River-Boca, les origines du Superclásico


River-Boca, les origines du Superclásico

Cliquez pour agrandir

Il aura fallu attendre plus d’un an suite à cette surprenante descente aux enfers de River Plate, mais l’attente aura valu le coup : le superclásico est enfin de retour ! Classé premier par The Observer dans la rubrique "les 50 événements sportifs à voir avant de mourir" ou encore vendu comme "l’expérience la plus intense du monde" par The Sun, il est clair que ce match est bien plus que seulement du football. Le Monumental de Buenos Aires fera le plein ce week-end pour un match aussi attendu que dangereux. Dimanche, cela fera 99 ans, 2 mois et 5 jours que cette rivalité est née, l’équivalent de 36 226 jours. Deux clubs qui se sont affrontés à 215 reprises depuis l’ère professionnelle. Ce superclásico n’a rien à voir avec les nouveaux derbies, celui-ci est beaucoup plus que cela. En effet, ce qui a commencé par une bagarre pour un quartier s’est transformé en une guerre pour dominer un pays...

Pourquoi tant de haine ?

Cette lutte a commencé dans un quartier. Ce phénomène de battre l’autre pour pouvoir se vanter de dominer le lieu ne date pas de maintenant, la preuve. Deux équipes pour un district, le quartier portuaire de La Boca au sud-ouest de Buenos Aires. Le tout premier quartier de la ville, servant à sa naissance à accueillir les esclaves. Ce petit bout de terre était déjà lieu de rebellions à la fin du 19e siècle avec une grande grève qui avait permis à La Boca de gagner son indépendance de l’Argentine pour devenir une République. Tout cela car les immigrants génois le voulaient ainsi, jusqu’à ce que le général Julio Argentino Roca envoie son armée pour stopper le conflit de la micro-nation. C’est dans ce petit quartier mouvementé qu’est né River Plate en 1904 (la vraie date de fondation de River Plate n’est pas claire, ndlr) de la fusion de Santa Rosa et Rosales et, moins d’un an plus tard, cinq immigrants italiens décidaient de former de leur côté un club nommé Boca Juniors.

Ces deux clubs grandissent petit à petit et, en 1913, ils se défient pour la première fois de manière officielle (non professionnelle). C’est le 24 août 1913 que tout commence. Lors d’un match remporté par River 2-1 sur le stade du Racing, le match de football se transforme rapidement en un combat de boxe, d’abord sur le terrain et ensuite dans les tribunes. Une baston entre joueurs, entre supporters, le tout pour l’honneur. Voilà comment cette rivalité est née, avant de grandir toujours plus au fil des années.

1931, le premier superclásico en Primera División

Même si c’est 18 ans auparavant que la haine est apparue, c’est bien en 1931 que le premier vrai clásico a lieu. Le 19 septembre 1931, Boca Juniors reçoit River Plate pour le tout premier derby professionnel. 17e journée de championnat, alors que River mène 1-0 devant 34 000 personnes, trois de ses joueurs sont exclus par Mr Enrique Escola suite à des protestations sur le but égalisateur de Boca. Résultat, River abandonne le terrain et décide ne plus jouer, les points seront donc donnés aux xeneizes, et le premier clásico ne dure donc que 26 minutes, sympa ! Lors du match retour, à la 34e et dernière journée, Boca est déjà champion mais la rivalité et plus importante. Pas questions de donner des points à River ni de lever le pied. Le Millo prend une rouste 0-3 et double joie pour Boca qui en plus de lever le titre peut se proclamer "l’équipe du quartier", une distinction bien plus importante. River termine 4e de la Liga à 6 points de son ennemi juré, une grosse déception qui ne sera pas oubliée jusqu’au 19 novembre 1933 et une première victoire 3-1 pour le Millo lors d’un clásico. Plus important encore, River prive du même coup, grâce à ce succès, son pire ennemi d’un titre finalement glané par San Lorenzo.

Une tragédie jamais oubliée

Dans le football, rivalité rime généralement avec violence entre supporters. Mais la "pire tragédie du football argentin" n’eut rien à voir avec des bagarres. Le 23 juin 1968, River reçoit Boca dans le magnifique stade Monumental plein comme un œuf. Suite à un match soporifique qui se termine sur le score de 0-0 les supporters de Boca sortent de la Puerta 12 qui donnait sur Figueroa Alcorta. Pour sortir de cette tribune il fallait descendre 80 marches jusqu’à la rue. Un tunnel sombre qui allait se transformer en un entonnoir, un piège humain. Pour une raison toujours inconnue la porte qui séparait le stade de la rue n’était pas ouverte, les visiteurs désireux de sortir continuaient à pousser. Une avalanche incontrôlée de gens, un chaos total qui donnait la mort à 71 personnes, la majorité d’entre eux étant des enfants. Malgré plusieurs plaintes et investigations, le ou les coupables n’ont jamais été désignés. Les témoignages des survivants sont terrifiants, les "je ne touchais même pas le sol en marchant" ou "Ils m’avaient inscrit le numéro 19 sur le torse pensant que j’étais mort" donnent des frissons. A ce jour personne n’a payé pour cette tragédie, cela reste comme la plus grande énigme de cette rivalité qui continue son cours…

Le stade Antonio Vespucio Liberti, surnommé le Monumental, accueillera une nouvelle fois son pire concurrent dimanche. Avec l’envie que ces deux peuples ont de se retrouver depuis plus d’un an, il est sûr que l’ambiance sera électrique. La seule chose importante est que le spectacle se passe sur le terrain...

Leave a Reply