Mémoire des luttes contre les dictatures du Cône Sud (Argentine …

Notes

1 John Dinges, Les Années Condor. Comment Pinochet et ses alliés ont propagé le terrorisme sur trois continents, Paris, La Découverte, 2005. Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l’école française, Paris, La Découverte, 2008.

2 Le MIR (Movimiento de la Izquiera Revolucionaria) adopte alors une attitude de soutien critique au gouvernement de l’Unité Populaire dirigé par Salvador Allende.

3 L’intitulé exact de l’organisation est le MLN-T (Movimiento de Liberación Nacional – Tupamaros).

4 L’ERP (Ejército Revolucionario del Pueblo) est la branche armée du PRT (Partido Revolucionario de los Trabajadores), un parti trotskiste, influencé aussi par le guévarisme.

5 FAL (Fuerzas Armadas de Liberación) organisation qui disparaît au début des années 70.

6 Parmi les organisations armées de la constellation péroniste, on trouve les FAR (Fuerzas Armadas Revolucionarias), les FAP (Fuerzas Armadas Peronistas) et les Montoneros. Les FAP et les FAR intègreront progressivement les Montoneros. En dehors du péronisme, on trouve l’ERP-PRT déjà cité et les FAL (Fuerzas Armadas de Liberación), un groupuscule guévariste qui disparaît au début des années 70.

7 Des campagnes d’information sur les exactions de la junte argentine, seront menées (en Italie, en France et ailleurs) et susciteront plus d’échos.

8 Pas seulement des intellectuels latino-américains d’ailleurs. Dans les années 60 et 70, le philosophe français Régis Debray s’intéresse de très près à ce qui se passe à Cuba, en Uruguay et au Chili, parce qu’il y trouve à chaque fois (chez les révolutionnaires cubains, les Tupamaros ou le président Salvador Allende) de nouvelles manières de faire de la politique. Ironie de l’histoire, les écrits de Régis Debray sur la théorie guévariste du « foco » auront une influence considérable en Amérique latine, auprès des révolutionnaires.

9 A propos de ces expériences de cinémas militants en Amérique latine, des tentatives de coordination à l’échelle du Tiers-Monde (où les cinéastes cubains ou argentins jouèrent un rôle important), lire Mariano Mestman, « Entre Argel y Buenos Aires. El Comité del Tercer Mundo (1973 – 1974) », in Gerardo Yoel (dir.), Imagen, Politica y Memoria, Buenos Aires, Libros del Rojas, Universidad de Buenos Aires, 2002. Des collectifs de cinéastes contemporains en Argentine ont republié des textes anciens consacrés aux travaux filmiques ou théoriques de Raymundo Gleyzer, Fernando Solanas, et fait circuler des textes comme ceux de Mestman sur internet (sur le site du groupe Boedo films, par exemple, ici : http://www.boedofilms.com.ar/debates/metsman.htm). Consultation le 06.02.2010.

10 Nous reprenons les déclarations de Gleyzer dans Raymundo (Ernesto Ardito et Virna Molina, 2002, Argentine) qui montre très bien le processus de radicalisation du documentariste. Dans les films militants de Gleyzer comme dans ceux de Solanas ou de Sanjinés, il était courant d’identifier les coupables des exactions. Le documentaire consacré à Gleyzer perpétue cette tradition et cite nommément les assassins et les responsables de la mort du cinéaste.

11  Trois livres analysent et retracent bien l’apport et les réalisations de cette constellation : Julianne Burton, Cine y cambio social en América Latina. Imágenes de un continente, México, Editorial Diana, 1991 ; Octavio Getino et Susana Vellegia, El Cine de las historias de la revolución: Aproximación a las teorías y prácticas del cine político en América Latina (1967-1977), Buenos Aires, Altamira, 2002, qui a été co-écrit par un ancien protagoniste de premier plan du cinéma militant en Argentine, Octavio Getino ; Zuzana M. Pick, The New Latin American Cinema. A Continental Project, Austin, University of Texas Press, 1993. Pour une critique pertinente de cette vision parfois trop englobante et trop systématique du « nouveau cinéma latino-américain », on peut se reporter à Paulo Antonio Paranaguá, Tradición y modernidad en el cine de América Latina, Madrid Mexico, Fondo de Cultura Económica de España, 2003.

12 Solanas et Getino sont les deux auteurs d'un film emblématique de la période : La hora de los hornos, 1966-68, entamé durant la dictature d’Onganía en 1966.

13 Sur ce aspect, voir Mundial 78, la historia paralela de Gonzalo Bonadeo, Diego Guebel et Mario Pergolini, 2003.

14 René Prédal (dir.), « Fernando Solanas ou la rage de transformer le monde », CinémAction, n° 101, 4ème trimestre 2001.

