Mermoz: "Je ne joue pas ma vie"

Brillant stakhanoviste du début de saison avec Toulon, Maxime Mermoz aura dû attendre le dernier test-match face à l’Argentine ce samedi, au Stade de France (21 heures), pour retrouver un statut de titulaire. Un retour au premier plan que le tout jeune papa accueille avec sérénité et une bonne dose de recul. "Comme un nouveau départ", reconnaît-il. Même si l’ambition reste la même.    

Maxime, vous avez pu penser une nouvelle fois ne pas jouer lors de cette tournée. Comment avez-vous accueilli ce retour en tant que titulaire ?
Je pense surtout à ce que j’aurai à faire samedi. J’espère que j’aurai de bonnes sensations. Disons que c’est dans la continuité de mon début de saison, sauf que là, c’est avec le maillot bleu. Ça faisait partie des objectifs, c’est-à-dire de retrouver ce groupe. C’était le cas avec les stages et là, c’est en portant le maillot. N’importe quel joueur présent ici a envie de jouer, et moi encore plus, qui suis là depuis un petit moment et qui joue par intermittence. Aujourd’hui, il y a comme un nouveau départ. Je ne pense plus au passé, mais juste à répondre présent.

Comment garde-t-on le moral dans ces moments-là, où on n’a pas droit de cité dans l’équipe ?
Ça, c’est mon problème personnel, ça n’est pas très grave. Que ce soit en club ou en équipe de France, il faut savoir garder pour soi les déceptions et les aspects négatifs et faire en sorte que ça n’influe pas sur le groupe. Ce n’est pas une revanche, même s’il y a des choses que je garde pour moi. Je les ai exprimées par le passé, je n’aurais peut-être pas dû, mais la vérité a toujours été sur le terrain et j’espère apporter ma réponse tous les week-ends.  

Le fait d’avoir pu enfin bénéficier d’une véritable intersaison, sans tournée d’été, a-t-il été décisif dans votre excellent début de saison ?
Ça faisait sept ans. J’ai plus coupé que d’habitude. C’est vrai qu’il y a une fraîcheur mentale et physique réelles. En tout cas, je ne pouvais pas me réjouir de ne pas partir en tournée. Mais j’avais quand même des choses à faire sur Toulon en restant auprès de ma fiancée enceinte.

Vous veniez d’enchaîner quatorze matches en tant que titulaire avec Toulon avant ces tests d’automne. N’avez-vous pas ressenti l’envie de réclamer un peu de répit à Bernard Laporte ?
Je peux, mais je me sens bien. Je fais le travail pour être performant tous les week-ends et si je me sens fatigué, je suis assez grand pour alléger certaines séances. (Mermoz ne figure parmi les 30 joueurs protégés du XV de France, ndlr). Je fais attention, j’essaye de ne rien laisser au hasard, d’être dans la prévention et l’anticipation.   

Ça paraît un peu bateau, mais la paternité vous aide-t-elle à faire la part des choses et à prendre du recul par rapport à votre carrière (Mermoz est l'heureux papa d'un petit Aaron depuis août dernier, ndlr) ?
D’en prendre un peu plus, certainement. L’arrivée de mon fils peut contribuer à une certaine maturité. Même, si depuis quelques années, j’arrive à beaucoup relativiser les choses, que ce soit dans les bons ou dans les mauvais moments. Mais quand on vise haut, on a toujours envie d’être le premier, de tout jouer et de tout gagner. Avec l’arrivée du bébé, ça me permet de m’aérer l’esprit et on pense alors encore moins à soi et plus à sa famille.

3 mois que tu es la ...et je t'aime tellement. ..merci à la vie et à @MorelBarbara  pour ce merveilleux bonheur #Aaron

— Maxime Mermoz (@MaximeMermoz1) 19 Novembre 2014

La très forte présence de Toulonnais, qui composent désormais le contingent n°1 en équipe de France, rend-elle votre présence plus confortable ?
Voilà vraiment quelque chose qui ne m’interpelle pas plus que ça. Depuis quatre ans, j’ai vu Toulouse fournisseur officiel de l’équipe de France, et puis, ça été Clermont, le Racing a été aussi fournisseur officiel, et même l’Usap, dont beaucoup de joueurs ici sont issus. Rien n’est figé. Mais c’est positif  et ça récompense en tout cas le travail qu’on peut accomplir à Toulon et les résultats. On ciblait beaucoup ce club pour le manque de joueurs français et c’est la meilleure des réponses. A nous de garder le niveau. 

Vous dites-vous qu’il vous faudra forcément prouver face aux Pumas ?
Comme tous les matches. Il faut aussi voir la physionomie de ce match. Il y a eu des matches, où les centres touchaient un ballon par match, ce n’est pas évident. Face à l’Australie, il y a eu beaucoup de défense. Il ne faut pas vouloir surjouer ou tomber dans l’excès d’individualisme. Ça reste un match de rugby, et ce n’est pas pourtant que je joue ma vie.    

Est-ce que ces Argentins ont selon vous foncièrement changer, comme on le dit, depuis leur intégration dans le Rugby Championship ?
On le voit, ils ont plus confiance en eux, ils sont plus dynamiques, plus physiques, derrière, ça n’hésite pas à jouer de partout, décomplexé. Ils ont beaucoup travaillé et réussi à élever pour se rapprocher de ces trois grosses équipes de l’hémisphère sud et même réussir à gagner leur premier match contre l’Australie. Ils ont fait aussi douter les All Blacks et les Boks aussi. On s’est dit que ça pouvait être encore plus forts que contre l’Australie parce qu’ils sont encore mieux organisés et plus virulents dans le combat.

Vous serez pour la première fois associé à Wesley Fofana avec deux profils techniques…
Oui. Mais les coachs ont une stratégie. Tous les deux, on essaie d’attaquer et de prendre les intervalles. Quand je joue avec Giteau à Toulon, on se régale aussi… Evidemment, quand tu as un joueur qui fait 110 ou 120 kilos, il apporte quelque chose, mais ça manquera peut-être d’autre chose. Il faut trouver le bon équilibre et surtout savoir s’adapter aux Argentins.  

Un Wesley Fofana installé, lui, dans la peau du titulaire. Ça vous inspire quoi ?
On verra si ça continue… Rien n’est figé. Je ne suis pas encore dans cette étape (sourire). Et puis il faut savoir prendre tout ce qu’il y a à prendre.  


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