En Argentine, le copilote de Lionel Baud, Thierry Dezeiraud, a été entendu par la police dans le cadre de l’accident de la circulation, qui avait entraîné mardi 12 janvier la mort d’un automobiliste de 35 ans, et fait huit blessés. L’accident s’était produit dans la province de Córdoba, au centre-nord de l’Argentine. L’équipage participant à son premier Dakar devait rejoindre le port de Campana, afin d’embarquer leur véhicule pour la France. Le chef d’entreprise Lionel Baud et son copilote Thierry Dezeiraud avaient dû abandonner la course après un accident sur une spéciale en Bolivie, samedi 9 janvier, où le buggy avait heurté mortellement un berger bolivien qui traversait la piste. Le procureur avait rejeté toute responsabilité au pilote haut-savoyard.
Quant à l’accident routier du 12 janvier, les autorités semblaient s’interroger sur la part de responsabilité de ce Limougeaud de 50 ans, qui était au volant du buggy conçu dans les ateliers FDS Racing à Cluses. De retour en Haute-Savoie depuis le week-end du 16 et 17 janvier, Lionel Baud a bien voulu s’exprimer pour Le Messager sur ces deux événements qui l’ont particulièrement affecté.
Quels ont été les circonstances du premier accident, durant la course ?
Nous étions sur une ligne droite de huit à dix kilomètres de long, il y avait déjà toutes les motos et une cinquantaine de voitures qui étaient passées devant moi, et au moment où j’arrivais, il y a eu un berger bolivien qui traversait la piste, tête baissée et je ne l’ai vraiment vu qu’au dernier moment. Et puis, malgré avoir tout fait pour essayer de l’éviter, nous l’avons percuté. Il y avait de gros fossés de chaque côté de la piste qui nous limitaient dans notre manœuvre. Alors que le procureur m’avait incité à poursuivre le Dakar, le lendemain, nous avons pris la décision d’arrêter la course, car je ne me sentais pas de continuer dans ces conditions.
Y a-t-il eu un soutien psychologique ?
L’organisation du Dakar nous a soutenus, même Peugeot Sport. On nous a également envoyé un médecin. On ne sort pas indemne de ce genre d’expérience. Aussi, nous avons eu énormément de témoignages de soutien et je peux vous dire que dans ces moments-là cela fait du bien.
Vous êtes un chef d’entreprise, passionné de course automobile, comment avez-vous géré cette situation, dans un rallye-raid très médiatisé, alors que votre nom a été souvent cité dans les réseaux sociaux, et pas seulement en bien…
(Long silence) Aujourd’hui, je veux prendre le temps de la réflexion, pour analyser tout ce qui s’est passé, de manière à savoir, si un jour je dois repartir, qu’est-ce qu’il faut faire et ne pas faire, afin de ne plus subir ce genre d’événement. Quand on part sur des courses comme le Dakar, où il y a énormément de monde, de partout, on est toujours en vigilance. Dans aucun cas, je n’ai été tenu responsable, mais il n’empêche, il y a quand même mon nom qui circulait. Il y a des Argentins qui ne veulent pas du Dakar, et ils ont beaucoup communiqué et utilisé le deuxième accident contre le Dakar. Maintenant, je comprends bien qu’en participant à une course aussi médiatisée, si ça ne se passe pas bien, il y a un risque que cela prenne des proportions importantes.
Quant au second accident…
Nous aurions pu rentrer directement en France, mais sachant qu’il y avait 1 800 kilomètres à faire pour redescendre les véhicules sur Buenos Aires, j’ai souhaité rester encore avec mon équipe pour les aider à les ramener , puisque le deuxième buggy a également dû abandonner pour raisons techniques. Le lendemain, nous avons donc repris la route pour rejoindre le port avec un convoi dont l’ordre était le suivant : devant, le premier buggy tracté par le 4x4 de Fabrice Decroux (le manager du team FDS Racing à Cluses, ndlr), puis ma voiture (Lionel Baud était côté passager de son buggy, tandis que son copilote Thierry Dezeiraud était au volant, ndlr), et derrière, notre camion d’assistance. Après une nuit à l’hôtel, le lendemain matin, nous avons repris la route, toujours en convoi. Comme il y avait beaucoup de circulation sur la route, des voitures s’étaient intercalées entre nous, et nous doublaient. Fabrice Decroux se rappelle qu’un camion tirant une remorque arrivait très vite, puis il y a eu un choc à notre hauteur, qui nous a fait partir sur le côté. Ensuite, notre camion d’assistance, qui a eu le temps de s’arrêter, s’est fait percuter par l’autre poids lourd.
Vous envisagez de refaire un Dakar ?
Pour l’instant, c’est beaucoup trop tôt pour le dire. J’ai besoin de laisser passer encore un peu de temps, par rapport à ce qui s’est passé. Nous avons vécu des moments très difficiles, et en même temps, de bons moments sur la course. On verra un peu plus tard…
Entretien réalisé par Jérôme Meyrand