allaient le tarauder mais la
surexploitation de la Terre-mère
nourricière. Oubliant pauvre Bobo que ce
sont les travailleurs qui manœuvrent ces
machines de destruction, qui
construisent ces pipelines, ces super
tankers, ces avions jumbos pollueurs,
ces chantiers, ces usines et ces
centrales nucléaires nécessaires et que
si l’ouvrier cessait de travailler,
cessait de vendre sa force de travail
pour valoriser le capital et produire
des profits, c’est son avenir à lui le
petit-Bobo parasitaire qui serait
compromis. Il est impossible de
concilier le développement économique
capitaliste et le développement
écoresponsable. Le capitalisme doit
d’abord être abolit puis le mode de
production repensé et reconstruit pour
concilier les nécessités de l’économie
nouvelle et ceux de l’écologie.

            
Et voici nos régiments de Bobos
éco-socialistes mobilisés pour dénoncer
les ouvriers (qui soi-disant n’existent
plus) et les pousser dans le camp de la
grande bourgeoisie ; la classe ouvrière
étant bien forcée de travailler pour ne
pas s’anémier et le grand capital étant
bien forcé de faire tourner le capital
afin de le valoriser et le faire se
multiplier et se reproduire sans
discontinuer. La classe ouvrière, elle,
sait que ce n’est pas d’entraver la
construction d’un pipeline, ou d’un
chantier pétrolier hauturier qui fera
stopper la dépravation de
l’environnement mais de renverser
totalement ce mode de production
impérialiste décadent.

            
Aujourd’hui, que la crise a repris,
ces go-gauchistes réclament
l’intervention de l’État capitaliste
des riches dès qu’un segment ou un autre
des salariés se bat pour l’équité et la
justice ou qu’il s’oppose physiquement à
la police. En 2012 ce sont les
étudiants, fils et les filles d’ouvriers
qui ont affrontés les flics, aussitôt
les petits-bourgeois ont réclamé une
commission d’enquête étatique pour
désarmer la résistance des enfants des
salariés. Aujourd’hui, les bobos
réclament une législation de l’État
policier pour congédier les femmes
voilés, et pour discriminer les salariés
sur la base de leurs croyances
–religieuses pour le moment, politiques
dans quelques temps–. Les bobos
appellent l’intervention de l’État pour
attaquer les régimes de retraite des
salariés trop «gâtés» selon leurs
maîtres en pensée les grands banquiers.

            
La petite bourgeoisie est un segment
de classe qui parasite l’État
capitaliste et lui voue un culte
imprescriptible
. Quel que soit le
problème social comptez sur le Bobo
(bourgeois-bohèmes) pour imaginer une
pétition, une protestation, une marche
aux lampions, implorant l’État bourgeois
de venir apaiser sa compassion de Bobo
éploré, parfois même endeuillé. Plutôt
que de se révolter, le Bobo humaniste et
idéaliste propose de  pleurer sur
les malheurs de l’humanité et
d’organiser la charité afin de se
défausser. 

            
Imaginez, au beau milieu de cette crise
économique terrible où les salariés sont
saqués, matraqués, paupérisés, où les
cafés pour mendiants sont achalandés, où
les friperies sont dévalisés, où les
comptoirs alimentaires ne suffisent plus
à la demande, une assemblée de ces Bobos
surfaits, issus de la go-gauche
universitaire, s’expliquant mutuellement
que le problème de la société de
consommation est la surconsommation –
les pauvres consomment trop et devraient
être mis à la diète forcée par l’État
policier pensent les Bobos effrontés. 
C’était justement l’intention de
l’État policier qui ne demandait qu’une
pression 
bien articulée.

            
La présente «reprise» de la crise
économique systémique (qui en réalité
n’a jamais cessé) amène des fragments de
la petite bourgeoisie paupérisée à se
réactiver – proposant aujourd’hui de
recréer une variété de «Parti Communiste
Révolutionnaire», de Nouveaux Cahiers du
«Socialisme» populiste et néo-fasciste,
de nouvelles organisations
révisionnistes et divers succédanés de
partis «communistes» virtuellement
citoyen communautaire et réellement
pseudo solidaire, et tutti quanti, tous
plus radicaux les uns que les autres (en
parole et sur papier exclusivement) – à
la mesure de la déception de ces petits
bourgeois frustrés, jetés sur le pavé
malgré tous les services rendus à leurs
maîtres déglingués.

