Un second tour présidentiel très ouvert en Argentine

Tous les sondages se sont trompés. Le candidat de centre gauche Daniel Scioli, soutenu par la présidente sortante Cristina Kirchner, était favori de la présidentielle, mais c’est un second tour incertain qui s’annonce le 22 novembre après le score inespéré du conservateur Mauricio Macri de dimanche 25 octobre.

Les derniers sondages donnaient à Mauricio Macri, 56 ans, maire de Buenos Aires depuis 2007, environ 10 points de retard sur Daniel Scioli. Certains prédisaient même une victoire de Daniel Scioli au premier tour. Mais après la comptabilisation de 96 % des bureaux de vote, Daniel Scioli totalisait 36,73 % des voix, devant Mauricio Macri avec 34,45 % des suffrages.

L’Argentine bascule dans une nouvelle ère

Une nouvelle ère s’ouvre en Argentine après 12 ans de pouvoir de Nestor Kirchner (2003-2007), puis de son épouse Cristina Kirchner (2007-2015), qui ne pouvait pas briguer un troisième mandat.

Pour le sociologue Gabriel Puricelli, du Laboratoire des politiques publiques, la contre-performance du Front pour la victoire (FPV, gauche) est due « à l’usure naturelle, du fait du temps passé au pouvoir, c’est un facteur universel, qui n’a rien à voir avec l’Argentine. C’est la fin d’un cycle ».

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Le maire de Buenos Aires, ancien président du club de football de Boca Juniors, a marqué les esprits en progressant dans l’ensemble du pays au détriment du Front pour la victoire (FPV), la coalition de gauche au pouvoir depuis 2003. Les militants de sa coalition Cambiemos étaient en liesse dimanche 25 octobre au soir et célébraient le résultat inattendu.

Macri contre Scioli

« Ce qui s’est passé aujourd’hui a changé la politique de ce pays », a lancé, euphorique, sous les acclamations, Mauricio Macri, 56 ans, qui est très critique de la politique économique menée par les Kirchner. Après avoir conduit le club Boca Juniors à tous les succès, il affiche un bon bilan à la tête de la capitale. Fils d’un riche chef d’entreprise, il a le soutien des milieux d’affaires.

Daniel Scioli a remercié ses électeurs et prononcé un discours de campagne dans la perspective d’un second tour, convoquant « les indécis et les indépendants ». Le gouverneur de la province de Buenos Aires (rassemblant 37 % de l’électorat du pays), a aussi appelé les Argentins à faire « un pas en avant, pas un saut dans le vide », évoquant un risque en cas de changement de gouvernance.

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À 58 ans, il se présente comme un centriste conciliateur, alors que Cristina Kirchner a gouverné durant ses deux mandats en concentrant les pouvoirs dans un style conflictuel. « Je ne propose aucune révolution. Je maintiendrai ce qu’il faut maintenir, je changerai ce qu’il faut changer et je corrigerai ce qu’il faut corriger », a promis cette semaine Daniel Scioli, soulignant que « les plus nécessiteux » seraient sa priorité.

« Aujourd’hui c’est Macri le favori »

Pour la première fois depuis 2003, il n’y avait pas de candidat Kirchner à la présidence, mais Maximo Kirchner, le fils du couple présidentiel, 38 ans, devrait être élu député pour le FPV. Dimanche, les Argentins ont également renouvelé la moitié du Congrès et il apparaît qu’aucune force politique ne pourra s’appuyer sur une majorité parlementaire à la chambre des députés, où le Front pour la victoire sera la première force. Au Sénat, le FPV aura la majorité absolue.

Alors qu’ils se répartissaient avant l’heure les postes de ministre, les membres de l’équipe de Daniel Scioli doivent se remobiliser. « C’est une fin de cycle, c’est un coup dur pour le Front pour la victoire, si Scioli veut gagner, il va devoir réagir », avertit la politologue Mariel Fornoni. À l’inverse, Mauricio Macri est dans une dynamique ascensionnelle. « L’effet surprise va donner une forte impulsion à Macri. Aujourd’hui, c’est Macri le favori », juge le sociologue Gabriel Puricelli.



Dorian Malovic (avec AFP)

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