Elles ne se connaissaient pas avant de poser le pied sur le pont. L’Argentine Laura Alcoba, l’Iranienne Naïri Hanapétian et l’Ivoirienne Muriel Diallo viennent d’embarquer sur la Péniche du livre qui appareille pour un voyage immobile de trois semaines au port de plaisance.
Bienvenue à bord ! La marine d’eau douce, c’est exotique quand on arrive d’au-delà les mers. Cela se lit dans le regard de ces jeunes femmes écrivains qui ont tout juste pris possession de leurs cabines et se préparent pour le premier café littéraire de leur résidence nautique. Vaguement curieuses de cohabiter avec des consœurs : « L’écriture, c’est une activité solitaire », observe Laura Alcoba, dont Naïri Hanapétian, qui situe ses romans policiers à Téhéran ou à Ispahan, a lu un livre. « Il m’avait été recommandé par un ami. »
Elles se racontent leurs parcours, découvrent qu’elles sont toutes les deux arrivées en France très jeunes et que leur pays natal constitue leur matériau de prédilection. « Moi, j’avais 35 ans quand je me suis fixée ici », se distingue Muriel Diallo en se découvrant pourtant des points communs avec ses coéquipières : « Avec la distance, le regard change en profondeur. Le fait de vivre ailleurs te donne une grande liberté. » Ce mercredi matin, c’est ensemble qu’elles se rendront à la maison d’arrêt pour une rencontre avec les détenus. Elles resteront ensemble l’après-midi pour animer un atelier d’écriture dans l’entrepont. Elles se retrouveront à trois vendredi soir pour le cabaret lecture avec des musiciens folk (lire ci-dessous). Entre-temps, leurs chemins se sépareront pour les apéritifs littéraires dans les médiathèques d’Auchel et de Richebourg, pour les causeries dans les lycées de Beuvry et de Bruay, ou à l’école primaire Prévert à Beuvry.
Tout cela sans oublier leur cœur de métier : l’écriture. Le contrat prévoit la production d’un texte inspiré par le séjour béthunois. Lors de la première édition des Lettres nomades, dans la programmation de la capitale régionale de la culture, les diverses contributions avaient été réunies dans un ouvrage mis en vente lors de la fête du Livre. Cette fois, la publication est prévue bien plus tard, explique Laura Alcoba. « Cela nous laisse une grande liberté. L’essentiel, c’est que la petite graine naisse ici. »
Fête du Livre, les 1er et 2 juin, Grand-Place.
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