Cette hégémonie souligne en creux le déclin des nations du Nord, qui avaient toujours placé au moins un représentant (la France en 1999 « année basse ») dans le dernier carré.
Le XV de France, balayé par les All Blacks (62-13, 9 essais à 1) samedi soir à Cardiff, symbolise cette glissade des nations majeures du Nord. Les Français, qui avaient raté le dernier carré en 1991, sont absents des demi-finales pour la deuxième fois en huit éditions du Mondial. Seule équipe « nordiste » championne du monde, l’Angleterre, sacrée en 2003, a été éliminée avant même la fin de la phase de poules.
La chute de la « maison Europe » fait les affaires de l’Argentine, victorieuse de l’Irlande (43-20) hier pour signer son retour en demi-finale, huit ans après sa première apparition lors du Mondial-2007. Les Pumas avaient alors terminé troisièmes. Cette place sur le podium avait offert aux Pumas un visa pour le Four Nations, compétition internationale de l’hémisphère sud qui leur permet d’affronter l’Afrique du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande chaque année depuis 2012.
Les Pumas sont donc habitués à croiser l’Australie, leur adversaire dimanche prochain à Twickenham et nation face à laquelle ils avaient remporté leur premier succès « historique » dans le Four Nations, en octobre 2014 à Mendoza.
En revanche, les confrontations Pumas-Wallabies sont rares en Coupe du Monde ; deux seulement en 1991 et 2003 pour deux succès Australiens en phase de poules.
Pour accéder aux demi-finales, les Wallabies ont quand même surmonté une grosse frayeur face à l’Ecosse, battue (35-34) sur une dernière pénalité de l’ouvreur Bernard Foley, alors que les Ecossais menaient (35-34). Le capitaine écossais Greig Laidlaw a mis en cause la décision d’accorder cette pénalité, prise par l’arbitre sud-africain Craig Joubert.
Blacks-Boks, un grand classique
A l’inverse d’Argentine-Australie, l’autre affiche « Blacks-Boks » est un grand classique du rugby international et de la Coupe du monde. Leur première rencontre en Coupe du monde appartient à la légende : elle avait vu la victoire des Springboks (15-12) en finale de l’édition 1995. Le trophée avait ensuite été remis au capitaine sud-africain François Pienaar par le président Nelson Mandela, revêtu pour l’occasion du maillot vert bouteille des Springboks.
Quatre ans plus tard, les deux équipes s’étaient retrouvées à Cardiff avec pour enjeu la 3e place du Mondial-1999 sur la pelouse du Millennium. Cinq jours après une défaite en demi-finale face à la France (43-31), les All Blacks avaient été battus (22-18). Au petit matin suivant, le sélectionneur John Hart avait annoncé sa démission, avant même le retour en Nouvelle-Zélande. Enfin, en 2003, les Néo-Zélandais s’étaient largement imposés (29-9) en quart de finale. Pour revenir dans le dernier carré dont ils étaient absents en 2011, les Sud-Africains, sacrés en 1995 et 2007, ont difficilement battu le pays de Galles 23-19 samedi à Twickenham.
Quatre semaines après l’ahurissante défaite face au Japon (34-32) qui avait entraîné une remise en question générale, les Boks ont confirmé le retour aux fondamentaux à base de pilonnage par les avants. Les All Blacks ont eux signé face à une triste équipe de France l’une des performances les plus abouties de l’histoire de la Coupe du monde, conclue par un succès record (62-13, 9 essais à 1).