Rien d'amical dans cette lettre du nouvel an... Dans un texte publié notamment dans le Guardian ce jeudi, la présidente argentine Cristina Kirchner demande aux Premier ministre britannique David Cameron de mettre "fin au colonialisme sous toutes ses formes et manifestations" dans les îles Malouines et qu'il respecte des résolutions des Nations Unies votées dans les années 1960. Le message est d'ailleurs adressé en "copie" au Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon.
Commémorations
Pourquoi choisir de lancer une telle attaque à cette date précisément ? Officiellement, et elle l'écrit d'ailleurs dans sa lettre, il s'agit pour la présidente argentine de marquer les 180 ans de "l'occupation" britannique dans les îles Falkland ainsi baptisées par Londres.
L'an dernier, la chef de l'Etat argentin avait déjà profité des trente ans de la guerre des Malouines pour revenir à la charge. Elle a notamment annoncé qu'elle comptait prendre des sanctions à l'égard de cinq compagnies pétrolières qui exploraient les eaux territoriales des Malouines.
Elections, protestation, diversion ?
Cette nouvelle "agression" diplomatique intervient surtout quelques mois avant des élections législatives de mi-mandat en octobre en Argentine. Or celles-ci se préparent dans un contexte tendu pour la présidente. Fin décembre, des milliers de manifestants descendaient dans les rues pour protester contre sa politique. Et, de leur côté, les marchés se montrent de plus en plus suspicieux à l'égard d'un pays dont la note souveraine a été dégradée de cinq crans par l'agence Fitch fin 2012. En outre, le Fonds Monétaire International a récemment exigé des explications de Buenos Aires sur des chiffres d'inflation douteux (le pays prétendait enregistrer une hausse des prix de 10% alors qu'elle s'élevait plutôt à 25%), ce qui pourrait conduire à son exclusion de l'organisation internationale. Aussi réunir les Argentins sur un sujet fédérateur tel que celui des Malouines apparaît comme une tactique de diversion.
Référendum sur la souveraineté
Enfin, les habitants des îles en question doivent se prononcer cette année sur le maintien ou non de la souveraineté du Royaume-Uni à l'occasion d'un référendum qui doit être organisé au cours de la première moitié de l'année. Une échéance qu'a d'ailleurs rappelé David Cameron lors de ses vœux prononcés le 21 décembre.