Philippe Saint-André, le choix de Maxime Machenaud était-il votre option numéro 1 ou Morgan Parra était-il trop court pour débuter le match contre l’Australie samedi ?
C’est dans la logique du dernier test contre l’Argentine. On avait été content de la charnière, avec Maxime et Frédéric Michalak. Du fait que Morgan n’a pas pu s’entraîner lors des trois premiers jours, le choix a été plus simple, même s’il est revenu à 100%. On sait que pour gagner l’Australie, on ne va pas jouer à quinze mais à vingt-trois. Au niveau des buteurs, Michalak commencera et Florian Fritz peut prendre le but de loin. Machenaud peut aussi le faire, comme avec le Racing, et Parra, quand il rentrera, sera buteur numéro 1 bis.
Pensez-vous faire un bout de chemin avec cette charnière ?
Disons qu’on avait été très content de leur association lors du deuxième test en Argentine. Maxime Machenaud avait pris beaucoup de jeu au pied à son compte et ils s’étaient vraiment trouvés sur les quinze jours. C’était cohérent de repartir avec l’axe 2-8-9-10-15. Après, on sait que c’était l’Argentine B et que là, ce sera l’Australie A. Mais on avait peu de temps devant nous et il était important de retrouver le squelette de l’équipe qui avait débuté le deuxième test en Argentine.
Comment expliquez-vous la décision d’aligner Wesley Fofana à l’aile ?
Par rapport à ce qu’il a fait depuis le début à l’entraînement, on n’a vraiment pas envie de se priver de ses qualités de vitesse et d’accélération. C’est un joueur atypique, capable de venir de partout. Les Australiens aussi jouent avec un 13, Adam Ashley-Cooper, à l’aile. Durant le Tournoi des VI Nations, Wesley avait souvent commencé au centre mais avait fini des matchs à l’aile, comme contre l’Angleterre. Il avait aussi débuté à l’aile contre le pays de Galles. En Argentine, il avait également alterné entre les deux postes. On sait qu’il risque d’y avoir du coaching et on a besoin d’un joueur comme Wesley dans l’équipe. Même s’il commence ailier, il pourrait finir centre.
« C’est un défi exceptionnel à relever »
N’avez-vous pas peur de manquer de puissance en troisième ligne en associant Yannick Nyanga et Fulgence Ouedraogo aux côtés de Louis Picamoles ?
Damien (Chouly) préfère jouer numéro 8. On sait que les Australiens mettent énormément de vitesse et de rythme. On a voulu avoir une troisième ligne très réactive, qui peut aller les chercher très vite, parce qu’on sait qu’ils sont plus forts que nous.
Nyanga et Ouedraogo sont un peu dans le même profil. Comment se répartiront-ils les rôles sur le terrain ?
Yannick est plus dans le rôle de Thierry Dusautoir. Comme toute l’équipe, les deux troisième ligne vont devoir plaquer, chasser et contester. Mais Yannick sera plus gratteur. Il essaiera de tout faire pour ralentir les libérations rapides des Australiens, qui ont annoncé une équipe intéressante, avec six avants et deux trois-quarts sur le banc.
Yannick Forestier titulaire, vous avez donc été convaincu par ses performances à l’entraînement…
Oui, j’ai entière confiance en lui, comme en Jocelino Suta. On a voulu gagner du temps. On a pensé associer Yannick, Dimitri (Szarzewski) et Nicolas Mas ensemble, pour avoir après sur le banc une première ligne clermontoise, qui a plus de masse et d’automatismes. On sait que les Australiens mettent beaucoup de rythme et que beaucoup d’équipes sont en difficulté contre eux à partir de la 55eme. On veut avoir des joueurs frais et explosifs, capables de casser des plaquages. On a essayé d’avoir la meilleure balance possible entre ceux qui commencent et ceux qui rentreront sur le terrain.
Etes-vous satisfait de l’animation globale de l’équipe, quelles que soient les associations ?
Oui, pour le présent, comme pour le moyen et long terme. On n’a pas besoin de quinze joueurs, on en a besoin d’une trentaine. Le groupe est ouvert. On peut avoir un groupe de 23 sur ce match et rappeler des joueurs qui étaient dans les 33. Ce qui est important pour nous, c’est au niveau de l’état d’esprit samedi. C’est un super challenge pour nous. On joue ce qu’il se fait de mieux au monde après les Néo-Zélandais. C’est un défi exceptionnel à relever samedi soir au Stade de France. On a un groupe réceptif, qui travaille bien. Mais la vérité est celle du terrain et ce sont ces 80 minutes contre l’Australie.
« Le danger va venir de partout »
Avez-vous la boule au ventre avant votre premier gros test en tant que sélectionneur ?
Quand tu joues l’Angleterre ou le pays de Galles, ce sont aussi de gros tests (sourire). Je suis impatient de jouer l’une des meilleures nations au monde. Ce n’est que comme ça que l’on peut progresser, se jauger et que l’on peut voir le niveau actuel de l’équipe de France. Il faut trouver de nouveaux leaders. Les joueurs aussi sont impatients. Maintenant, il va falloir mettre le bleu de chauffe et faire un match de grande qualité. Il reste encore une bonne journée aujourd’hui (jeudi). Demain, ce sera l’entraînement du capitaine au Stade de France. Et puis, j’ai envie d’être samedi et de voir ces 23 Bleus en débattre pendant 80 minutes.
Comment avez-vous senti le groupe depuis le début de la semaine ?
Automatiquement, quand tu joues une nation comme ça, il y a un peu de crainte. J’ai vu que l’info est sortie mais ils avaient quartier libre mercredi. Ils ont préféré rester à Marcoussis, manger tôt et dormir pour récupérer. Ils sont dans le match. On sait que contre de telles équipes, si tu lâches un peu, ça peut aller très vite. Il va falloir être constants, agressifs et solidaires pendant 80 minutes.
Pensez-vous avoir les moyens de tenir le rythme sur l’ensemble de la rencontre et de ne pas craquer comme lors de la déroute de novembre 2010 (16-59) ?
On va espérer. On a revu le match, nous le staff. On était devant à la 45eme minute (16-13) et on en prend 59. Les Australiens, dès que tu manques un peu d’agressivité, dès que tu leur laisses du temps et de l’espace, ont tellement d’habitude de jeu que ça peut aller très vite. Ça fait onze matchs d’affilée qu’ils viennent de faire en commun. Beaucoup d’essais étaient venus des extérieurs, où ils nous avaient posé beaucoup de problèmes. C’est peut-être pour ça qu’on a mis Fulgence et Yannick, deux troisième ligne très rapides. Les décalages avaient été énormes sur les extérieurs, même si les Australiens se sont adaptés sur les derniers matchs. Contre l’Argentine, ils ont été très bons dans le jeu d’avants, dans le pick and go ou en mêlée, où ils ont mis à mal les Argentins. Et contre la Nouvelle-Zélande, ils ont joué beaucoup plus au près et utilisé la puissance de leur paquet d’avants. Le danger va venir de partout, mais à nous aussi de créer du danger.
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