« Ma stratégie globale a été payante »
Sur ce Dakar 2015, il était d'abord un numéro, ou plutôt un dossard : le 44. Puis, au fil de la course Xavier de Soultrait, 26 ans, s'est fait un nom, au point même de titiller les meilleurs. Le natif de Neuville-lès-Decize, qui vit à Moulins, a réalisé une belle course en se classant 13 e du général. Le motard compte bien continuer sur cette lancée.
n Vous avez terminé 34 e l'an dernier pour votre premier Dakar. Cette année, vous finissez à la 13 e place. Quelle progression ! En 2014, je partais dans l'inconnu. Cette fois-ci, je savais à quoi m'attendre. Je me suis mieux préparé. Physiquement, j'ai plus donné, avec plus de vélo, plus de course à pied et plus de natation. Ma moto était également plus puissante ( voir ci-dessous).
n Comment expliquez-vous cette performance ? Ma stratégie globale a été payante. J'ai réalisé une course d'attente. Je n'ai pas pris de risques. J'ai joué la sécurité pour ne pas tomber.
n Votre sixième place, lors de la 8 e étape, a-t-elle marqué un tournant dans votre course ? Oui. En plus, ce jour-là, je termine à cette place alors que je prends une minute de plus pour nettoyer ma moto à la sortie du salar d'Uyuni (*). La moto était engluée par le sel. Je voulais éviter la surchauffe. En poussant plus, j'aurais pu faire mieux.
n Vous attendiez-vous à terminer à cette place ? Intérieurement, je l'espérais. Mais il y a tellement de facteurs qui peuvent te faire dégringoler au classement En navigation, je possède peu d'expérience. Heureusement, je ne me suis pas perdu.
n Qu'est ce qui a été le plus difficile ? L'accumulation de difficultés. Le matin, on se levait entre 3 h et 3 h 30. Ensuite, il y avait les changements de température. On passait de 50 degrés à moins 10. On est également monté à 5.000 m d'altitude. Quotidiennement, on parcourait 800 km de moyenne, soit l'équivalent d'un Paris-Montpellier par jour.
La distance
Paris-Montpellier
à parcourir
chaque jour
n Quel a été le fait le plus marquant ? La traversée du salar d'Uyuni lors de la 8 e étape entre Uyuni en Bolivie et Iquique au Chili. Les trente premiers sont partis en même temps. On a l'impression d'être dans une machine à laver. Il y avait une couche d'eau sur le sel. L'eau salée, il n'y a rien de pire pour les mécaniques.
n Avez-vous connu des moments de doute pendant ces quinze jours de course ? Oui. Il y a eu une épidémie chez les engagés. Cinq ont dû abandonner à cause de ça. J'ai chopé le virus trois jours avant l'arrivée à Buenos Aires. Ça ne sentait pas bon. Sur la moto, je voyais des étoiles, je n'avais pas de force. J'ai passé deux journées à souffrir et j'ai même été sous perfusion pendant deux heures et demie.
n Votre objectif sera de faire encore mieux en 2016 ? Je vais essayer de faire un Top 15. C'est dans la continuité de ma carrière. Si je veux attaquer plus, je vais devoir augmenter ma préparation et notamment la charge physique. Mais je ne veux pas faire n'importe quoi non plus. Sur ce rallye, il y a des blessés et parfois des morts (**).
« Pourquoi pas faire
une saison de rallye ? »
n Quel est votre programme ? Je suis rentré le lendemain de l'arrivée. Je me suis reposé quinze jours. Je contacte également mes partenaires pour les remercier et échanger sur ma course. Ensuite, je vais partir m'entraîner dans le sud-ouest, sur le sable. Mon programme n'est pas encore clair. Je fais de l'enduro et je dois participer aux championnats de France et à des manches du championnat du monde. Et pourquoi pas faire une saison de rallye ? J'attends de connaître la réponse de Yamaha.
(*) Au sortir de ce désert de sel, les concurrents possédaient 15 minutes pour laver leur machine.
(**) Cette année, le pilote polonais Michal Hernik a été retrouvé mort lors de la troisième étape.
Benjamin Berthollet
redacteur4.jdc@centrefrance.com