A Davos, le nouveau président argentin veut replacer son pays sur …

Mauricio Macri veut renforcer la confiance à l’égard du pays « pour obtenir plus d’investissements et plus de travail afin de parvenir à une pauvreté zéro », comme l'a précisé Marcos Peña, son chef de cabinet.

Mauricio Macri, le nouveau président de centre-droit de l’Argentine, fait son entrée sur la scène internationale, mercredi 20 janvier, à Davos à l’occasion du forum économique mondial, d’où l’Argentine était absente depuis treize ans. En rupture avec la politique protectionniste de ses prédécesseurs Nestor et Cristina Kirchner (2003-2015), le défi de M. Macri – qui a pris ses fonctions le 10 décembre 2015 – sera de convaincre les entreprises et les chefs d’Etat que l’Argentine est désormais un pays prévisible, fiable et attrayant pour investir.

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Pour faire passer ce message, M. Macri a convié l’un de ses adversaires lors de l’élection présidentielle, le péroniste dissident Sergio Massa, à l’accompagner à Davos. « Je veux aider à attirer les investissements étrangers », a affirmé M. Massa, qui était arrivé troisième au premier tour du scrutin. Cette invitation inédite est destinée à renforcer la confiance à l’égard du pays « pour obtenir plus d’investissements et plus de travail afin de parvenir à une pauvreté zéro », a précisé Marcos Peña, le chef de cabinet de M. Macri.

Retourner sur les marchés financiers

« Nous voulons rappeler au monde que nous existons, renouer des relations d’amitié avec des pays dont l’Argentine s’est éloignée ces dernières années », a renchéri le ministre des finances, Alfonso Prat-Gay, citant l’Espagne et la France. L’Argentine veut retourner sur les marchés financiers internationaux, dont elle est exclue depuis le défaut de paiement de 2001. Des négociations ont débuté, le 12 janvier, à New York, avec les représentants des créanciers qui ont refusé de participer aux deux restructurations de la dette argentine, en présence d’un médiateur nommé par le juge Thomas Griesa, qui avait condamné Buenos Aires à rembourser 100 % de sa dette envers les fonds spéculatifs.

« Nous demandons au médiateur de nous aider à trouver une solution et nous lui demandons de mener les discussions pour que l’accord soit raisonnable », a plaidé le président Macri. Mme Kirchner avait refusé de rembourser les fonds « vautours », qu’elle accusait d’avoir acheté la dette argentine à prix cassé, profitant de l’effondrement de l’économie.

Dès le 16 décembre 2015, M. Macri a mis fin au contrôle des changes. La vente et l’achat de devises sont désormais libres, faisant disparaître le cours parallèle du dollar au marché noir. Cela a entraîné une dévaluation du peso de plus de 30 %, au risque d’augmenter une inflation qui dépasse déjà les 25 %.

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Considérant que le secteur agricole est « le moteur de l’économie argentine », M. Macri a éliminé les taxes sur l’exportation des principaux produits agricoles et de la viande, mettant fin au conflit qui avait opposé Mme Kirchner et le monde rural.

Licenciement des « gnocchis », des employés fictifs

C’est à toute allure que M. Macri a fait ses premiers pas comme président. Le changement de cap a été brusque, avec une avalanche de mesures prises par décret pour en finir, selon lui, avec « le populisme autoritaire » de l’ancienne présidente péroniste Cristina Kirchner. M. Macri ne dispose pas de majorité au Congrès, par ailleurs sans activité pendant l’été austral.

A la Casa Rosada, le palais présidentiel, les mots d’ordre sont : « changement », « dialogue », « travail en équipe » et « transparence ». Les conférences de presse sont quasi quotidiennes, du président lui-même ou de ses ministres, dont la majorité vient du secteur privé. Un style opposé à celui de Mme Kirchner, qui gouvernait avec un cercle réduit de fidèles et évitait la presse.

Les nouvelles autorités ont procédé à un nettoyage au sein de l’Etat, avec le licenciement de milliers d’employés du Sénat, des ministères et des municipalités passées sous le contrôle du centre-droit. L’emblématique centre culturel Kirchner à Buenos Aires, inauguré en mai 2015, d’un coût estimé à plus de 200 millions de dollars (environ 183 millions d’euros), n’y a pas échappé. Au cours de sa dernière année, le gouvernement Kirchner a nommé quelque 25 000 militants et proches dans l’administration publique, avant de perdre le pouvoir. Les effectifs du Sénat auraient augmenté de 140 %.

La plupart des personnes licenciées seraient des « gnocchis », des employés fictifs qui n’apparaissent qu’une fois par mois, pour toucher leur salaire. On les appelle ainsi parce que ce plat italien est servi dans les restaurants argentins le 29 de chaque mois, jour de paie. Les militants kirchnéristes, qui manifestent pour protester contre ces licenciements, dénoncent « une persécution politique ».

La trêve sociale pourrait ne pas durer

Ancien ministre du travail kirchnériste, Carlos Tomada a fait un parallèle avec la politique ultralibérale de l’ex-président péroniste Carlos Menem (1989-1999). Il accuse M. Macri d’imposer un réajustement, au nom d’une plus grande compétitivité.

Après des années de manipulations des indicateurs, minimisant l’inflation ou la pauvreté, l’Argentine s’est engagée à communiquer ses statistiques de manière transparente et fiable. En plein été austral, M. Macri bénéficie d’une trêve sociale. La rentrée de mars pourrait être plus orageuse, à cause des prochaines augmentations des tarifs de l’eau, du gaz, de l’électricité et des transports.

Les syndicats se déclarent prêts à négocier un pacte social avec le gouvernement, mais veillent à leurs propres intérêts. « Nous sommes d’accord pour mettre à la porte les “gnocchis” », affirme Pablo Micheli, secrétaire général de la Centrale des travailleurs argentins (CTA). Ce dernier prévient néanmoins qu’il y aura des conflits « si derrière tout cela, il y a un plan de réduction de l’Etat ».

Hugo Moyano, le puissant chef de la Confédération générale du travail (CGT), a pour sa part annoncé qu’il exige une augmentation des salaires de 30 %, pour pallier l’inflation galopante.

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