BUENOS AIRES (AFP) - L'éminent orfèvre argentin Juan Carlos Pallarols travaille avec passion sur le calice d'argent qu'il va offrir à une vieille connaissance, le pape François, comme il l'avait fait en 2006 pour Benoit XVI avec l'aide de son complice de cardinal.
Dimanche, cet artiste dont une rose d'argent orne la tombe de Lady Diana se rend à Rome avec un dessin au crayon du calice et un lingot d'argent, pour qu'il soit béni par le souverain pontife, un habitué de son atelier du centre de Buenos Aires, avant de commencer à le façonner.
Sur le splendide calice que le pape pourra utiliser lors des célébrations à la basilique Saint-Pierre, Juan Carlos Pallarols a même prévu de graver une référence à San Lorenzo, le club de football argentin cher au pape.
Avec l'archevêque de Buenos Aires, "j'ai bu le maté (le thé des Argentins) et j'ai souvent mangé avec lui, on parle beaucoup. C'est une personne très sensible et simple. Il est venu plusieurs fois ici", dit l'orfèvre de 70 ans en montrant son atelier dont les murs sont couverts d'outils de différentes époques, de cadres, de sculptures.
Il se souvient aussi avoir rencontré le prélat dans un salon de coiffure du quartier et le cardinal lui avait demandé de l'appeler Jorge alors que l'orfèvre lui donnait du monseigneur.
"Je sais que Bergoglio est supporteur de San Lorenzo mais comme je ne peux pas mettre l'écusson du club, je mettrai une sorte de petit +grille de martyr+. Lui saura comprendre de quoi il s'agit". C'est une référence au martyr Saint-Laurent, brûlé à Rome sur une grille, en 258, précise-t-il.
Le calice, détaille l'artiste, portera également "une image de la Vierge qui défait les noeuds, que le pape adore, de la Vierge de Lujan (près de Buenos Aires), patronne des Argentins; l'emblème des Jésuites, des raisins et du blé, qui font allusion au vin et à l'eau, symboles de l'eucharistie".
Un calice pour Benoît XVI
En 2006, c'est le cardinal Bergoglio qui lui avait ouvert les portes du Vatican afin qu'il puisse remettre un calice également personnalisé à Benoit XVI.
Pour le calice de Benoit XVI, il avait comptabilisé 600.000 coups sur la pièce d'argent.
Il se présente comme un "ami" du chef de l'Eglise catholique romaine tout en se positionnant comme "un catholique critique de l'Eglise".
Sur une petite table de son atelier du quartier colonial de San Telmo à Buenos Aires sont posées une orchidée et plusieurs roses en argent, de la même facture que celle qui décore la tombe de Lady Di. "C'est l'unique ornement qu'il y a sur sa tombe", dit-il fièrement. Il a offert la même rose à la princesse Maxima, une Argentine qui a épousé celui qui deviendra roi des Pays-Bas le 30 avril.
Dans son antre, on peut lire une inscription "Toute entreprise à succès requiert une certaine dose de folie", près d'une sculpture d'un orfèvre en plein travail, sorte d'autoportrait. Dans un couloir, on distingue un masque de la légendaire Eva Peron (femme de l'ex-président argentin Juan Peron).
Juan Carlos Pallarols, dont la famille s'est lancée dans l'orfèvrerie en 1750 à Barcelone, s'installera prochainement pendant 30 jours dans la Cité du Vatican et proposera à des milliers de pèlerins de porter un coup de poinçon ou de ciseler un peu le calice du pape.
Cet orfèvre est adepte des oeuvres collectives et aime convier fidèles ou citoyens à participer à la création d'une oeuvre. "Chaque coup est utile (...), les gens sont si contents, certains le voient comme un cadeau du ciel", confie Juan Carlos Pallarols. Il a également fait participer le public pour le masque d'Evita et les "bâtons de commandement" que les présidents successifs de la République argentine ont saisi depuis 1983 lors de leur prestation de serment.