Quand ils s’entraînent sur les hauteurs d’Ushuaia, camp de base de la Fédération française de ski planté aux confins de l’hémisphère Sud, pour préparer le rendez-vous olympique de Sotchi, les skieurs tricolores retrouvent des repères alpins dans ce paysage magique de Patagonie. Bienvenue dans ce petit coin de Terre de Feu… tricolore.
Le décor est planté. Majestueux. À peine a-t-on quitté Ushuaia et son univers maritime que la montagne prend vite ses droits. Une belle chaîne, avec notamment le somptueux Monte Olivia, entourant la vallée. Et au milieu coule une rivière. Les tourbières enneigées envahissent la carte postale. Comme la forêt de faux hêtres, des Nota Fagos si particuliers. Au bout du monde, quand les nuages laissent la lumière du matin s’en mêler, Cerro Castor a de quoi parader. Tout l’hiver austral, les meilleures équipes du monde de ski alpin et de bosses y préparent activement la saison, olympique cette année. “Ça nous offre une reconnaissance mondiale”, assure Nicolas Prompt, responsable de la logistique et de l’événementiel. Le petit-fils d’une pharmacienne de Morzine est arrivé il y a neuf ans et n’est jamais reparti de Patagonie. “On veut être les leaders du ski pour toute l’Amérique du Sud.” De 3 000 skieurs et snowboardeurs pour les grosses journées actuellement (à 80 € le forfait contre 53 € pour les 3 Vallées), Cerro Castor veut grimper à 5 000. Les touristes affluent. D’Ushuaia, de Rio Grande ou de Buenos Aires, à trois heures d’avion. Ouverte en 1999La clientèle brésilienne, au gros pouvoir d’achat, débarque aussi en nombre sur la quinzaine de pistes. Une petite station des Alpes. Ouverte en juillet 1999, Cerro Castor a d’emblée développé des attaches alpines. Il y a d’abord Gaston Begue. Le grand patron de l’entreprise familiale avec son père Juan Carlos. « Gastone » est partout. Dans la dameuse ou derrière les écrans de contrôle de son nouveau bureau. Cet ancien coureur, 41 ans depuis mardi, sélectionné olympique pour l’Argentine en 1992 à Albertville et 1994 à Lillehammer, n’a pas oublié les hivers (l’été chez lui) passés dans les clubs français. A Villard-de-Lans ou à Morzine, où il connut notamment Fabien Saguez, l’actuel Directeur technique national (DTN) d’une Fédération française de ski (FFS) qui a plantée son drapeau tricolore pour marquer son territoire. “J’ai passé pas mal de temps en France”, dit-il, entre deux coups de fil et un expresso serré. L’Argentin a ensuite suivi une formation auprès de la Chambre de commerce de Grenoble, à l’Institut de formation de la montagne et du tourisme, “à Eybens”. Un télésiège d’occasion venu de La Plagne
Tous les deux ans, il ne manque pas de revenir en Isère pour le Salon de l’aménagement de la montagne (SAM). Pour l’aider à développer son activité, les coups de main alpins affluent pour ce Sud-Américain aussi sympathique qu’arrangeant. La FFS, avec ses entraîneurs présents chaque été au bout du monde, a déjà contribué au financement d’une dameuse à treuil. Un chauffeur avait même été livré pour donner ses conseils avec… Quoique les susceptibilités locales ne l’ont pas toujours bien accueilli. Les tapis en caoutchouc pour ne pas glisser sur la neige, le système de billetterie et de contrôle automatique des forfaits ont l’accent des Alpes françaises. Même si les Italiens ont aussi marqué leur territoire et bénéficient également d’une priorité pour s’entraîner, au grand dam des armadas étrangères (Autriche, Etats-Unis). “C’est dû à mon histoire, j’aime bien connaître les gens avec qui je travaille”, justifie Gaston Begue.
Il y a encore le dernier investissement en date : le télésiège rebaptisé Del Rio (de la rivière juste à côté), acheté d’occasion pour 370 000 €, que nous montre fièrement le directeur opérationnel depuis la fenêtre de son bureau. Après une première tentative avortée dans la station savoyarde, c’est bien la remontée mécanique du Bécoin, desservant le stade de slalom de La Plagne, qui tourne depuis juillet au-dessus de la piste Halcon Pelegrino. Gilles Brenier, le directeur des équipes de France masculines, a joué les intermédiaires, et le bureau d’études savoyard (Comag) a aidé à l’installation de dix-sept pylônes. Ils ont voyagé dans une vingtaine de containers jusqu’à la Terre de Feu. Les Alpes ne sont pas si loin... Dans le hall d’accueil, une horloge indique même l’heure des « Los Alpes ».
La ville la plus australe
Ushuaia, capitale de la province argentine la plus méridionale, la Terre de Feu, est considérée comme étant la plus australe du monde. Ses coordonnées géographiques sont 54°48’de latitude sud, 68° 18’de longitude ouest. Elle comptait 56 825 habitants en 2010.
climat subpolaire océanique
Ushuaïa bénéficie d’un climat subpolaire océanique comme celui de Reykjavik en Islande. Les saisons sont peu marquées avec des températures qui restent voisines de 0°C. Le climat s’avère relativement humide, le temps souvent nuageux et brumeux, avec de fréquentes chutes de neige, qui peuvent se produire à n’importe quelle période de l’année. Ushuaia et sa région sont connues pour ses vents brusques et violents, les « williwaws ».
Pour en savoir plus
Retrouvez le blog de notre envoyé spécial dans l’hémisphère sud et toutes les infos neige sur le site www.skichrono.com.
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