Aida Bortnik, scénariste argentine du film oscarisé « l’Histoire …

Scénariste, dramaturge et journaliste, l’Argentine Aida Bortnik est morte à Buenos Aires, samedi 27 avril, à 75 ans.

Elle avait connu son heure de gloire à Hollywood et au festival de Cannes, avec l’Histoire officielle (La historia oficial, Luis Puenzo, 1985), Oscar du meilleur film étranger et prix de la meilleure interprétation féminine sur la Croisette, pour Norma Aleandro.

L’Histoire officielle est un puissant mélodrame écrit par Aida Bortnik, qui mettait en scène pour la première fois les Grands-mères de la place de Mai et les bébés d’opposants séquestrés en Argentine sous la dernière dictature militaire (1976-1982), puis placés dans une famille d'adoption.

Cinq cents enfants ont subi ce sort, une centaine d'entre eux ont été retrouvés grâce aux inlassables recherches de l'association des Grands-mères.

Le film évoquait aussi le sentiment de culpabilité diffuse d’un large secteur de la société argentine, qui prétendait tout ignorer des violations des droits de l’homme commises pendant les années de plomb.

Aida Bortnik était une admiratrice de Tchékhov qui revendiquait sans complexe la veine mélodramatique pour mieux éclairer l’âme humaine, à une époque où le discours politique régnait sans partage.

L’Histoire officielle, succès international, révéla les horreurs de la dictature argentine à des spectateurs du monde entier, mais fut sévèrement critiqué à Buenos Aires par certains militants.

Née à Buenos Aires, le 7 janvier 1938, Aida Bortnik était un petit bout de femme bouillonnante de vivacité, d’humour, d’idées, qui ne laissait personne indifférent. Après des études aux facultés de droit et de philosophie et lettres de l’Université de Buenos Aires, elle avait débuté dans le journalisme, et collaboré à des titres prestigieux, comme l’hebdomadaire Primera Plana et le quotidien La Opinion, entre autres.

Dans les années 1970, elle se tourne vers le théâtre, une passion dont elle ne s'éloignera jamais. Dans les années 1980, après un détour par l'exil, elle sera une des animatrices de l’expérience alternative Teatro Abierto, à Buenos Aires.

Son premier scénario pour le grand écran est d’emblée un coup de maître : La tregua, adaptation d’un roman de Mario Benedetti, mis en scène par Sergio Renan (1974), titre emblématique du bref intermède démocratique qu'on connu les Argentins entre deux dictatures.

Aida Bortnik est restée fidèle à Sergio Renan (Crecer de golpe, 1976 ; La soledad era esto, 2001) et à Luis Puenzo (Gringo viejo/Old Gringo, 1989). Elle a aussi écrit pour Alejandro Doria (La isla, 1979) et Raul de la Torre (Pobre mariposa, 1986). Elle a donné le coup d’envoi à la carrière d’un réalisateur de la nouvelle génération postdictature, Marcelo Piñeyro, dont elle a signé trois scénarios : Tango feroz : la leyenda de Tanguito (1993), Caballos salvajes (1995), Cenizas del paraiso (1997). Elle travailla également pour la télévision et anima des ateliers d’écriture pour le cinéma.



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