Plus de 50 000 spectateurs soutiendront ce soir une équipe de France au fort accent marseillais
Je t'aime, moi non plus. La relation entre Marseille-la-rebelle et l'équipe de France n'a jamais suivi le cours d'un long fleuve tranquille. Mais c'est pourtant sur cette terre où le foot est plus qu'une passion que l'escouade tricolore a puisé sa force pour renverser le Portugal en 1984, ou poser les fondations de sa campagne victorieuse en 1998, contre l'Afrique du Sud.
Un stade sans nul autre égal sur le territoire pour être le douzième homme des Bleus. Ou son pire adversaire. La dernière venue à Marseille des Tricolores laisse en ce sens un drôle de sentiment. Ce glacial mercredi 11 février 2009, l'équipe de Raymond Domenech avait ainsi quitté la pelouse battue par l'Argentine (0-2) et surtout conspuée, sans l'avoir ainsi mérité. Les stigmates d'un Euro austro-suisse raté et l'impopularité de Raymond Domenech sont alors bien trop lourds à supporter pour une ville qui n'a d'yeux que pour la bande à Lionel Messi et... Diego Maradona, élevé au rang de Dieu du Vélodrome l'espace d'une soirée. "Beaucoup de supporters de l'OM s'étaient même glissés dans la tribune réservée aux Argentins, se souvient un cadre des South Winners. Je les vois mal en faire autant pour la Suède..."
Les temps ont changé. Le contexte, aussi. Et le stade, évidemment.
Ce soir, l'équipe de France évoluera dans une enceinte entièrement acquise à sa cause. L'ambiance aurait pu virer à l'électrique si Zlatan Ibrahimovic avait effectué le voyage depuis Pogdorica avec ses partenaires plutôt que de rentrer directement sur Paris, dimanche.
Mais le public marseillais n'aura pas droit à sa petite revanche du dernier PSG-OM, qui aurait véritablement pris corps si le géant suédois s'était dressé face à Gignac, Mandanda et Payet, partis pour être titulaires ce soir aux côtés de celui qui fut encore peu la coqueluche du stade, Mathieu Valbuena.
Symbole fort de l'OM, ce dernier avait subi les sifflets du Parc des Princes l'an dernier, contre l'Australie. Le risque que cela se produise dans l'autre sens est maigre aujourd'hui ; Matuidi forfait, Cabaye et Digne - seuls joueurs du PSG sur la feuille de match - devraient débuter la rencontre sur le banc de touche. Les risques de dérapages envolés, le soutien devrait être total pour une équipe de France au fort accent marseillais. De quoi faire monter la température de quelques degrés ce soir, au moment du coup d'envoi.
Deschamps, retour épié
Un tempo qui ne sera toutefois pas forcément donné par les virages, comme c'est le cas quand l'OM prend possession de l'arène. Les associations de supporters du club résident n'ont pas mis en place de billetterie, ni été sollicitées par la Fédération pour animer les lieux. "C'est comme s'il ne se passait rien, ou plutôt comme si la France jouait à Rennes, explique-t-on au sein de la frange ultra des supporters, où l'on garde la dent dure envers la FFF. Mais c'est bien qu'il y ait des Olympiens sur le terrain et tant mieux s'ils flambent". "Comme beaucoup de monde, j'ai été écoeuré par l'équipe de France après Knysna, détaille Christian Cataldo, président des Dodger's. Mais même si je ne peux pas me rendre au stade pour des raisons personnelles, je reste derrière la France et beaucoup de nos membres seront au stade pour supporter les Bleus, à titre individuel".
Si les noyaux des associations déserteront les travées, ça ne sera finalement que pour laisser place à d'autres supporters, venus d'ailleurs pour certains, ou pour l'occasion pour d'autres. Un public différent mais pas moins supporter pour autant, aussi prêt à vibrer aux éclairs de Pogba ou aux accélérations de Griezmann qu'aux inspirations de Payet et à la générosité de Gignac.
L'accueil réservé à Didier Deschamps sera aussi forcément épié. DD, capitaine emblématique de l'OM triomphant en 1993, entraîneur charismatique de la reconquête des sommets en 2010. Et sélectionneur ambitieux pour cette équipe de France qu'il a su réconcilier avec son public lors de la coupe du monde brésilienne. Une nouvelle preuve devrait être apportée ce soir...
Sébastien Aumage