«Nous ne devons pas être obsédés par Messi»

Ottmar Hitzfeld, vous n'avez jamais caché votre admiration pour Lionel Messi. Est-il juste d'affirmer qu'il est votre joueur préféré?

«Oui, c'est exact. C'est un réel plaisir de le voir jouer. Je suis un grand fan de Lionel Messi. Avec lui, le football c'est la joie»

D'accord, mais mardi, c'est l'Argentine que la Suisse rencontre...

«... et Lionel Messi. A Sao Paulo, j'espère tout simplement ne pas devoir admirer le jeu de Lionel Messi. Nous ferons tout pour limiter son rayon d'action».

Mais peut-on le neutraliser ? L'an dernier, vous aviez écrit que le seul moyen de le stopper était de tisser une toile autour de lui.

«Oui. L'an dernier, le Bayern Munich y était parfaitement parvenu en demi-finale de la Ligue des champions. Messi s'était vraiment retrouvé enfermé dans une toile. Cela exige de la part de l'adversaire une concentration de tous les instants et un comportement qui n'autorise aucune erreur. Jupp Heynckes avait demandé à ses joueurs une discipline de fer lors de ces deux matches. Ils s'y étaient tenus. Mais nous ne devons pas être obsédés par Lionel Messi. Les Argentins possèdent dans leurs rangs d'autres joueurs de grande valeur. Et même avec le forfait d'Aguero, il leur reste des hommes capables de marquer à n'importe quel moment».

Quelles chances s'offrent-elles à la Suisse mardi?

«Nous devons rester fidèles à notre philosophie de jeu. A savoir s'appuyer sur une très bonne organisation, évoluer d'une manière très compacte, accepter les duels et être très rapide dans le jeu de transition. Je suis convaincu que nous nous créerons des occasions contre l'Argentine. Nous sommes les outsiders, mais nous nous fixons aucune limite. Nous n'avons rien à perdre, mais tout à gagner. Nous aurons la possibilité mardi d'écrire l'histoire. Mes joueurs pourraient vivre l'un des plus grands moments de leur carrière. Sur un match, tout est possible.»

Plusieurs équipes européennes l'ont appris à leurs dépens: l'Espagne, l'Angleterre, l'Italie et le Portugal...

«Les éliminations de ces quatre équipes donnent encore plus de valeur à la qualification de la Suisse pour les huitièmes de finale. Passer le premier tour était notre premier grand objectif. Nous l'avons relevé après avoir dû livrer trois matches particulièrement difficiles. Nous pouvons regarder notre parcours avec une légitime fierté. Je pense qu'en Suisse, les gens ressentent également cette fierté. En revanche, je ne suis pas convaincu que certains journalistes qui nous suivent au Brésil soient vraiment heureux de notre réussite.»

Dimanche, la délégation suisse quitte Porto Seguro pour Sao Paulo avec armes et bagages. Pourquoi ce choix de ne pas revenir au camp de base ?

«Nous n'avons pas pris cette décision pour pouvoir sauter dans le premier avion pour la Suisse. Si nous battons l'Argentine mardi, nous aurons notre quart de finale à Brasilia samedi déjà. Il vaut mieux partir tout de suite pour Brasilia, où se déroulera ce quart de finale. Jouer à Brasilia qui culmine à 1200 m demande une certaine adaptation. Nous avons pu mesurer contre l'Equateur toute la difficulté pour bien prendre ses marques. Mais il est trop tôt pour évoquer les quarts de finale.»

Pensez-vous que le match de mardi sera peut-être le dernier de votre carrière ?

«Non. Pas une seconde. Ma concentration est toute tournée vers le prochain match. Et dans ma vie, le match à venir a toujours été le plus important».

(si)

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