           
Les fondements économiques du désespoir
petit-bourgeois

            
Nous l’avons mentionné précédemment,
le développement chaotique, inégal et
combiné du mode de production
capitaliste anarchique et la division
internationale du travail impérialiste


moderne
ont entraîné
l’hyper-croissance des secteurs
tertiaires d’activité (vente, commerce,
marketing, distribution, service,
communication, finance, banque, bourse,
assurance, éducation, formation,
culture, sport, loisir, restauration,
hôtellerie, voyage, bureaucratie
syndicale, etc.), d’où l’expansion et
l’extension importante des emplois pour
petits bourgeois accrédités et petits
cadres salariés jetables. Cette section
de classe prolixe, subjective,
idéaliste, narcissique et mystique,
aspire à vivre la vie des millionnaires,
et à singer, même chichement, même
caricaturalement, la vie des gens riches
et célèbres qui lui sont inaccessibles
sinon à travers la télévision et les
spectacles « bling-bling » dont la télé
s’évertue à les abreuver.

            
Cette multitude de petits
bourgeois-bohèmes (Bobos) que Lénine
qualifiait de philistins trouve intérêt
à augmenter les ponctions que l’État
effectue sur les revenus des salariés
afin de maintenir leurs emplois, et cela
même quand eux-mêmes subissent de plein
fouet ces hausses de taxes, d’impôts, de
tarifs car ils se trouvent eux-mêmes
au-dessus de la pile salariale
. Un
beau jour, malgré ces taxes et ces
impôts exorbitants, la
désindustrialisation et la
délocalisation industrielle vers les
pays émergents combinée à  l’énorme
dette souveraine entraînera le
gouvernement des riches vers la débâcle
économique. Plutôt que de se révolter et
de s’enrôler dans l’armée prolétarienne
du


Parti Révolutionnaire Ouvrier

pour renverser le pouvoir des
oligarques, le petit-bourgeois en
appellera à la solidarité de l’ouvrier
pour qu’il partage sa pauvreté et qu’il
signe des pétitions, participe aux
défilés des casseroles et chante dans
les rues des cités en pleurant sa
déchéance «socialisée». 

           
Encore récemment un cacique, fétiche de
ces plumitifs, expliquait à ses
comparses que l’État pouvait encore
emprunter et que le taux d’endettement
souverain était affaire de manière de
calculer de la part du souverain. Ce
parangon keynésien, entiché de J.K.
Galbraith, l’économiste des réformistes,
ne faisait que proposer de retarder
l’échéancier des dettes publiques à
rembourser aux banquiers occupés à
compter leurs bénéfices anticipés dans
l’antichambre de l’Assemblée nationale
de la « patrie » en danger. Tous
les Bobos collatéraux se sont écrié « Oh
miracle ! » leur père bienfaiteur,
ex-premier ministre venait de faussement
rassurer tous ces paumés désemparés
(1). 

            
Le Parti Ouvrier ne doit
jamais s’assujettir ou se laisser
travestir et pervertir par ce segment de
classe qui, quoi qu’il arrive, cherchera
toujours à opter pour le compromis de
classe et la réforme du système car le
petit-bourgeois croit toujours avoir le
choix de sa souffrance même s’il ne l’a
pas.

            
C’est pour avoir oublié, nié ou renié
ces vérités que les différents partis
politiques communistes, ancienne manière
(khrouchtchévien) ou nouvelle
contrefaçon (maoïste) se sont coupés de
leur base sociale et ont périclité –
noyés sous le
trotskysme-intellectualiste, la
social-démocratie électoraliste, le
titisme autogestionnaire,
l’eurocommunisme psychédélique, le
réformisme altermondialiste,
l’éco-socialisme populiste et
l’anarchisme libertaire. Et c’est la
raison pour laquelle il faut aujourd’hui
construire de nouvelles organisations
révolutionnaires de la base ouvrière
jusqu’au sommet prolétaire.

            
Le petit bourgeois repenti qui voudrait
aujourd’hui se liguer en faveur de 
l’ouvrier devrait être invité à faire
son autocritique sur son passé politique
opportuniste, surtout s’il a flirté
jadis avec ces apparatchiks, soi-disant
communistes, qui sont apparus au
printemps de la crise pour disparaître à
l’été de la reprise économique éphémère.
Alors peut-être que ce Bobo ayant trahi
ses intérêts de classe petit-bourgeois
aura l’humilité et le dévouement requis
pour servir le Parti Ouvriers
plutôt que son EGO démesuré.  

                 

(1)   
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/jacques-parizeau-de-la-rhetorique-au-sophisme/

 


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