Maradona à la Coupe du Monde, c'est d'abord l'histoire d'un rêve de gamin. Pendant que les autres gosses commencent à caresser le cuir, lui le dompte déjà. Très vite repéré par les médias en raison d'un talent éclaboussant, il clame son ambition à une télévision argentine : « J'ai deux rêves, disputer une Coupe du Monde, et la remporter avec l'Argentine ». Diego ne le savait pas encore, mais il allait marquer à jamais l'histoire de la Coupe du Monde, et du football plus généralement. Retour tout en illustrations sur le parcours du Pibe de Oro dans la plus prestigieuse des compétitions.
MARADONA ANNONCE SES REVES (VIDEO)
1978, la première déception
Issu d'une famille pauvre d'un quartier de Villa Fiorito dans la banlieue de Buenos-Aires, Diego Maradona trouve très vite un moyen de quitter un quotidien morose, en s'évadant sur les terrains de football. A 16 ans, alors qu'il joue encore pour les Argentinos Juniors, son premier club, Luis Cesar Menotti, alors sélectionneur de l'Albiceleste, l'appelle pour disputer son premier match, face à la Hongrie. Dieguito régale et stupéfie les foules par son talent. Le génie précoce n'a alors qu'une ambition, disputer la Coupe du Monde 1978 qui a lieu dans son pays, l'Argentine. Il entretient l'espoir jusqu'aux ultimes instants, mais au moment où il découvre la liste des joueurs sélectionnés, c'est la stupeur. Diego Maradona n'y figure pas. Incompréhension et amertume règnent alors chez les supporteurs. Maradona vit sa première déception, et avouera ne s'en être jamais réellement remis. D'autant que, quelques semaines plus tard, Daniel Passarella, capitaine de l'équipe argentine, soulevait la coupe.
Contrarié et touché dans son orgueil, Diego relève la tête. L'année suivante, il remporte la Coupe du Monde des espoirs, paré du brassard de capitaine. L'Argentin brille durant toute la compétition, étonne et détonne. Il en est d'ailleurs nommé meilleur joueur. Mais sa joie n'égale pas la tristesse de sa précédente déception. Maradona veut la Coupe du Monde, pas celle des Espoirs.
1982, premier coup de sang
Quelques années plus tard, Menotti sélectionne Diego pour la Coupe du Monde 1982, qui devait avoir lieu en Espagne. Le premier rêve de Maradona se réalise, mais tourne vite au cauchemar. En poules, l'Argentine se qualifie difficilement, en terminant deuxième de son groupe derrière la Belgique. D10S profite du match face à la Hongrie pour inscrire son premier doublé au mondial. Lors du second tour, l'Albiceleste hérite du groupe le plus relevé, et doit en découdre avec l'Italie et le Brésil. Le premier match tourne à la catastrophe, et l'Argentine de Passarella s'incline 2-1. Marqué à la culotte par un Claudio Gentile de feu, Diego ne peut s'exprimer. Qu'importe, en battant le Brésil, la bande à Menotti peut espérer rallier les demi-finales. Mais là encore, rien ne se passe comme prévu. Le Brésil balaie son rival historique 3-1 et, pis encore, Maradona est l'auteur de son premier coup de sang. A cinq minutes du coup de sifflet final, il se venge en assénant un violent coup de pied dans le ventre à Batista. Il est expulsé, et l'Argentine éliminée. La controverse Maradona pouvait commencer.
1986, du rêve à la réalité
En 1986, Diego Maradona joue à Naples, et devient l'idole de tout un peuple. Non rassasié de la folie partenopei, l'Argentin veut briller aux yeux de son pays. Il compte alors sur la Coupe du Monde 1986 qui a lieu au Mexique pour rafler sa première Coupe du Monde. L'Albiceleste termine première de son groupe, et Maradona en profite pour se venger de l'Italie en égalisant (1-1) lors du match. En huitièmes, via un pion de Pasculli, les Argentins sortent l'Uruguay, 1-0. En quarts de finale, face à l'Angleterre, les choses sérieuses peuvent commencer. Sans un Diego Maradona au top de sa forme, l'Argentine est condamnée à un exploit. Le match est d'autant plus explosif qu'il se dispute dans un contexte historique tendu. En effet, la guerre des Malouines, récemment perdue par l'Argentine face à l'Angleterre de Margaret Thatcher, est encore dans tous les esprits. L'Estadio Azteca de Mexico allait devenir le théâtre d'une revanche menée sur tous les fronts.
