L'équipe de France peut gagner contre l'Australie samedi au Stade de France (21 heures). Elle peut. Mais ce n'est pas franchement probable. Depuis que le rugby est professionnel (1995), les Wallabies sont venus jouer sept matches en France. Ils en ont remporté quatre. Ce qui est considérable dans un sport de combat tel que le rugby où la défense héroïco-romantique de son sol semble vouloir dire encore quelque chose.
Pire, la dernière fois que l'équipe d'Australie, traditionnellement corrosive pour une équipe de France qui n'a jamais su comment la faire déjouer, est venue s'essuyer les crampons sur le maillot bleu, elle ne leur a pas laissé grand-chose sur le dos : elle lui a même infligée la plus grande claque de son histoire : 16-59. Jamais l'équipe de France n'avait encaissé autant de points à domicile. Pour info, la dernière victoire française sur l'Australie remonte au 5 novembre 2005 (26-16 au stade Vélodrome de Marseille).
UN LONG TUNNEL D'INCERTITUDES
Mais, de toute façon, on peut dégoiser sans fin sur les pires statistiques, même en cas de victoire probante face à l'Australie, l'équipe de France ne sortira pas de sitôt d'un long tunnel d'incertitudes qui l'accompagne depuis la fin de la dernière Coupe du monde où elle a échoué d'un souffle en finale face à la Nouvelle-Zélande (7-8).
Oh ! Rien de vraiment nouveau sous le frêle soleil de novembre. C'est le lot de tous les sélectionneurs français depuis que le rugby a définitivement calqué son calendrier sur la Coupe du monde qui resurgit tous les quatre ans. Entre deux éditions, le sélectionneur en place, bricole comme il peut : en tentant de mobiliser ses internationaux accaparés par un championnat domestique sans fin, de trouver un groupe de joueurs qui puisse jouer ensemble les yeux fermés (une équipe internationale de club en somme) et en essayant de bâtir un système de jeu qui ronronnerait comme un pilotage automatique sur l'autoroute.
Autant dire que jusqu'ici, Philippe Saint-André n'a engagé que les travaux de terrassement. Son système de jeu est aussi creux qu'une chanson de C. Jérôme et une équipe type aussi introuvable que le talent du parolier du chanteur susmentionné. Le dernier Tournoi s'est achevé sur une sordide quatrième place et la dernière tournée d'été, en Argentine, fut aussi oubliable que vous savez qui.
26 ANS DE MOYENNE D'AGE
Il est donc temps pour Saint-André, sélectionneur médiatiquement progressiste mais sportivement conservateur, et ses adjoints (Patrice Lagisquet pour les trois-quarts, Yannick Bru pour les avants) de nous montrer qu'ils ont de la suite dans les idées. Saint-André a, au moins, d'ores et déjà fait mine de tourner une page. Des titulaires de la dernière Coupe du monde, ils ne seront plus que cinq au coup d'envoi tout à l'heure : Nicolas Mas, Pascal Papé, Morgan Parra, Maxime Mermoz et Vincent Clerc. Mais il ne faut pas oublier l'absence sur blessure de Thierry Dusautoir (genou), capitaine des Bleus et élu meilleur joueur mondial en 2011.
Saint-André a choisi d'aligner contre les Wallabies une équipe de 26 ans de moyenne d'âge. Brice Dulin, le prometteur arrière castrais, en a 22. Au rayon des nouveautés, le pilier castrais Yannick Forestier et le deuxième-ligne toulonnais Jocelino Suta honoreront leur première sélection comme titulaire. Le troisième ligne aile, Yannick Nyanga, refait son grand retour dans le XV de départ après cinq ans de purgatoire. La charnière inédite qui fut testée en Argentine, l'été dernier, est reconduite. Maxime Machenaud (23 ans, 1 sélection) et Frédéric Michalak (30 ans, 56 sélections) ont été préférés à Morgan Parra et François Trinh-Duc, plus souvent associés. Une prise de risque limitée puisque les Australiens sont orphelins de plusieurs joueurs cadres : les demis Will Genia et Quade Cooper, les avants David Pocock et Ben Alexander, les arrières Berrick Barnes et Drew Mitchell.