Leurs pas résonnent sur le plancher, leurs voix se mêlent au son des verres qui trinquent et des éclats de rire. On croirait presque qu’Édouard Deluc et Philippe Rebbot sont encore quelque part en Argentine entre deux prises de Mariage à Mendoza. Ebahis comme des gamins les deux hommes sont presque surpris d’être là, mais heureux. À leurs côtés, Nicolas Duvauchelle est tout aussi content de s’être joint à l’aventure.
La famille sur le tournage
Dans ce film relatant le périple d’Antoine et Marcus, deux frères en route vers le mariage de leur cousin, la famille est un des thèmes centraux. Il en a été de même pour le tournage. En plus des acteurs et de l’équipe technique, Édouard Deluc et Philippe Rebbot ont embarqué leur petite famille dans cette folle épopée. Pendant 2 mois, la joyeuse troupe a suivi l’évolution du film, entre le désert patagonien et les ruelles de Buenos Aires, où l’improvisation alcoolisée se confondait joyeusement avec les contraintes du scénario.
Le résultat se ressent vivement à l’écran : Mariage à Mendoza est un road trip doux-amer mêlant savamment l’humour et l’émotion. Jusqu’à ce que les deux frères arrivent à la noce, ils auront, dans le désordre, dansé un slow dans une maison close, cherché des météorites, et même eu le temps de se réconcilier avec leurs démons. Le douanier argentin aurait dû se méfier quand, au sortir de l’avion, Marcus lui avait juré avec véhémence : «Promis, vous n’entendrez pas parler de nous en Argentine!»
Coup de foudre pour le pays
À l’origine, Mariage à Mendoza est une histoire de rencontres : celles de son réalisateur. Parti il y a 8 ans à la découverte de l’Argentine, Deluc a eu un coup de foudre immédiat pour ce pays vibrant : «Il y a quelque chose qui a particulièrement stimulé mon imaginaire. J’ai ressenti beaucoup de fraternité, de chaleur humaine, et le film raconte ça aussi. Les rapports humains là-bas sont tout de suite assez forts. Je me suis rendu compte que c’est vraiment là et pas ailleurs que j’avais envie de faire un film.»
Avant de traverser l’Atlantique, ce Français diplômé des Beaux-Arts a commencé sa carrière en tournant des vidéoclips, notamment pour Jean-Louis Murat ou Mickey 3D. C’est sur un de ces tournages qu’il fait la rencontre de Philippe Rebbot, un grand dadais dégingandé plus habitué à la régie ou à l’écriture de scénario qu’au jeu d’acteur. «Dès que je l’ai vu, j’ai eu envie de le filmer, et ça n’a pas cessé depuis.»
La somme de ces deux rencontres donne naissance, en 2009, à Donde Esta Kim Basinger, un court-métrage dans lequel deux frères partent rejoindre leur cousin qui se marie en Argentine. Le prélude de ce qui sera, 2 ans plus tard, Mariage à Mendoza. Mais à l’époque, les deux hommes étaient encore loin de s’en douter.
Plébiscité par le public et la critique, le court connaît un franc succès dans les festivals. C’est ce coup de pouce décisif qui met à Deluc le pied à l’étrier pour le long-métrage. Il s’est alors attelé à écrire la version longue autour du personnage de Marcus, écrit pour Philippe Rebbot.
Il offre ainsi son premier grand rôle au cinéma à cet homme qui pourtant déteste se voir à l’écran. Mais il est le seul à être de cet avis, car quand il entre dans le champ de la caméra, Rebbot irradie l’écran de son aura solaire. Sa grande taille et son jeu burlesque évoquent un acteur doté des mêmes initiales, cher à Deluc : «Je sais que quand je filme Philippe, il y a une part du môme que je suis qui a admiré Pierre Richard à la télévision dans les années 80 qui revit, qui vibre et qui rigole.» À partir de ce mercredi, ce rire communicatif se propagera, on l’espère, dans les salles de cinéma.