Moi, je vais me faire soigner en Argentine, et vous ?

Certifié Durable Serge Fabre

Un confrère français écrivait il n’y a pas longtemps que « Le tourisme médical devrait devenir, dans les années à venir, une forme d’activité touristique prometteuse pour certains pays émergents"Désolé mais c’est déjà le cas depuis plus d’une dizaine d’années et bien sûr le marché va encore évoluer en fonction du coût des soins non remboursés par une assurance.

(NB : ce sujet est traité au niveau de la réalité économique. Mais faire très attention, dans plusieurs cas, il est déconseillé d’allar se faire soigner loins de son médecin traitant. En cause, par exemple, le suivi médical après opération)

Dès 2000, une tendance au bien être et santé

L’étude Cofremca/New Deal relève dès l’aube des années 2000, une tendance « bien-être et santé » très porteuse et prometteuse pour les années à venir en France et en Europe.

Au-delà de l’absence de maladie, les clients veulent se sentir bien, en pleine forme et bien dans leur peau. 

D’une vision négative (la maladie) et curative (se soigner), on assiste à un transfert vers une vision positive (se maintenir en forme, entretenir son capital santé) et de loisirs. En plus des besoins physiologiques des soins de santé, les clients du tourisme de bien-être sont de plus en plus en attente de véritables bénéfices en matière psychologique.

Le tourisme de bien-être s’intègre dans une vision plus holistique et intégrée (tant au niveau médical que touristique) de la prise en charge sanitaire de la personne (corps, esprit, et mental) et dont l’objectif est de vivre mieux et plus longtemps.

Ces impératifs sont inhérents au mode de vie actuel qui poussent notre santé à l’extrême et à la recherche de courts séjours permettant de rompre avec le rythme infernal de notre vie. Le tourisme de bien-être a donc pour objectifs de proposer aux visiteurs un large panel d’activités et/ou de traitements et d’apprentissages qui permettront de trouver un équilibre entre le physique, le psychique et le social. 

Le tourisme de bien-être comprend, par ailleurs, un certain nombre de déclinaisons, toutes complémentaires entre elles, dont l’une est le tourisme médical stricto sensu.

Ci-dessous un schéma qui permet de mieux comprendre les déclinaisons :

 


Le concept de tourisme médical

Le tourisme médical est le fait de « quitter sa résidence principale pour plus de 24h et moins de 3 mois afin de rejoindre une autre destination pour y subir un traitement médical. Cette notion de tourisme médical peut recouvrir deux formes majeures de traitement médical :

-        L’intervention chirurgicale, qui est ponctuelle et la convalescence postopératoire de durée assez courte (courts séjours allant jusque 21 jours)

-        L’intervention thérapeutique, qui suppose un traitement à long terme permettant la guérison et le rétablissement de la santé d’un patient qui a connu une maladie grave ou un accident, les traitements sont généralement beaucoup plus longs ( 21 jours).

Le tourisme médical, pour intervention chirurgicale, connaîtrait une forte croissance depuis les années 1990 ; croissance qui ne cesse d’augmenter par l’usage de l’internet, le packaging des prestations de soins médicaux et de bien-être en produits touristiques « all inclusive » et la professionnalisation du secteur qui connaît ses agents de voyages spécialisés et ses courtiers.

Le tourisme médical thérapeutique est synonyme de séjours plus longs et/ou beaucoup plus fréquents comme, par exemple, dans la prise en charge postopératoire ou le traitement d’une maladie chronique.

Le tourisme d’intervention chirurgicale appelle une place dans une clinique qui prendra en charge le patient étranger tandis que le tourisme médical thérapeutique peut se pratiquer dans un hôtel médical ou dans un médi-spa.

Le « medical wellness » est fortement développé en Allemagne, en Slovénie et en Hongrie depuis les années 2000 ; il est  commercialisé sous la forme d’un produit touristique « all inclusive » pour le patient et sa famille.

Notons donc que le tourisme médical induit un séjour motivé par une intervention médicale qui est le but du déplacement. Ceci exclut donc en principe les multiples séjours hospitaliers enregistrés par des hôpitaux situés non loin de lieux de vacances, fréquentés en saison par des touristes ayant rencontré un pépin de santé (songeons aux jambes cassées lors de sport de glisse).

Les interventions chirurgicales qui se pratiquent le plus à l’étranger concernent principalement :

1.    Opérations de chirurgie esthétique ou de reconstruction (USA, Mexico, Brésil, Canada, Argentine, Belgique)

2.    Dentisterie (Pologne, Hongrie, Costa Rica, Afrique du Sud, Panama),

3.    Orthodontie (Inde, Thaïlande, Afrique du Sud, Costa Rica, Caraïbes)

4.    Perte de poids (Inde, Thaïlande, Singapour)

5.    Prothèse de hanche (Inde, Thaïlande, Brunei, Allemagne, Malaisie, Singapour, Turquie)

6.    Interventions cardiovasculaires et transplantations (Colombie, Belgique, Argentine)

7.    Interventions liées à l’infertilité des couples (Barbade)

8.    Intervention au niveau des yeux (Inde, Russie, Colombie)

9.    Traitement du cancer (Belgique, Chine, Argentine, Finlande)

Quelques exemples concrets :

En Thaïlande, l’hôpital de Bangkok, le Burmrungrad International Hospital, a attiré plus de 355.000 touristes-patients en 2004. Cet hôpital a construit une annexe comprenant un centre administratif pour le traitement des visas, met à disposition une équipe d’interprètes pour accompagner les patients et s’est vu adjoindre un hôtel de luxe.

A Singapour, 375.000 visiteurs ont été accueillis dans les principaux hôpitaux de la ville. Singapour a pour objectif d’atteindre 1 million de touristes-patients d’ici 2012 et compte injecter 1,6 milliard dans l’économie de la santé d’ici 2012. Les patients viennent massivement d’Indonésie, de Malaisie.

Selon plusieurs sources, l’Asie du Sud-est  et l’Inde reçoivent près de 3,3 millions de touristes-patients chaque année et génère un chiffre d’affaire de 6,7 milliards d’euros. Le panier moyen de dépenses quotidiennes des touristes-patients en Asie est de 400€ par jour ; un touriste « ordinaire » dépense en moyenne 160€/jour.

Dubaï espérait devenir le leader mondial en 2015 du tourisme médical en construisant sa Dubai Healthcare City en 2010 pour un montant total d’investissement de près de 2 milliards d’euros.

L’Argentine et l’Allemagne se positionnent également sur ce marché. Un exemple européen remarquable est très certainement le développement de l’aéroport de Munich comme hub mondial du tourisme médical. Il sera en effet possible de se faire soigner en partie voire d’y subir une opération  sans sortir de l’aéroport. Cet aéroport dispose déjà d’un système d’imagerie par  résonnance magnétique, de 2 blocs opératoires et de 13 chambres médicalisées.

On évoquera dans un prochain article le Tourisme et Spa qui est un sujet très long et également en pleine croissance.

 

 

Cellule stratégique chez CUB - ULB - Hôpital Erasme

 


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