Victoire de l’opposition argentine à Mendoza

Le candidat "officialiste" a perdu nettement l'élection contre son rival de l'UCR (39% contre 46%) qui rassemblait l'ensemble de l'opposition de droite et de centre-droit, péronistes "rénovateurs" compris (PRO, FR, UCR). La dynamique candidate de la gauche alternative dépasse les 10%. C'est une lourde défaite symbolique pour les péronistes qui espéraient conserver cette province qu'ils gouvernaient depuis 8 ans.

En Terre de Feu, en revanche les "pingouins" (surnom des kirchnéristes historiques de Patagonie) sont en tête avec une marge équivalente (et donc en ballotage favorable). La différence entre les deux est que Mendoza fait partie des grosses provinces riches: 1,3 millions d'électeurs et une importante activité agro-industrielle (Mendoza est la capitale de la viticulture argentine) alors que la Terre de Feu est la plus récente des petites provinces (créée en 1991 seulement) qui vivent sous perfusion de l'État central (zones franches, subventions etc.)

Comme à Santa Fe (où les socialistes ont conservé de justesse leur leadership devant les macristes du PRO le FpV arrivant bon troisième) ou dans la Capitale Fédérale, le kirchnérisme se retrouve confronté aux limitations historiques du péronisme: il est fort dans les provinces pauvres et dans les banlieues populaires du grand Buenos Aires ou de Cordoba, et faible dans les provinces riches où une classe moyenne importante s'identifie davantage à l'éthos entrepreneurial et individualiste de l'opposition de droite.

On retrouve un peu comme chez nous le thème des deux pays: celui des "inclus" de la mondialisation, et de l'Argentine qui gagne (la capitale et les grandes métropoles régionales) et celui des "exclus" (on dit aussi les "assistés" quand on est un fidèle lecteur du Figaro ou de La Nacion): chômeurs, petits employés, travailleurs précaires du secteur informel...

Ces résultats vont avoir à mon avis trois conséquences au niveau national:

- inciter encore davantage le gouvernement sortant à multiplier les cadeaux électoraux à la classe moyenne (un classique dans toutes les démocraties représentatives, et qui n'est pas propre à l'Argentine)

- faire monter la pression du grand patronat sur Massa pour qu'il renonce d'ores et déjà à sa candidature en soutenant clairement Macri (mais cela aurait aussi pour effet de ramener une bonne partie des brebis massistes au bercail péroniste où Scioli les accueillera à bras ouverts)

- faire monter la pression du même sur Macri pour qu'il parvienne à un accord avec l'UCR, d'autant plus qu'il a commis la grossière erreur tactique de bâtir avec Michetti (une de ses ex-adjointes à la mairie) un ticket 100% portègne dont l'attractivité partout ailleurs sera très médiocre (par contraste, Massa a eu l'intelligence politique minimale de choisir son candidat vice-président dans une province du Nord).

Leave a Reply