Groupe F / Argentine : un tango à Rio

Suite de notre tour d'horizon des 32 équipes qualifiées pour le Mondial brésilien avec un focus aujourd'hui sur l'Argentine de Lionel Messi, l'un des favoris de la compétition.

Absente du dernier carré depuis le Mondial italien de 1990, perdu (0-1) en finale contre la sélection allemande réunifiée, l’Argentine demeure néanmoins l’un des habituels favoris de la Coupe du monde. Avec 2 titres acquis en 1978 et 1986, auxquels s’ajoutent deux finales en 1930 et 1990, L’Albiceleste présente en effet l’un des plus beaux CV de la compétition qu’elle s’apprête à jouer pour la seizième fois de son histoire. Comme à chaque édition, les Argentins se savent attendus et rien ne leur sera épargné dans un pays où le peuple, passionné de football, ne demande qu’à revivre le grand frisson du triomphe de 1986, chef d’œuvre d’un certain Diego Armando Maradona. Malgré une génération de joueurs exceptionnels, incarnée entre autres talents par Gabriel Batistuta, Diego Simeone, Javier Zanetti ou encore Juan Roman Riquelme, l’Argentine a traversé les deux dernières décennies sans le moindre coup d’éclat, connaissant même un véritable fiasco lors de la World Cup aux Etats-Unis en 1994, avec une élimination (2-3) sans gloire contre la Roumanie en huitième de finale. Une sortie prématurée qui venait conclure un parcours en deçà des attentes suscitées par une équipe de cette trempe, sonnée il est vrai par l’exclusion de Maradona, contrôlé positif à l’éphédrine.

Peu à son avantage ces dernières années, la sélection a cultivé, bien malgré elle, cette étiquette de « looser », en dépit d’un jeu flamboyant, inspiré du Toque colombien. Une philosophie rétablie par l’ancien sélectionneur José Pekerman au milieu des années 2000, dont la plus belle expression reste le but inscrit par Cambiasso, contre la Serbie-Monténégro en 2006, après une succession de 24 passes. Un formidable hymne à la possession qui reste encore aujourd’hui dans toutes les mémoires. Désormais dirigée par Alejandro Sabella, qui s’inscrit dans la lignée de Pekerman, l’équipe se prend de nouveau à rêver. Ce rêve d’une troisième étoile repose en partie sur les frêles épaules de Lionel Messi, qui doit désormais guider les siens vers le titre suprême tant espéré, pour enfin devenir l’égal de son illustre prédécesseur « El Pibe de Oro », dans le cœur des Argentins.

Suprématie continentale

En l’absence de son rival brésilien de toujours, qualifié d’office en tant que pays organisateur, l’Argentine se devait, prestige et suprématie oblige, de dominer les éliminatoires de la Zone Amérique du sud. Ce qu’elle a plutôt bien fait car, mis à part 2 défaites dont un surprenant revers contre le Venezuela (0-1) le 11 octobre 2011, l’équipe s’est adjugée la première place devant la Colombie, le Chili et l’Equateur, se qualifiant pour la Coupe du monde à deux journées du terme avec un total de 32 points (9 victoires, 5 nuls et 2 défaites).

"Don't cry for them Argentina"

Possédant l’un des effectifs les plus étoffés au monde, le sélectionneur Sabella n’est vraiment pas le plus à plaindre avec ses « problèmes de riches », lui qui s'est même permis le luxe de ne pas retenir Carlos Tévez. N’ayant pas toujours su trouver la formule adéquate, ce dernier affectionne tout de même le 4-2-3-1, qui offre des garanties notamment sur le plan offensif. Avec Gonzalo Higuain en pointe (9 buts durant les éliminatoires) et l’électron libre Lionel Messi en soutien sur toute la largeur du terrain, l’Argentine peut difficilement faire mieux en attaque. Si on ajoute à ces deux-là les ailiers Angel Di Maria et Sergio « Kun » Agüero, excusez du peu, on peut d’ores et déjà affirmer que la tâche s’annonce ardue pour les adversaires de l’Argentine. En retrait de cette constellation de stars, les deux chiens de garde Fernando Gago, dont la qualité technique sera précieuse pour la relance, et Javier Mascherano auront pour mission de sécuriser l’entrejeu et colmater les brèches. Au final, la seule incertitude concerne la défense. Si les couloirs sont plutôt bien pourvus avec Pablo Zabaleta à droite et Marcos Rojo à gauche, l’axe central qui devrait être composé d’Ezequiel Garay et Nicolas Otamendi suscite encore quelques interrogations.

Les huitièmes de finale, un moindre mal

Grands favoris du groupe F, les Argentins ne peuvent se permettre de rester à quai. Confrontée à la Bosnie-Herzégovine, à l’Iran et au Nigeria, l’équipe se sait attendue et n’aura pas le droit à l’erreur car une élimination au premier tour sera forcément considérée comme un échec. En cas de qualification, les hommes d’Alejandro Sabella pourraient croiser la route des Bleus de Didier Deschamps en huitième de finale.

Le joueur à suivre : le Messi rédempteur ?

L’Argentine attend un nouveau titre mondial depuis 28 ans. Ses deux précédentes victoires en Coupe du monde (1978 et 1986) portent à chaque fois la marque d’un joueur qui a su se sublimer pendant la compétition. Mario Kempes en 1978 et Diego Maradona en 1986. Quid de 2014 ? Est-ce que l’édition brésilienne sera celle de Lionel Messi ? Joueur adulé qui a tout gagné en club, il ne manque au génie de Barcelone que la consécration internationale pour définitivement intégrer le panthéon des monstres sacrés du football. Après une saison chaotique, marquée par les blessures et les contre-performances (41 buts tout de même), la « pulga » aura à cœur de se racheter pour enfin ramener le trophée au sud du Rio de la Plata. Souvent critiqué par le passé pour ses performances en sélection, le catalan d’adoption a prouvé pendant les éliminatoires (10 buts) qu’il était désormais le patron et qu’il pouvait endosser ce rôle du fameux chaînon manquant, permettant à l’Albiceleste d’aller au bout. Lionel Messi, le rédempteur de l’Argentine ?

Mathieu D'Hondt (@DHondtMathieu)

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