Máximo Kirchner : le dauphin est (enfin) sorti de l’ombre

Le silence est sa marque de fabrique, cette façon d’être énigmatique qui lui a donné la réputation d’éminence grise du modèle K [pour Kirchner].

Mais la vie quotidienne du jeune homme le plus influent de la scène politique argentine est en réalité bien plus simple qu’il n’y paraît. Máximo aime faire la grasse matinée, jouer à la PlayStation et, tout comme ses parents, Néstor [ancien président entre 2003 et 2007, décédé le 27 octobre 2010] et Cristina [présidente de l’Argentine depuis 2007, elle a entamé son second mandat (jusqu'en 2015) en décembre 2011], il surveille de façon obsessionnelle (presque pathologique) tout ce qui se dit sur lui et sa famille, en particulier sur les réseaux sociaux. C’est l’agent panoptique du pouvoir, qui peut tout voir sans être vu.

Máximo est né le 16 février 1977 à La Plata [capitale de la province de Buenos Aires, située à 60 kilomètres au sud de la ville], par une “nuit d’orage terrible” et en l’absence de son père, comme le raconte Cristina dans une biographie écrite par la journaliste Sandra Russo [Histoire d’une vie, éditions Sudamericana]. “J’ai poussé trois fois et il était là”, lit-on.

"Son rythme de travail n'est pas trop intense"

Pourtant, la vitesse à laquelle il est venu au monde ne s’est jamais plus manifestée par la suite. “Maximito”, comme l’appelle sa mère, ne sort jamais de sa maison de Río Gallegos [capitale de la province patagonique de Santa Cruz, où son père a été gouverneur entre 1991 et 2003] avant 10 h 30. Il se lève tard, enfile la première tenue qu’il trouve et monte dans son pick-up Honda pour aller à toute allure jusqu’à l’agence immobilière où il gère les propriétés de la famille Kirchner [selon la dernière déclaration sur l’honneur de la présidente, présentée en août 2011, son patrimoine s’élève à 79 millions de pesos – 18,1 millions de dollars – et compte 27 propriétés].

Son rythme de travail n’est pas trop intense. Il arrive au bureau vers 11 heures, puis rentre déjeuner chez lui vers 12 h 30 ou 13 heures. Il fait la sieste – une autre tradition héritée de son père – et parfois il travaille l’après-midi, de 16 heures à 19 heures. Il accorde moins de cinq heures par jour à la gestion de tous les biens fonciers des Kirchner et cette “fainéantise” s’avère payante : d’année en année, le patrimoine familial lui donne raison.

Pro de la Playstation

Máximo n’a jamais été très sportif. “On faisait du handball. Il était gardien de but et, pour pouvoir arrêter les ballons, il mettait des culs-de-bouteille (il souffrait de strabisme) qui tenaient grâce à un élastique blanc, c’était très marrant”, a raconté au journal Libre [du même groupe que le journal Perfil] l’un de ses anciens camarades de classe du Colegio República de Guatemala, qui l’appelle encore “le Gros”.

Exclu des activités sportives, il avait plutôt l’habitude de participer avec son père à des matchs de foot amicaux à Olivos [résidence présidentielle argentine]. En revanche, l’héritier de la lignée Kirchner est un pro de la PlayStation. Selon des révélations du magazine Revista Noticias [du même groupe que le journal Perfil], rien ne lui plaît davantageque rester chez lui et jouer au foot sur sa console. Cet introverti grille aussi les Marlboro à la chaîne, comme sa sœur Florencia.

Militantisme 2.0

Pendant son temps libre, qui ne manque pas, Máximo examine toutes les critiques adressées contre le modèle K sur Twitter. Et il ne s’arrête pas là : chaque fois qu’un blogueur à la botte du pouvoir se lance dans une discussion avec un journaliste “ennemi”, le fils de la présidente le félicite par un tweet. Il a même envoyé des SMS à des blogueurs influents qui soutiennent les K [les Kirchner] pour leur dire “Heureusement que vous êtes là !” après une réplique bien sentie.

Tout le monde sait qu’il s’est créé un compte Twitter sous une fausse identité pour suivre en détail toutes ces batailles virtuelles. Pourtant, ce militantisme 2.0 ne s’est jamais concrétisé par de véritables actions sur la scène politique. Il n’a jamais prononcé de discours lors des rassemblements du mouvement La Cámpora [fondé en 2003 par Máximo, il regroupe les jeunes militants “kirchnéristes”] ni proposé sa candidature à quoi que ce soit (même s’il a croulé sous les offres). “C’est un renégat de la politique : c’est ce qui le distingue de ses parents”, selon toutes les personnes qui ont déjà eu affaire à lui. Si beaucoup le considèrent comme le dauphin, l’intéressé a d’autres projets : se reposer sur ses lauriers.

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