L’artiste qui fait le Parcours M ce printemps sur la Promenade Masson a une histoire fascinante. Celle qui était vouée à une carrière de médecin en Argentine crée plutôt des tableaux dans Rosemont.
RueMasson.com a rencontré Josefina Maranzano dans sa résidence de Angus à l’est du boulevard Saint-Michel. On reconnait le visage de celui qui nous ouvre la porte. C’est Philippe, son mari, qui lui sert souvent de modèle. On le voit dans les tableaux sur la Promenade Masson et aussi sur la multitude de tableaux accrochés aux murs du salon, du corridor et dans la salle à manger… On visite la petite chambre/atelier qui est consacrée à son travail de création.
« Je choisis toujours de représenter des images ou des choses, qui, pour une raison ou pour une autre, me touchent au niveau de l’émotion. C’est pour ça que mon mari est un peu partout», dit-elle. Et si on rencontrait toute sa famille, on les reconnaitrait aussi. Elle a peint sa soeur, ses nièces, ses neveux, son beau-frère, en tout ou en parti. Elle les prend en photo, les dessine et les redessine. Elle retravaille l’image, la décompose et superpose différents éléments à l’aide d’un logiciel. Elle fusionne des éléments de deux différents visages, joue avec une série de différentes paires d’yeux (la partie la plus expressive) ou joue avec la silhouette d’un visage où elle peut mettre ce qu’elle veut dans la tête des personnages. Elle allie à merveille son côté créatif d’artiste et son côté rationnel de scientifique.
10 ans dans Rosemont
Josefina Maranzano est au Québec depuis 10 ans , presque autant d’années dans Rosemont. Elle et son mari Philippe sont partis à la suite de la crise économique et sociale du début des années 2000. « Depuis que je suis très jeune, je voulais sortir de l’Argentine. Je voyais que les choses n’allaient pas socialement et économiquement. Ce n’est vraiment pas un endroit où je sentais que je pouvais m’épanouir », raconte-t-elle.
À la veille de son départ, elle était à sa dernière année de résidence pour devenir médecin spécialiste (radiologiste). Elle travaillait au moins 12 heures par jour et ses semaines de travail atteignaient souvent plus de 100 heures! Elle voyait également ses professeurs, des médecins réputés, qui devaient avoir 2 ou 3 emplois pour vivre décemment. Les salaires avaient du retard et certains médecins attendaient 6 mois ou 1 an avant de recevoir une rémunération.
Pour pratiquer la médecine au Québec, Josefina aurait dû recommencer sa résidence (4 ou 5 ans). Elle a plutôt choisi de se tourner vers la recherche scientifique dans le domaine de l’imagerie médicale du cerveau par résonance magnétique, sa spécialité. Elle a trouvé un emploi en moins de 6 mois et travaille toujours pour ce même employeur depuis presque 10 ans. Elle est très satisfaite de sa réorientation de carrière.
Comme elle ne travaille plus 100 heures par semaine, elle a plus de temps pour faire ce qu’elle voulait faire depuis toujours : du dessin et de la peinture. Elle se souvient qu’à 7 ou 8 ans, quand on lui demandait ce qu’elle voulait faire, elle répondait toujours « peintre ». D’ailleurs, elle dessinait énormément pour apprendre sa matière dans les cours d’anatomie. À l’école, elle s’est dirigée vers la radiologie parce que c’était les images qui l’attiraient.
Au Québec, elle a suivi quelques cours de sérigraphie et de transfert d’image. «C’est mon côté scientifique. Je me suis dit que si j’ai des outils, ça va me faire avancer plus vite. Je voyais des images dans ma tête, mais je n’arrivais à les reproduire avec la qualité que je voulais. »
Josefina a fait sa première expo il y a deux ans seulement, et elle connait du succès. Elle a à son actif une vingtaine d’expositions et a décroché quelques prix décernés à des artistes de la relève.
Grâce à son travail de chercheuse, elle a pu obtenir une photo de son propre cerveau qu’elle a intégré à quelques tableaux.
- Parcours M dans les vitrines des commerçants participants de la promenade Masson, jusqu’au 4 juin.
- Elle sera au FIMA (Festival international Montréal en arts), du 11 au 15 juin sur la rue Sainte-Catherine (entre Berri et Papineau).
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