Sur le point de fêter ses 27 ans, le 24 juin, la vedette du FC Barcelone sait que l'éditon 2014 est "son" Mondial et il ne veut, à aucun prix, laisser passer l'occasion par manque d'implication ou à cause d'erreurs tactiques. C'est ce qu'il a signifié à Alejandro Sabella après la pénible victoire sur la Bosnie, 2 à 1, dans le premier match dimanche à Rio.
A son sélectionneur, qui avait opté pour un plan de jeu conservateur, Messi a envoyé dès la conférence d'après-match le message suivant: s'il comprend qu'on veuille prendre des précautions, il lui faut une équipe offensive pour qu'il puisse s'y sentir à l'aise.
"Nous sommes l'Argentine et il faut que nous soyons bons quel que soit l'adversaire", a dit "la pulga" dans un message clairement destiné à Sabella, devant les caméras du monde entier.
L'homme de Rosario n'aurait pas fait ce genre de déclaration au Mondial-2010 en Afrique du Sud. Même s'il était déjà à l'époque la star de l'équipe dirigée par Diego Maradona, il devait cohabiter avec d'autres poids lourds comme Carlos Tevez, non sélectionné pour le Brésil, et Javier Mascherano, alors capitaine.
Il aurait encore moins osé en 2006 en Allemagne, où il n'était encore qu'un gamin taiseux de 19 ans, voué au statut de remplaçant. Auteur d'un but dès son premier match contre la Serbie-et-Montenegro (6-0), il avait vécu depuis le banc la frustration de l'élimination par la Mannschaft en quarts de finale.
"Beaucoup de temps a passé et on grandit, on mûrit, sur le terrain et aussi en dehors", a déclaré Messi pour expliquer son changement d'attitude.
"Je me trouve dans un groupe dans lequel j'ai beaucoup d'amis. Je m'y sens bien et cela fait que je suis décontracté sur le terrain et en dehors", a-t-il ajouté.
De la même manière qu'à Barcelone, ou Pep Guardiola lui avait donné de plus en plus de pouvoir jusqu'à faire de lui le chef unique de l'équipe, Sabella, depuis son arrivée à la tête de la sélection en 2011, a laissé la bride sur le cou à Messi.
Il lui a confié le brassard après avoir eu une discussion avec l'ex-capitaine Mascherano et a cherché à "créer un climat dans lequel il se sentirait heureux", a-t-il dit lui-même.
L'une des composantes de ce "climat" est le soutien inconditionnel que lui apportent en toutes occasions ses coéquipiers, au moins en public.
"Pour nous il est une référence. C'est le capitaine et nous allons tous l'aider", a dit par exemple le défenseur Ezequiel Garay.
Dans le même style, le milieu de terrain Lucas Biglia a salué en Messi un "leader positif" que les joueurs doivent "aider pour qu'il se sente heureux et à l'aise".
Messi répond à ses démonstrations d'affection en absorbant toute la pression. Il est le premier à pénétrer sur le terrain, ne fuit pas la presse et assume ses responsabilités durant les matches, comme il l'a montré en marquant un superbe but contre la Bosnie.
Sachant que Sabella, et tous les autres joueurs, le considèrent comme l'atout maître sans lequel la victoire finale n'est pas envisageable, le N.10 demande en retour au coach de ne pas se livrer à des expériences qui pourraient compromettre l'objectif.
"Ce qu'il nous faut, c'est savoir avec quel système nous jouons", a-t-il dit après le match contre la Bosnie, lors duquel les Sud-Américains avaient été très décevants en première mi-temps puis nettement plus convaincants en seconde grâce à une tactique plus offensive.
"Nous avons plusieurs systèmes et, dans un match, nous pouvons passer de l'un à l'autre", a-t-il toutefois admis.
Ce que Messi ne veut plus revivre en tout cas, c'est un scenario semblable à celui du quart de finale perdu contre l'Allemagne en 2010. Bien trop naïve, l'Albiceleste avait été balayée 4 à 0 et Messi, inexistant, avait fini en pleurs.
AFP