15 La première partie se terminait sur un plan fixe de plusieurs minutes sur la photographie du Che assassiné. La première version du documentaire circule encore (voir les projections récentes dans les festivals, les éditions DVD), celle avec Allende et Perón semble avoir été mise de côté. Si le spectateur n’est pas au courant de l’existence de la version avec le changement signalé, il ne comprendra pas pourquoi Gleyzer ironisait en disant qu’il ne suffisait pas de remplacer le « Che » par Perón pour aller vers le socialisme. En fait, Gleyzer polémiquait ici avec Solanas, et sa déclaration est reprise dans le film Raymundo (déjà cité).

16 Fernando Solanas et Octavio Getino, «Hacia un tercer cine», in Cine, cultura y descolonización, Siglo XXI, Buenos Aires, 1973. Le manifeste Hacia un tercer cine écrit par Fernando Solanas et Octavio Getino paraît en 1969, dans la revue cubaine de l’OSPAAAL (la Tricontinentale) et circule aussitôt auprès des cinéastes et des cinéphiles militants d’Afrique, d’Amérique latine et d’Europe. En synthétisant les expériences antérieures, ce manifeste préconise le dépassement du premier et du second cinéma : le cinéma commercial à gros budget ; le cinéma d'auteur à l'européenne. En allant vers un troisième cinéma, celui qui va au-delà du simple constat assume pleinement la rupture, utilise la caméra comme une arme, un moteur pour la révolution, opte pour le travail collectif.

17 Sa propre fille, Lucía Cedrón, est devenue cinéaste et Jorge Cedrón est mort assassiné à Paris en 1980. Cette mémoire tragique imprègne fortement les deux films de fiction signés Lucía Cedrón : En ausencia (2002) et Cordero de dios (sorti en France sous le titre Agnus Dei, 2008).

18 Citons par exemple Raymundo (2002), Trelew (2004) de Mariana Arruti ou Errepé (2005) de Gabriel Corvi et Gustavo de Jesús.

19 La Batalla de Chile synthétisait et rassemblait déjà des images depuis le début jusqu’au milieu de la décennie années 1970.

20 La hora de los hornos reprend une citation de José Martí déjà utilisée par le Che : « Es la hora de los hornos y no se ha de ver más que la luz ».

21 La citation d’Hermann Hesse en espagnol placée en exergue du film relève du champ lexical de la genèse, d’une naissance dans la violence : « El pájaro rompe el casacarón, el huevo es el mundo, el que quiere nacer tiene que romper un mundo. » 

22 Et deux films aussi emblématiques que La hora de los hornos et La batalla de Chile.

23 Sur la question du labyrinthe dans le cinéma latino-américain, lire Nora Sack Rofman, Une mise en scène de l'incertitude. Le Labyrinthe et sa représentation dans le cinéma latino-américain, Édition bilingue. Rosario. Editorial de la Universidad Nacional de Rosario, 2007. L’ouvrage concerne principalement le cinéma de fiction.

24 Ce documentaire est le portrait de Raymundo Gleyzer, le célèbre cinéaste militant enlevé et « disparu » en mai 1976.

25 Le général Aramburu sera assassiné par un commando de Montoneros (organisation péroniste armée) en juin 1970, en représailles du massacre de 1956.

26 Julio Troxler est une figure importante du péronisme, on peut aussi le voir et écouter son témoignage dans La hora de los hornos de Solanas. Enlevé en 1974, Troxler a vraisemblablement été assassiné par la Triple A (Alianza Anticomunista Argentina), escadron de la mort d’extrême droite créé par José López Rega, ministre influent et homme de l’ombre appartenant à l’aile ultra conservatrice du péronisme.

27 Sur les 19 personnes interpellées, 16 personnes (hommes et femmes) ont été assassinées le 22 août 1972, et on comptera seulement 3 survivants qui seront à leur tour exécutés, quelques années après, durant la dictature de 1976 à 1983. Un documentaire a été tourné quelques mois après ce tragique événement : Ni olvido ni perdón (1972) de Raymundo Gleyzer et Cine de la Base. Mariana Arruti a choisi d’indiquer l’âge des victimes : la grande majorité a moins de trente ans.

28 Au départ, un grand nombre de militants et de dirigeants des organisations armées (FAR, MONTONEROS, ERP) sont emprisonnés dans la prison de Rawson, en Patagonie, à des milliers de kilomètres au sud de Buenos Aires. Une évasion se prépare. Cependant, le jour J, l’équipe de camarades censée récupérer les fugitifs tarde à venir. Au final, une partie des guérilleros en fuite parvient à atteindre l’aéroport de Trelew et à fuir par avion, tandis qu’une autre partie composée de 19 personnes est interceptée. Une semaine après, les prisonniers sont assassinés.

