"Las tardecitas de Buenos Aires tienen ese qué sé yo..." "Les après-midi de Buenos Aires ont ce petit quelque chose de particulier", chantait Horacio Ferrer dans un des tangos les plus connus d'Argentine. Dans la chaleur moite d'un après-midi portègne, la nouvelle de l'élection du pape François a été accueillie par un cri de joie et un concert de klaxons. Florilège des premières réactions.
Père José San Martin, vicaire de la cathédrale de Buenos Aires
"C'est un grand honneur pour nous autres Argentins, mais ce n'est pas vraiment une surprise. Depuis son départ pour le conclave, le 26 février dernier, nous espérions secrètement qu'il serait élu. Le cardinal Bergoglio est un homme simple qui se déplace en métro et va volontiers au contact des gens. Quant à son âge, n'écoutez pas ceux qui disent qu'il est trop fragile pour assumer sa charge : depuis que je le connais, il ne s'est jamais excusé pour des raisons de santé."
Père Matias Bao, prêtre à Lima
"Je suis en poste dans une paroisse de la capitale péruvienne depuis trois ans. Mes amis péruviens vont pouvoir se moquer de moi : les Argentins ont la réputation d'être très orgueilleux. Qu'est-ce que cela va être avec un pape argentin ! Plus sérieusement, je suis convaincu qu'après Jean-Paul II et Benoît XVI, François sera un saint pape. Il a eu des paroles très fortes pour critiquer le libéralisme et la corruption qui gangrènent notre continent. Je crois que ce sera un des axes majeurs de son pontificat."
Ana Rollo, religieuse franciscaine
"J'ai pleuré de joie quand j'ai appris qu'il y avait une fumée blanche. Depuis le 28 février, nous nous sentions toutes un peu orphelines avec mes soeurs du couvent San José de Belgrano. Et quand nous avons appris que c'était le cardinal Bergoglio, nous avons été saisies par une immense émotion : un pape argentin qui prend le nom de saint François, c'est inespéré !"
Horacio Barilatti, retraité
"Je n'arrive pas à y croire ! Jorge Mario Bergoglio est un homme extraordinaire, avec une grande humilité et une immense culture. Il est très aimé en Argentine pour ses prises de position courageuses qui l'ont amené à s'opposer à plusieurs reprises à Cristina Kirchner, la présidente de la République. Le chavezismo est mort il y a quelques jours. Le populisme de Cristina est un mensonge. Mais lui ne nous a jamais trompés."
Roberto Rutti, chauffeur de taxi
"Je ne suis pas spécialement croyant, mais, quand j'ai appris la nouvelle, comme des dizaines d'autres chauffeurs de taxis, j'ai appuyé comme un fou sur le klaxon ! C'est un véritable missionnaire qui n'a jamais hésité à aller dans les villas miserias [les bidonvilles argentins, NDLR] pour porter la bonne parole dans les milieux les plus défavorisés. Et puis il est supporteur de San Lorenzo, comme moi !"
Luis Pedro Toni, journaliste
"Nous avons fait nos deux premières années de séminaire ensemble avant que je ne change de voie. Il venait de la paroisse de Flores et moi de celle de Villa Devoto. Jorge Mario n'hésitait pas à nous demander de prier pour son âme comme il l'a fait aujourd'hui. Je me fiche de savoir s'il est conservateur ou progressiste : pour moi, il va être révolutionnaire parce qu'il va mettre l'accent sur la préoccupation pour les pauvres."
Carolina Pozzi, étudiante
"C'est une excellente nouvelle pour toute l'Amérique du Sud et plus particulièrement pour l'Argentine. Nous avions déjà Maradona et la main de Dieu, Messi, qui est le meilleur joueur de football de tous les temps, et maintenant le pape ! Que peut-on demander de plus ?"