Les deux équipes disputent une première mi-temps correcte, mais aucune des deux ne parvient à prendre l'avantage. Au retour des vestiaires, l'histoire allait être témoin du génie de Maradona. A la 51ème minute de jeu, Maradona s'amuse avec le cuir, et dribble trois défenseurs. Sur un ballon mal dégagé de Steve Hodge, Diego ouvre le score de la tête. C'est en tout cas ce que l'arbitre pense. Les Anglais, furieux, s'en prennent à Ali Benacoeur, l'homme en noir. Et pour cause, Maradona n'a jamais inscrit le but de la tête, mais bel et bien avec sa main. Un but qui allait marquer à jamais l'histoire de la Coupe du Monde. Après le match, Maradona invoque Dieu : « le but a été marqué un peu par la tête de Maradona, un peu par la main de Dieu. »
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LA MAIN DE DIEU (VIDEO)
Trois minutes plus tard, Maradona inscrit le but le plus connu de l'histoire du foot. Accompagné de son plus fidèle compagnon, le ballon, il part de sa moitié de terrain. A toute vitesse, il dépose un à un les Anglais, avant de tromper le gardien d'un but venu d'ailleurs, considéré par beaucoup comme le plus beau but de l'histoire. A lui seul, Diego élimine les Anglais et venge tout un peuple. En l'espace de quelques instants, durant lequel le temps semble figé, Maradona montre ses deux visages. Celui d'un tricheur, mais avant tout un joueur d'exception. La suite de la compétition est tout aussi réjouissante pour l'Albiceleste. En finale, elle dispose de la RFA 3-2. Maradona réalise son deuxième rêve, et soulève la Coupe du Monde. La suite de la carrière de Diego ne sera que déception sur déception.
FESTIVAL FACE A L'ANGLETERRE(VIDEO)
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— Maradona Retro Pics (@MaradonaPICS) 20 Avril 2014
1990, un San Paolo partagé
Auréolé d'un Scudetto avec Naples, Diego Maradona aborde sereinement la Coupe du Monde 1990 qui a lieu en Italie. Après un premier tour laborieux, l'Argentine se hisse finalement en demi-finale, et doit affronter le pays hôte. Comme un clin d'œil du destin, la rencontre a lieu au San Paolo, antre du SSC Napoli. Il parvient à diviser le stade, partagé entre les encouragements pour l'Argentine, et les insultes envers sa pépite. Sur une pelouse où il a l'habitude de briller, il se qualifie avec l'Argentine pour la finale, lors de la séance de tirs au but. En finale, au Stadio Olimpico de Rome, l'histoire différente. Lors de l'hymne argentin, les Italiens sifflent et huent. Maradona, quant à lui, balance des « hijo de puta ». La RFA s'impose finalement 1-0, au terme d'un match plutôt terne.
1994, sortie par la petite porte
En 1994, Diego Maradona dispute, sans le savoir, son dernier Mondial. Agé de 34 ans, il rêve encore de gloire et de trophées. Revenu de loin après une suspension pour usage de stupéfiants (cocaïne), il espère redorer son blason, déjà bien sali par des scandales à répétition. Il n'y dispute pourtant que deux matches, et y vit son dernier coup d'éclat. Face à la Grèce, il inscrit une praline d'anthologie, qui se loge directement dans la lucarne. Sa célébration est tout aussi mythique, où il exulte avec un visage déformé par la rage.
COUNTDOWN - 78 days! Diego Maradona produces a demonic celebration after scoring against Greece in 1994. pic.twitter.com/oH5o3SVXV3
— World Cup 2014 (@Brazil14WC) 25 Mars 2014
SON DERNIER BUT (VIDEO)
Mais l'enfant terrible du football n'en avait guère fini avec ses démons. A la fin de la rencontre, il est arrêté par la police pour dopage à l'éphédrine. En conférence de presse, il déclare alors une phrase mythique : «me cortaron las piernas », littéralement « ils m'ont coupé les jambes ».
"me cortaron las piernas" pic.twitter.com/UDFpiyPKA3
— Maradona Retro Pics (@MaradonaPICS) 5 Mars 2014
Parce que Diego est un battant, il se reprend en main et retrouve les terrains. Cette fois-ci, pas en tant que joueur, mais bel et bien comme entraîneur de la Seleccion. Avec Messi et consorts, il participe à son cinquième Mondial, en 2010. Il s'incline finalement 4-0 contre l'Allemagne en quart de finale, et quitte son poste dans la foulée.
Un parcours lors des mondiaux qui illustre la grandeur du personnage, qui n'avait d'égal que son autodestruction.
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