Argentine: Kirchner blanchie des accusations d’entrave à la justice

La présidente argentine Cristina Kirchner a été blanchie des accusations d'entrave à la justice, dans l'affaire de l'attentat antisémite de Buenos Aires en 1994. Il aura sans doute fallu du courage au juge Daniel Rafecas pour rejeter les accusations contre Cristina Kirchner et classer l’affaire. L'accusation avait été portée le 14 janvier dernier par le procureur Nisman, mystérieusement mort quatre jours plus tard. Il soupçonnait le pouvoir argentin d'avoir couvert des dirigeants iraniens soupçonnés d'avoir commandité l'attentat contre la mutuelle juive qui avait fait 85 morts et plus de 200 blessés. 

Cette issue judiciaire ne surprend pas les juristes, mais change la donne politique, estime notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet.

Pour une partie importante de l’opinion argentine, la mort du procureur Alberto Nisman, quelques jours après avoir mis en cause la présidente Kirchner, valait confirmation de l’accusation. Or, de l’avis de nombreux juristes, celle-ci n’était pas fondée. C’est ce que confirme aujourd’hui le juge Rafecas, en un écrit très argumenté, où il explique que les supposées preuves avancées par Nisman sont contredites par la réalité des faits.

 

La décision du juge n’a pas d’incidence sur l’enquête en cours sur la mort de Nisman, l’hypothèse du suicide restant la plus probable. Mais elle change la donne politique en cette année électorale. L’opposition, qui avait utilisé l’affaire Nisman contre la présidente, est désormais en difficulté. Cristina Kirchner devrait en profiter ce 1er mars, à l’occasion de son discours sur l’état de la Nation au Parlement. Dans la rue, des dizaines de milliers d’Argentins seront là pour la soutenir, en une sorte de réponse à la manifestation en hommage à Nisman et contre la présidente du 18 février.

Réforme des services secrets

C’est au bout d’une véritable séance-marathon très mouvementée que les députés ont entériné la nouvelle loi sur les services de renseignements. Selon la présidente argentine, ces services sont en partie responsables de la mort du procureur Alberto Nisman il y a plus d’un mois – un drame qui avait provoqué une grande vague d’indignation dans le pays. Les services secrets sont également accusés d'avoir commis des activités frauduleuses, notamment dans les domaines de la drogue et de la prostitution. 

Le SI (secrétariat du renseignement) est donc dissout au profit d’une Agence fédérale du renseignement (AFI). C’est Oscar Parrilli, un proche conseiller de Cristina Kirchner, qui chapeautera la nouvelle structure. Le point le plus sensible, celui du contrôle des écoutes téléphoniques, sera supervisé par la procureure générale argentine Alejandra Gils Carbo, nommée par le pouvoir politique. Par ailleurs, la loi votée précise que les services de renseignement ne peuvent pas mener d'opérations policières. 

Cette réforme est vivement critiquée par l’opposition qui dénonce entre autres une manœuvre de diversion de la part du gouvernement qui chercherait à détourner l’attention de l’affaire Nisman. D’autres députés d’opposition accusent la présidente de se tailler des services secrets sur mesure.

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