La Montréalaise Julie Carpentier se souviendra longtemps de son voyage en Argentine avec une amie, en 2007. Pour dénicher un endroit où dormir quelques nuits à Buenos Aires, elle a utilisé le service de partage d'hébergement couchsurfing.org.
Un Argentin lui a proposé de partager son logement. Affaire conclue. À leur arrivée, les deux touristes ont plutôt été logées dans un... bateau.
L'Argentin venait de vendre son logement de Buenos Aires et son bateau de luxe était devenu sa résidence principale. «Le gars possédait un voilier deux-mâts, dans le port de Buenos Aires. On avait chacune notre chambre, c'était génial !», s'est-elle souvenue. Et c'était toute une aubaine, car l'hébergement ne leur a pas coûté un sou.
Créé en 2004 par un étudiant américain, couchsurfing.org permet aux voyageurs du monde entier d'offrir ou de rechercher un hébergement de courte durée, gratuitement. Les utilisateurs se créent un profil personnel (à la manière de Facebook), utilisent des forums et une messagerie interne pour discuter de leurs projets de voyage, de leurs intérêts. On peut y développer une liste «d'amis», référer d'autres membres, organiser des activités de groupe, etc.
Quatre ans après sa fondation, en 2008, couchsurfing.org revendiquait 400 000 membres; en octobre 2012, ils étaient plus de 4,8 millions. À Montréal seulement, il y a 26 372 hôtes inscrits, a confirmé lundi le service de support de couchsurfing.org. Cette communauté montréalaise dépasse, toutes proportions gardées, celle de Paris (qui compte quelque 78 000 hôtes).
Perte économique ou tourisme parallèle ?
«La course au meilleur prix, ou l'offre de dernière minute est devenue incontournable, soulignait en janvier dernier le Réseau de veille en tourisme de la Chaire de tourisme Transat de l'École des sciences de la gestion de l'Université du Québec à Montréal dans une revue des «tendances» pour l'année 2013. Cet engouement pour les voyages économiques se retrouve dans le succès et le développement exponentiel des sites Internet d'échange de maisons ou d'appartements entre particuliers. »
Les touristes «échangistes» représentent-ils des clients en moins pour les hôtels, motels, gîtes, auberges, etc.? Difficile à quantifier. Au ministère québécois du Tourisme, on se dit incapable d'avancer un chiffre.
Pour Benoît Duguay, titulaire du Centre international de formation et de recherche en tourisme de l'UQAM, les adeptes du partage de divans sont des voyageurs au budget serré «qui, de toute façon, n'iront jamais dormir dans un hôtel à 150 $ par nuit». L'universitaire déplore une certaine «luxurisation» de l'offre, qui empêche la classe moyenne de voyager sans s'endetter.