Avec les phénomènes Messi et Di Maria, «Tata» Martino a tout ce qu’il faut pour remporter la Copa America avec l’Argentine. © Keystone
30.06.2015
Copa America • Demi-finalistes, l’Argentine, le Pérou, le Chili et le Paraguay ont comme point commun d’être tous les quatre dirigés par un entraîneur argentin.
Football
La nationalité du sélectionneur qui brandira la Copa America le 4 juillet est déjà connue: il sera Argentin, les quatre équipes encore en lice étant toutes dirigées par un ressortissant du pays des gauchos. Jorge Sampaoli contre Ricardo Gareca et Gerardo «Tata» Martino contre Ramon Diaz: les demi-finales entre Chili et Pérou puis Argentine et Paraguay sont aussi des duels pour la suprématie entre techniciens argentins. L’un d’eux succédera samedi à Alfio Basile, le dernier Argentin à avoir remporté la Copa America, en 1993, à la tête de… l’Argentine.
La popularité des techniciens argentins en Amérique du Sud ou en Europe (Diego Simeone à l’Atletico Madrid, Marcelo Bielsa à Marseille) n’est pas nouvelle. Mais elle a atteint une dimension inédite lors de cette 44e édition de la Copa America: six des douze sélections en lice étaient dirigées par un Argentin, avec en prime José Pekerman (Colombie) et Gustavo Quinteros (Equateur).
Deux disciples de Bielsa…
Mais ce dernier carré de la Copa America 2015 est aussi un affrontement entre deux conceptions du football argentin, deux écoles même. D’un côté, le Chili et l’Argentine développent un football résolument offensif sous la baguette de deux fils spirituels de Marcelo Bielsa. De l’autre, le Pérou et le Paraguay, plus pragmatiques, plus physiques aussi, avec un football de contres.
A la tête du Chili depuis décem- bre 2012 - après un autre Argentin, Claudio Borghi -, Jorge Sampaoli passe à l’occasion de cette Copa à domicile le test le plus important de sa carrière. Avec la même passion que celle qui l’habitait lors de son premier mandat d’entraîneur amateur, à l’Atletico Belgrano de Arequito, en Argentine, où il s’était illustré en dirigeant ses joueurs depuis le sommet d’un arbre, après avoir été expulsé du banc de touche.
Malgré l’énorme pression sur sa «Roja», qui en 99 ans n’a jamais remporté la compétition reine du football sud-américain, Sampaoli avec ses tatouages de maximes célèbres de Che Guevara est resté fidèle à sa philosophie offensive. Ce qui a permis à ses «kamikazes», le surnom qu’il a donné à ses joueurs, de signer onze buts déjà en quatre matches. «C’est une machine à attaquer, à attaquer et à attaquer», admire Gerardo Martino, son homologue à la tête de l’Argentine.
Les deux hommes sont des «Bielsistes» convaincus, des disciples de Bielsa, obsédé par la manière plus que par le résultat, quitte à négliger leur palmarès. Comme Bielsa, ils sont originaires de Rosario ou de ses environs et ont d’abord été supporters de Newell’s, le club où «El Loco» (le fou) a joué, puis fait ses débuts tonitruants d’entraîneur avec deux titres de champion d’Argentine (1991, 1992).
Avec les phénomènes Lionel Messi et Angel Di Maria, autres enfants de Rosario, Martino a tout ce qu’il faut pour remporter la Copa America qui a échappé à son mentor, Bielsa, en deux tentatives avec l’Argentine en 1999 et 2004 (2e).
… et deux calculateurs
Mais attention au Pérou de Gareca et au Paraguay de Diaz. Si, joueurs, ils étaient tous deux des buteurs prolifiques, Gareca, alias «le Tigre» ou «le prof», et Diaz «le pelé» (sobriquet étrange, vu son épaisse tignasse!) sont plus calculateurs au moment de dispenser leurs consignes d’entraîneur. Et c’est ce pragmatisme qui leur a permis de tirer le maximum de deux sélections qui n’étaient pas attendues à pareille fête. Et notamment le Paraguay, mené 1-0 dès la 15e minute en quart de finale, qui a fait chuter le Brésil après les tirs au but (1-1, 4-3 tab).
Diaz, dont l’ambition déclarée est de diriger un jour l’Albiceleste, peut renforcer ses chances s’il fait mordre la poussière aujourd’hui à Lionel Messi et ses coéquipiers. Quitte à prolonger l’attente de tout un pays, sevré de trophée depuis 22 ans. Si/AFP