Médias en Argentine : les grandes manœuvres de Macri

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Dans le virage néolibéral que l’Argentine, sous la houlette de Mauricio Macri, est en train d’opérer, il nous incombe de suivre la façon dont ce dernier risque de s’employer à défaire ce que même Reporters sans frontières (RSF) avait qualifié de « petite révolution médiatique de Cristina Kirchner ». Avec Martín Becerra, on doit rappeler que le kirchnérisme avait lui-même été quelque peu irrespectueux avec la « mal nommée loi sur les médias » qu’il avait pourtant impulsée, en publiant en 2014 une loi sur les télécommunications (Argentina Digital) dont certaines dispositions étaient contradictoires avec la loi de 2009. Pour autant, les déclarations d’intention et les premiers agissements du gouvernement Macri laissent supposer que l’un de ses objectifs premiers est d’en finir avec les avancées de cette loi, notamment les dispositions anti-concentration, contraires à l’esprit de libre entreprise qui anime son équipe et ses partisans. Martín Becerra souligne ainsi qu’avec l’intervention directe auprès de l’Afsca, Macri « ouvre une nouvelle étape dans les politiques de médias et de télécommunications » qui « rétablit la vieille méthode consistant à subordonner le régulateur au président de la République […] et qui contrevient avec les standards de régulation [démocratique] en vigueur jusqu’alors dans le pays et dans d’autres […] ». 

À la lecture de l’ensemble des décisions prises par le nouveau gouvernement argentin, on est en droit de s’étonner qu’aucun cas n’ait été fait de celles-ci dans la presse française, et même francophone. Nous avions déjà évoqué, dans un précédent article à propos de la Bolivie, de possibles raisons pouvant expliquer l’absence d’intérêt de nos médias pour ce qui se trame en Amérique latine. La période durant laquelle se sont déroulés ces faits, la « trêve des confiseurs », l’imminence d’un « grand événement » comme le « Paris-Dakar » (qui débute en Argentine depuis quelques années maintenant) ou encore le caractère relativement technique desdites mesures, souligné par Jérémy Rubenstein, expliquent peut-être aussi, en partie, ce silence – mais ne l’excusent nullement. D’ailleurs, si pareilles mesures avaient été le fait de la « gauche radicale latino-américaine », ces dernières auraient-elles été accueillies avec la même indifférence ? Si l’on se souvient, par exemple, du concert de désinformation qu’avait suscité le non-renouvellement de la concession de RCTV au Venezuelaon est en droit d’en douter. Mais dans l’immédiat, on se contenterait d’une information, même partielle, sur les grandes manœuvres médiatiques de Macri.

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