MARCOUSSIS, Essonne (Sipa) -- Jadis enfant prodige du rugby français, aujourd'hui ouvreur ressuscité du quinze tricolore, avec une carrière tumultueuse entre les deux, Frédéric Michalak débute samedi une nouvelle vie en bleu face à l'Australie à Saint-Denis.
Onze ans après sa première titularisation victorieuse, déjà face aux Wallabies (14-13), le joueur âgé de 30 ans n'a jamais douté de revêtir à nouveau le maillot bleu sur le sol français.
"Bien sûr, j'ai toujours eu en tête de jouer en équipe de France", a affirmé jeudi, sans forfanterie, Michalak en conférence de presse. "Il y a un nouveau staff et je fais partie de la nouvelle aventure. Pour moi, ce n'est pas une revanche, juste un plaisir."
Artisan avec 19 points de la victoire dans le second test face à l'Argentine en juin (10-49), il a convaincu le nouveau staff de lui offrir "une belle preuve de confiance".
En 56 sélections (270 points), 50 sous l'ère Bernard Laporte, 4 sous l'ère Marc Lièvremont, et 2 sous l'ère Philippe Saint-André, le Toulonnais a connu tous les honneurs et toutes les déchéances. Que ce soit une grosse boulette, une gourmandise coupable ou un coup de pied approximatif, rien n'a été pardonné à ce talent précoce.
Formé à Toulouse, le joueur a puisé sa force dans cette trajectoire bâtie sur des "bons" et des "mauvais moments" comme des "blessures", des "remises en causes" ou des "dépressions".
"Les choses ne viennent pas d'elles-mêmes. Il faut travailler et s'entrainer dur. Ne penser qu'à cela pour revenir au plus haut niveau", a reconnu Michalak. "J'ai toujours voulu revenir en équipe de France. A un moment donné, je n'ai pas fait les efforts supplémentaires pour réussir."
"Un coup de vieux"
Son attachement aux Bleus l'a incité à revenir en France, à Toulon, alors que l'Afrique du Sud lui convenait à tous les niveaux. Le double aller-retour pour participer au Super 14 en 2008 et au Super 15 en 2012 avec les Sharks de Durban lui été bénéfique pour la tête, le corps, plus étoffé grâce à une préparation physique plus longue, et le jeu, plus complet et posé.
Devenu plus mature, il "ne se pose plus de question" sur sa polyvalence en neuf et dix et accepte de passer "facilement" d'un poste à l'autre. Ce travailleur acharné a appris à devenir le chef d'orchestre dans un jeu plus structuré, faisant des choix aussi simples qu'efficaces sans trahir sa créativité.
"J'essaie de faire mon boulot: orienter le mieux l'équipe et garder le rythme", résume-t-il. Samedi, il lui faudra aussi buter et défendre, tâches qu'il n'a jamais rechigné à faire.
Désormais leader par son vécu, Michalak "rigole" encore du "coup de vieux" reçu en apprenant que son nom était le mot de passe du compte e-mail de son équipier toulonnais Pierrick Gunther ou qu'il était l'idole de jeunesse de Vincent Martin, un autre équipier.
Lui ne s'enflamme plus depuis longtemps et n'aspire qu'à une seule chose: vivre une longue vie en bleu jusqu'à la prochaine Coupe du monde.
"Ce serait bien de gagner ce premier match samedi", sourit-il. "L'équipe de France est ouverte à tout le monde. Il ne faut pas penser que le joueur présent aujourd'hui sera là demain. Il faut la mériter."
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