par Hugh Bronstein
Le candidat de
l'opposition libérale Mauricio Macri est arrivé nettement en
tête du second tour de l'élection présidentielle en Argentine,
selon des résultats encore partiels qui confirment les sondages
à la sortie des urnes diffusés par les chaînes de télévision
juste après la clôture du scrutin.
Après dépouillement d'un cinquième des bulletins de vote,
Mauricio Macri, maire de droite de la capitale Buenos Aires,
était crédité de 54,5% des voix contre 45,5% pour le péroniste
de centre gauche Daniel Scioli, a fait savoir la commission
électorale.
Agé de 56 ans, issu d'une riche famille, Mauricio Macri
avait obtenu, lors du premier tour le 25 octobre, le score
inattendu de 34,3% des suffrages, tandis que Daniel Scioli,
dauphin de la présidente sortante, la péroniste Cristina
Fernandez, était de peu en tête avec 36,9%.
Cristina Fernandez achève un double mandat de quatre ans et
ne pouvait solliciter un troisième mandat consécutif. Elle a été
précédée à la présidence par son défunt mari Nestor Kirchner.
La chef de l'Etat laisse un pays profondément divisé entre
les classes populaires qui applaudissent les généreux programmes
sociaux mis en place par le couple Kirchner et les milieux
d'affaires qui dénoncent les nombreux contrôles instaurés sur
l'économie du pays, la troisième d'Amérique latine.
L'Argentine affiche un important déficit budgétaire, que
Cristina Fernandez a financé en émettant des pesos, ce qui a
contribué à alimenter une inflation à deux chiffres. Les
réserves en devises sont à leur plus bas niveau depuis neuf ans
et le pays ne peut se financer sur les marchés obligataires
depuis qu'il a fait défaut sur sa dette l'an dernier.
Mauricio Macri a promis pendant la campagne électorale
d'ouvrir le pays aux capitaux en levant les contrôles sur les
changes et le commerce et en mettant fin au bras de fer entre
l'Argentine et les détenteurs d'obligations souveraines du pays
qui ont rejeté par deux fois, en 2005 et 2010, des
rééchelonnements de la dette nationale.
L'indice Merval de la bourse de Buenos Aires a grimpé de 25%
depuis la performance surprise de Mauricio Macri au premier
tour.
Cristina Fernandez s'est exprimée plusieurs fois sur les
ondes ces dernières semaines pour appeler les électeurs à
garantir le maintien des programmes sociaux du gouvernement en
faveur de l'éducation, de la santé et des mères pauvres. "Quand
je partirai, plaise à Dieu que ne soit pas détruit ce qu'il a
fallu des années pour construire", a-t-elle lancé à ses
partisans lors d'un récent meeting.
Le nouveau président prêtera serment le 10 décembre.
(Jean-Stéphane Brosse, Eric Faye et Tangi Salaün pour le
service français)