29 Alain Labrousse, Les Tupamaros. Des armes aux urnes, Monaco, Éditions du Rocher, 2009.

30 Jorge Ruffinelli, Patricio Guzmán, Madrid, Cátedra / Filmoteca Española, 2001.

31 Ces films ont été abondamment traités. Voir, par exemple, Joaquín Manzi, « La part de la fiction. A propos de quelques documentaires argentins », Toulouse, Caravelle, n° 92, « Cinéma du réel en Amérique latine (XXIe siècle) », 2009, p. 13-37.

32 Documentaire en trois parties (1961-1973, 1973-1975, puis 1976-1980) tourné par le groupe Mascaró : Aldo Getino, Laura Lagar, Mónica Simoncini, Omar Neri et Susana Vázquez.

33 Au XXIe siècle, dans les sociétés relativement démocratiques et pacifiées du Cône sud ou d’Europe, la violence n’est plus considérée comme un moyen de mener une politique.

34 Sous-titrée Historias del PRT-ERP, Gaviotas Blindadas l’œuvre est divisée en trois parties. Elle a été réalisée collectivement par le groupe Mascaró, composé de Aldo Getino, Laura Lagar, Mónica Simoncini, Omar Neri y Susana Vázquez.

35 Roberto Carri, Isidro Velázquez. Formas prerrevolucionarias de la violencia, Buenos Aires, Colihue, 2001. Le livre date en réalité de 1972, l’auteur et son épouse ont été enlevés et tués quelques années après.

36 Vérification faite, l’extrait lu dans le film est bien tiré du livre de Roberto Carri, Isidro Velázquez, mais il s’agit en réalité d’une citation de Historia de las agitaciones campesinas andaluces de Juan Díaz Del Moral. Roberto Carri, op. cit., p. 27.

37 Rétrospectivement, des militants de l’ERP prétendent aussi avoir voulu économiser au maximum les vies humaines de leurs adversaires dans Errrepé.

38 Pilar Calveiro, Política y/o violencia. Una aproximación a la guerrilla de los años 70, Buenos Aires, Grupo Editorial Norma, 2005. L’auteur est une ancienne Montonera devenue chercheuse en sciences sociales. Dans l’ouvrage mentionné, elle dresse un bilan critique de l’action des Montoneros, étudie la manière dont l’organisation a manqué de sens politique en optant pour une militarisation croissante, avec pour conséquence son isolement au sein de la société, l’impossibilité de concrétiser son projet (passant par la prise du pouvoir) et la dure répression de ses militants.

39 Par exemple, Montoneros, une histoire argentine (1997, France) de Frédéric Compain. Le film revient sur l’action des Montoneros, et s’intéresse à l’association (a priori contre nature) entre un ancien dirigeant montonero devenu un affairiste cynique, Rodolfo Galimberti, et un milliardaire anti-péroniste, Jorge Born. Galimberti avait participé à l’enlèvement de Born dans les années 70.

40 Les dénonciations de Marcia Merino décimèrent les rangs miristes.

41 Cela n’empêche pas les divergences idéologiques. Fernando Solanas est extrêmement sévère avec Gleyzer et la politique menée par l’ERP dans Raymundo. De son côté, Gleyzer n’avait aucune complaisance vis-à-vis du mouvement péroniste, il l’avait critiqué à plusieurs reprises.

42 Il pensait qu’Ana avait été libérée parce qu’elle avait parlé et dénoncé d’anciens camarades. Or, les historiens et plusieurs intervenants dans des films comme Cazadores de utopías ou La flaca Alejandra précisent bien que la logique répressive était absurde : des collaborateurs ou des délateurs furent assassinés alors que des militants ayant refusé de collaborer ont parfois survécu.

43 Présent en complément des deux documentaires, dans l’édition française en DVD.

44 Cf. Escadrons de la mort, l’école française (2003) de Marie-Monique Robin. L’auteur a ensuite utilisé le fruit de ses recherches (notes, entretiens…) pour écrire le livre éponyme (voir note 1).
L’ouvrage et le film abordent un aspect méconnu de la répression en Amérique latine, à savoir la reprise des théories et pratiques françaises de la contre-insurrection (établies lors des guerres d’Indochine et d’Algérie) en Amérique latine et ailleurs, quelques années après. Ce travail excède largement le cadre géographique de notre sujet. Ainsi, le Vietnam, le Brésil (…) sont évoqués aux côtés de l’Argentine ou du Chili.

45 En référence à la conférence qui s’est tenue à Cuba en 1966 et réunissait des mouvements de libération d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.

46 Dans le Message du Che à l’adresse de la Tricontinentale.

47 Entretien avec Laura Bondarevsky publié sur un site Internet argentin, à l’adresse suivante :
http://www.labasicaonline.com.ar/Detalle.asp?Id_Espectaculo=129 (consultation le 10.02.2010).

48 Collectif « Le peuple qui manque ».

http://www.lepeuplequimanque.org/geographies/vendredi-4-decembre-2009? lang_pref=en.

49 Façon de détourner intelligemment la soi-disant présence d’armes de destruction massive en Irak.

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