Granitto, la part argentine du rêve salvadorien



Tomas Granitto n’as pas choisi la solution de facilité. Il pourrait se vanter de venir d’un pays qui compte deux sacres en Coupe du Monde de la FIFA™  et quelques-uns des meilleurs joueurs de l’histoire, et avec un peu de chance, pourrait aujourd’hui avoir des collègues nommés Juan Martin Del Potro, David Nalbandian, ou Juan Monaco. Au lieu de cela, le jeune homme vient juste de célébrer la première victoire de l’histoire de sa nation dans une compétition FIFA sur gazon, et joue au football sur les terrains du championnat universitaire américain.

Car comme son nom, son visage, et sa manière de parler ne l’indiquent pas, Tomas n’est pas Argentin mais Salvadorien. Il vient de fêter la victoire de la Selecta face à l’Australie en Coupe du Monde U-20 de la FIFA 2013 comme son père et tous les Argentins ont célébré les victoires mondiales albicelestes en 1978 et 1986. C’est justement vers son père qu’il faut se tourner pour obtenir les détails de cette étonnante histoire. Ça tombe bien, il est dans les tribunes pour suivre les exploits de son fils en Turquie !

Professeur de tennis, Gustavo Granitto a longtemps été chargé du développement de la discipline en Amérique centrale pour la Fédération Internationale de Tennis. "J’étais chargé de ce projet, et on m’a envoyé au Salvador pour cinq mois. J’y suis resté cinq ans !", raconte à FIFA.com le géniteur du milieu de terrain. "C’est à cette époque-là qu’est né Tomas, Salvadorien dans une famille argentine." Vingt ans plus tard, Tomas est installé à Miami, n’a plus mis les pieds au Salvador depuis 15 ans, a été suivi par les équipes de jeunes des Etats-Unis, mais n’a pas hésité un seul instant lorsqu’il a été sollicité par la sélection centraméricaine.

Le ballon rond plutôt que la balle jaune
"Je suis fier de porter ce maillot, de chanter cet hymne et d’avoir rendu heureux tout le peuple salvadorien grâce à cette victoire historique", assure le nouveau Cuscatleco, qui a découvert ses partenaires il y a à peine deux mois, mais n’a pas tardé à se faire accepter. "Bien sûr, il y a tout le temps des blagues, ils m’appellent El Che, ils rient de ma manière de parler… Mais ils m’ont accueilli à bras ouverts. Pour moi, c’est un bonheur de partager un vestiaire avec eux", ajoute-t-il avec un accent argentin qu’il aurait du mal à masquer, même s’il le voulait.

Même celui de Granitto Senior est moins prononcé lorsqu’il évoque le choix de son fils, qu’il a parfaitement accepté. "Cela nous rend très fier de lui et nous le soutenons, car c’est une décision qu’il a prise seul, et qu’il assume profondément. Il se sent totalement intégré à cette sélection et à ce pays", précise Gustavo, qui sait déjà comment il réagira si le Salvador affronte un jour l’Albiceleste. "On se sentira un peu partagés, c’est sûr. Mais évidemment, notre cœur penchera toujours un peu plus pour notre fils."

C’est peut-être pour ça qu’un homme qui a donné toute sa vie au tennis ne s’est pas offusqué quand son rejeton a préféré le ballon rond à la balle jaune. "Il travaille et ne vit que pour le tennis. Mais depuis le premier jour où j’ai choisi de jouer au football, il n’a jamais cessé de m’encourager de de me soutenir", confie Tomas qui, selon son papa, a un très bon niveau raquette en main.

Une passion et un rêve
Mais à la maison, Gustavo est un père, pas un professeur. Mais si ses formateurs successifs - Blas Belmonte, Marcelo Neveleff et Pato Nayar - se sont chargés de faire du jeune homme un footballeur complet, l’éducation paternelle a joué un rôle. "Il connait le sport de haut niveau, la haute performance, et il m’aide beaucoup psychologiquement", confirme le joueur de Florida Gulf Coast University. "C’est le meilleur support possible : l’affection d’un père et la connaissance du haut niveau à la fois", résume-t-il. "Non, non, je ne suis pas son entraîneur !", coupe Gustavo, lorsqu’on évoque son rôle. "D’ailleurs, je ne m’y connais pas beaucoup en football -  enfin comme un Argentin peut ne pas s’y connaître… - mais je lui dis ce que je dis à tous joueurs : je les prépare pour qu’à la fin, ils fassent ce qu’ils aiment. Et mon fils, sa passion, c’est le football et son rêve est de jouer au plus haut niveau."

Et pour s’y préparer, Tomas ne manque pas de sources d’inspiration. "Manu Ginobili, Juan Martin Del Potro et Lionel Messi", cite-t-il comme modèles. "Tous ces champions sont au sommet dans leur sport, c’est une inspiration pour un jeune joueur qui rêve de devenir professionnel. J’apprends beaucoup de chacun d’eux." Del Potro a remporté l’US Open, Ginobili a glané trois bagues NBA et Messi a rempli son armoire à trophée en Espagne. Trois Argentins consacrés à l’étranger. Granitto, lui, l’est désormais au Salvador. Mais il y est chez lui…

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