Après la mort d’un procureur argentin, la présidence dissout le …

Le possible suicide du procureur Alberto Nisman, le 18 janvier, a ébranlé l'Argentine. Mise en cause par le magistrat dans le dossier de l'attentat antisémite de 1994, la présidente argentine Cristina Kirchner avait jusqu'alors limité ses réactions à des messages postés sur son compte Facebook.

La chef de l'Etat est intervenue à la télévision, lundi 26 janvier, pour annoncer la dissolution du SI, le principal service de renseignement du pays. Elle avait précédemment mis en cause plusieurs de ses membres dans la mort suspecte du magistrat Nisman.

Lire aussi : L'étrange suicide d'un procureur ébranle l'Argentine

Car, selon les premiers éléments de l'enquête, ce dernier s'est tiré une balle dans la tête avec un pistolet de calibre .22. Or l'absence de résidus de poudre sur ses mains a semé le doute, et fait croire à un assassinat. Mme Kirchner avait elle-même fait savoir qu'elle ne croyait pas à la thèse du suicide. Elle avait ainsi écrit sur sa page Facebook :

« Le suicide (j'en suis convaincue) n'a pas été un suicide. (...) Ils l'ont utilisé vivant, et ensuite ils avaient besoin de lui mort. C'est triste et terrible. »

FUITE D'UN JOURNALISTE

En outre, le premier journaliste à avoir fait état de la mort du procureur Nisman a quitté l'Argentine, où il craignait pour sa vie. « Je pars parce que ma vie est en danger. Mes téléphones sont écoutés », a déclaré, samedi, Damian Pachter, journaliste au Buenos Aires Herald, au site Internet Infobae. Ce site joint une photo montrant le journaliste à l'aéroport avant de monter à bord d'un vol d'Aerolineas Argentinas.

L'agence de presse nationale argentine Telam précise que son vol avait pour destination l'Uruguay voisin. « Je reviendrai quand mes sources me diront que la situation a évolué. Je ne pense pas que ce sera le cas sous ce gouvernement », a déclaré M. Pachter à Infobae.

Dans un texte publié sur le site de Haaretz, il explique comment il a été suivi après avoir révélé la mort du procureur et que l'Argentine est devenue dangereuse pour lui, en raison d'un système corrompu, raison pour laquelle il a pris la fuite. 

ENQUÊTE ENTRAVÉE

Alors que la présidente prenait la parole à la télévision, des manifestations demandant la justice pour le procureur étaient organisées devant le palais présidentiel à Buenos Aires et devant la résidence présidentielle, en périphérie de la capitale argentine.

Alberto Nisman, 51 ans, chargé notamment depuis dix ans de l'enquête sur l'attentat de la mutuelle juive AMIA en 1994, avait accusé, peu avant sa mort, Mme Kirchner d'avoir entravé l'enquête pour protéger l'Iran de toute mise en cause et négocier des contrats commerciaux. Son corps a été retrouvé quelques heures avant son audition par la justice dans ce dossier.

Lire aussi (édition abonnés) : La mort suspecte d’un magistrat qui gênait la présidente argentine

Plus de vingt ans après, les attentats contre l'ambassade d'Israël (29 morts et 200 blessés en 1992) et contre la mutuelle juive AMIA (85 morts et 300 blessés) n'ont toujours pas été élucidés.

MISE EN CAUSE D'UN COLLABORATEUR

Cette affaire avait connu un autre rebondissement dans ce dossier, plus tôt dans la journée de lundi. Un proche collaborateur du magistrat a été mis en cause par la justice.

La procureure Viviana Fein, chargée de ce dossier, a inculpé Diego Lagormasino, un informaticien de 35 ans, qui travaillait pour le magistrat depuis 2007. Il est accusé de lui avoir prêté, la veille de son suicide présumé, son arme personnelle, ce qui constitue un délit.

D'après les investigations, il est la dernière personne à avoir vu Alberto Nisman en vie. Il a été entendu à deux reprises par la justice.

Open bundled references in tabs:

Leave a Reply