Depuis quelques semaines, la presse espagnole se déchaîne contre Alejandro Sabella. L’objet de son courroux ? Le sélectionneur argentin boude royalement Willy Caballero. Pire encore, il préfère, mordicus, faire confiance au très irrégulier Sergio Romero (Sampdoria). Un joueur capable du meilleur comme du pire, des arrêts les plus spectaculaires aux "toiles" les plus incroyables. Bref, les médias espagnols se demandent aujourd’hui si les performances du gardien de Malaga sont bien arrivées jusqu’aux oreilles et aux yeux de l’entraîneur national. Certains vont même jusqu’à parler de scandale, d’injustice profonde et de dès pipés, comme si le groupe argentin était fermé à double tour et à tout nouvel entrant.
Si la non-convocation de Willy en équipe nationale fait couler autant d’encre, c’est parce que Caballero est, cette saison, l’un des tous meilleurs gardiens de la Liga. Avec 10 buts encaissés, il domine d’ailleurs le classement du prix Zamora (qui couronne le goal qui a encaissé le moins de buts). Sur le papier, il est l’égal de Casillas et il devance le fougueux Victor Valdes. Un exploit ! Et si Malaga est la défense la plus hermétique de la Liga (avec le Real Madrid) et l’une des plus solides de la Ligue des champions, c’est d’abord grâce aux prouesses de son numéro un. Sur la scène européenne, il n’a encaissé que trois buts en quatre matches (il était remplaçant lors du match nul contre Anderlecht lors de la dernière journée de poule).
Caballero n’a pas la grâce d’un Casillas ou d’un Buffon. C’est l’archétype même du gardien argentin. Dans la lignée du Pato Abbondanzieri par exemple, il ne capte que très rarement le ballon. Il préfère le boxer. Si comme si le ballon rebondissait sur un mur. Willy est très fort dans le un contre un, sur sa ligne et il est capable de mettre la tête là ou d’autres ne mettraient même pas le pied. Il faut dire qu’il a appris tous ses rudiments à bonne école : à la Casa Amarilla, le centre de formation de Boca Juniors. Il y entré au début des années 2000, à une époque où il avait encore tous ses cheveux. Il s’est entraîné, a mangé, dormi pendant plusieurs années à quelques mètres seulement de la légendaire Bombonera.
"C’est une époque que je n’oublierai jamais, car pour moi, tout a commencé là-bas, affirme t-il. Je me suis fais beaucoup d’amis, car, on était tous des Provinciaux, loin de nos familles, plongés dans ce monde si dur, si compétitif. Pendant ces années, je me suis forgé un caractère en acier trempé. Et je savais qu’un jour tous mes efforts finiraient par payer."
En 2004, il signe à Elche pour lancer sa carrière...
Pendant plusieurs saisons, Caballero a vécu dans la peau d’un numéro 2, dans l’ombre d’un imposant numéro 1. A Boca Juniors, il était le second de l’emblématique Pato Abbondanzieri. Mais il n’a jamais fais de vagues et s’est comporté comme un parfait professionnel. Patient, calme, réfléchi, casanier, il n’est pas le genre de joueurs à créer des tensions dans un groupe. Ses qualités techniques et humaines ont tout de suite plus à José Pekerman, l’ex-grand grand manitou des sélections de jeunes en Argentine (désormais sélectionneur de la Colombie). Willy est de la même génération que Saviola (son coéquipier à Malaga), Maxi Rodriguez, Nico Burdisso ou Andrés d’Alessandro. Ensemble, ils ont remporté la Coupe du monde des moins de vingt ans, chez eux, en Argentine, devant leur public (en 2001). Et si Caballero a commencé la compétition sur le banc des remplaçants, c’est finalement lui qui gardait la cage argentine lors de la demie et de la finale. Un grand souvenir. Et la preuve qu’il ne baisse jamais les gants.
Après avoir passé trois saisons dans l’ombre d’Abbondanzieri (2001-2004), Caballero décide de prendre sa carrière et son destin en main. Il s’envole dans un modeste club du Vieux Continent, à Elche, en deuxième division espagnole. Il revit et s’impose très vite comme l’un des tous meilleurs gardiens de cette antichambre de la Liga. Au bout de deux saisons, il devient le capitaine et le pilier de cette modeste et rugueuse équipe de la région d’Alicante. Ses performances sont suivies de près par de nombreux clubs de première division. Mais un événement, tragique, va l’obliger à faire machine arrière : "Les médecins ont diagnostiqué une tumeur de la rétine à ma petite fille. C’est le moment le plus dur de ma vie. Avec ma femme, on a décidé de rentrer en Argentine pour que notre fille suive son traitement auprès des nôtres. J’ai alors été prêté à Arsenal de Sarandi (D1 argentine), mais je n’ai joué que cinq matches. Je n’avais pas la tête à ça. Le football n’était plus ma priorité. Pekerman et son staff m’ont énormément soutenu. C’est grâce à eux si je n’ai pas arrêté ma carrière. Je leur dois beaucoup. Car depuis, ma fille a été guérie, et à mon retour à Elche, j’étais comme un nouveau joueur, plus fort, plus confiant…"
Convoqué le 6 février pour Argentine-Suède ?
Après six mois de parenthèse désenchantée à Buenos Aires, Caballero revient plus fort que jamais en Espagne. C’est un nouvel homme, un nouveau joueur. Il devient une star, une idole du club d’Elche avec qui il entretient toujours une profonde et sincère relation. Mais malgré ses prouesses, ses sauvetages et ses performances majuscules, il lui faut attendre quatre saisons avant de découvrir la Liga. Et encore, c’est à la suite d’un véritable concours de circonstance qu’il est arrivé, sur la pointe des crampons, à Malaga au début de l’année 2011. Pellegrini avait en effet confié les buts de son équipe au jeune Sergio Asenjo, mais une vilaine blessure juste avant la clôture du mercato l’a obligé à changer ses plans. Il a donc volé Caballero à Elche, en échange d’un chèque de 900.000 euros. Après une première demi-saison, cahin, caha, Caballero a véritablement explosé dans les buts andalous. Il est devenu une star de la Liga, un portier aux nerfs d’acier qui continue encore et encore de progresser.
Caballero est aujourd’hui, le seul gardien argentin à (bien) jouer la Ligue des champions. Et le seul, également, qui joue le haut de tableau avec son club. La campagne médiatique espagnole a donc logiquement trouvé écho en Argentine. Pour Mario Husillos, le directeur sportif (argentin) de Malaga, il n’y pas de doutes possibles : "Willy sera le gardien titulaire de l’Argentine lors de la Coupe du Monde 2014. J’en suis certain car c’est lui le meilleur à son poste." Sabella en est-il convaincu? Le 6 février, l’Argentine affronte la Suède en match amical. Et si Caballero connaissait son baptême du feu contre Zlatan et sa bande? Sur les bords du Rio de la Plata, la rumeur dit que Sabella y pense très fort et qu’il pourrait enfin donner sa chance à Willy Caballero.
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