Ces chevaux, victimes de maltraitance, sont émaciés, malades, blessés, et certains ont reçu de fortes doses d'anti-inflammatoires, révèle une enquête réalisée en 2012 et 2013 sur les marchés aux enchères, dans les stations de collectes, les enclos d'exportation, aux frontières, aux points de contrôles vétérinaires, dans les feedlots (parc d'engraissements intensifs) et les abattoirs.
«En plus du traitement inacceptable des chevaux, l'utilisation de phénylbutazone, ou d'autres substances dangereuses interdites dans l'UE, est courante et plusieurs chevaux ayant reçu cet anti-inflammatoire ont été tracés jusque dans les abattoirs canadiens», déplore Brigitte Gothière, de l'association L214, qui a mis en ligne «des vidéos (voir ci-dessus) de nombreux chevaux avec des plaies ouvertes, des yeux crevés, des membres déboîtés ou cassés, laissés sans soin; d'autres, morts, en décomposition, dans les feedlots».
Une valeur de plus de 66 millions d'euros
L214, aux côtés des associations Tierschutzbund Zürich (TSB/ AWF), Animals Angels' USA, GAIA et Eyes on Animals, «demande aux grandes surfaces de cesser de commercialiser de la viande chevaline en provenance des Amériques pour ne pas contribuer à maintenir le système en place et à faire subir aux animaux des traitements cruels, illégaux en Europe». Au moins 60% de la viande chevaline importée en France provient du continent américain. En 2012, 82 000 chevaux ont été abattus au Canada pour la consommation humaine, selon les associations. Environ 70% d'entre eux venaient des États-Unis (où les abattoirs ont été fermés en 2007).
Ces chevaux étaient d'anciens chevaux de courses, de promenade et de travail et ont été achetés sur des marchés aux enchères par des maquignons. En 2012, la France a importé 16 900 tonnes de viande de cheval, pour une valeur de plus de 66 millions d'euros. Les principaux fournisseurs sont le Canada (4 100 t), la Belgique (2 091 t), l'Argentine (1 742 t), le Mexique (1 776 t) et l'Uruguay (1 730 t). Selon cette enquête, la production totale de viande chevaline française s'élève à 7 080 tonnes. Les Français ont consommé en 2011 environ 290 grammes de viande de cheval par habitant et par an, une consommation qui a baissé de 42% en dix ans. Contactée par L'essentiel, la Sécurité alimentaire du Luxembourg n'était pas joignable ce jeudi matin.
(L'essentiel/AFP)