Ce soir à Santiago face au Chili, le numéro 10 argentin tentera de boucler une saison exceptionnelle en offrant à l'Argentine une Copa America que l'Albiceleste n'a plus gagné depuis vingt-deux ans. Histoire pour Lionel Messi de s'imposer enfin avec la sélection A de son pays.
À dix longueurs de Batistuta
«La puce» se doit de marquer profondément les esprits pour mettre fin à un équivoque : celui d’un joueur qui est catalogué comme bigrement moins efficace en sélection que dans les mécanismes bien huilés du FC Barcelone. Bien sûr, cela peut paraître un zeste sévère de dire cela d’un joueur capable de marquer 46 buts en 102 capes, chiffre qui le positionne au deuxième rang des meilleurs buteurs de l’Albiceleste, à dix unités du recordman Batistuta (46 buts contre 56).
Mais ses détracteurs soulignent que Messi, contrairement au Barça, a systématiquement raté les rendez-vous primordiaux lorsqu’il porte la tunique de son équipe nationale. Ce que confirment les deux précédentes finales de compétitions internationales jouées pour l’Argentine. En 2007, Messi (2 buts, 1 passe décisive) et ses compatriotes arrivent jusqu’en finale de la Copa America organisée au Venezuela au terme d’une parcours parfait (cinq victoires en autant de matches), mais ils explosent lors du dernier acte : 0-3 face au Brésil de Robinho !
Il passe au travers dans les matches à élimination directe
L’an dernier, Léo manque le coche en finale de la Coupe du monde, perdant 0-1 en prolongation face à l’Allemagne de Götze.
Statistiquement, Messi s’est révélé autrement plus pimpant en 2014 (4 buts, 1 passe décisive) que lors des deux éditions précédentes du Mondial (un but en 2006 sans jamais être titulaire, aucune réalisation en 2010 avec les clés de l’attaque entre les mains). On constate cependant que son emprise s’est délitée au fur et à mesure qu’avançait la compétition : auteur de dix buts pendant les éliminatoires du Mondial, le natif de Rosario a trouvé systématiquement le chemin des filets au premier tour de la phase finale (un doublé face au Nigéria et des buts face à la Bosnie et l’Iran), puis s’est éteint lors des rencontres à élimination directe. Surtout, il n’a pas su faire la différence en finale au Maracana, s’inclinant face à ces mêmes Allemands qui l’avaient sorti en quart de finale des Coupes du monde 2006 et 2010.
Des trophées seulement avec les jeunes
Battre le Chili samedi soir permettrait donc à Messi de rattraper une partie du temps perdu. Et de glaner son premier trophée en sélection A, lui qui en a déjà soulevé pour son pays dans les équipes de jeunes. Il y a dix ans, Léo avait en effet été sacré champion du monde juniors aux Pays-Bas. Après une défaite face aux Etats-Unis (0-1), les Argentins s’étaient imposés au cours des six matches suivants, dont une finale face au Nigeria gagnée 2-1 grâce à deux penalties de Messi, meilleur buteur du tournoi (six unités).
Trois ans plus tard aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008 (compétition réservée aux U23 avec trois éléments plus âgés en jokers), c’est encore le Nigeria que l’Argentine punissait en finale (1-0, but de Di Maria). Dans cette Albiceleste-là, les responsabilités avaient été partagées : onze buts marqués en six matches (tous victorieux) par sept joueurs différents (deux pour Aguero, Di Maria, Lavezzi et Messi, une unité pour Acosta, Buonanotte et Riquelme).