Les enquêteurs chargés du dossier sur la mort suspecte du procureur argentin Alberto Nisman souhaitaient interroger, jeudi 5 février l'ancien espion Antonio « Jaime » Stiusso. Mais ce dernier n'a pas honoré sa convocation et reste introuvable.
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L'homme, qui dirigeait le contre-espionnage du pays jusqu'en décembre, est soupçonné d'avoir manipulé le magistrat alors que ce dernier menait les investigations sur l'attentat de 1994 contre un centre de la communauté juive de Buenos Aires. Entré dans les services secrets sous la dictature et resté en place après le rétablissement de la démocratie, en 1983, il aurait orienté les recherches de M. Nisman pour mettre en cause la présidente argentine.
La police a trouvé porte close aux trois domiciles connus de M. Stiusso, considéré comme l'un des agents les plus puissants du Secretaría de Inteligencia (SI, les services secrets argentins). Son avocat, Santiago Blanco Bermudez, a déclaré qu'il pensait que son client était toujours en Argentine, sans en avoir toutefois la preuve.
DISSOLUTION DU SI
Le procureur Nisman a été retrouvé sans vie une balle dans la tête le 18 janvier dernier dans son appartement, quelques jours après avoir mis en cause la présidente argentine, Cristina Kirchner, dans le dossier de l'attentat de 1994. Il devait être auditionné un peu plus tard dans la journée par une commission parlementaire. Le magistrat était arrivé à la conclusion que Mme Kirchner avait essayé de couvrir des Iraniens soupçonnés d'implication dans l'attaque qui avait fait 85 morts en juillet 1994 au siège de l'Association mutuelle israélite d'Argentine (AMIA).
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Des accusations jugées « absurdes » par la chef de l'Etat. De son côté, son gouvernement estimait que les allégations de M. Nisman, ainsi que sa mort, étaient liées à des règlements de comptes au sein de la communauté du renseignement et au remaniement de la hiérarchie du SI, survenu en décembre dernier.
« Il ne fait aucun doute pour moi que Stiusso est derrière tout ceci, après la décision de le limoger du SI », a ainsi déclaré mardi sur Twitter le chef de cabinet de la présidence, Anibal Fernandez. Cristina Kirchner avait, elle aussi, avancé l'hypothèse d'un complot des services secrets. Elle avait ainsi écrit sur sa page Facebook :
« Ils l'ont utilisé vivant, et ensuite, ils avaient besoin de lui mort. C'est triste et terrible. »
Lors d'une intervention télévisée, le 26 janvier, elle avait annoncé la dissolution du SI.