L’opposition argentine espère conquérir la présidence

SECOND TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE EN ARGENTINE

par Hugh Bronstein

BUENOS AIRES (Reuters) - L'opposition de droite rêve de tourner la page de douze années de péronisme de centre gauche ce dimanche en Argentine, à l'occasion du second tour de l'élection présidentielle.

Son candidat Mauricio Macri a bouleversé la donne politique en obtenant un score inattendu de 34,3% des voix au premier tour le 25 octobre face à Daniel Scioli, dauphin de la présidente sortante Cristina Fernandez, qui l'a devancé d'assez peu avec 36,9% des suffrages.

Mauricio Macri, maire de Buenos Aires issu d'une riche famille, est désormais crédité d'une confortable avance dans les sondages mais avec 10% d'indécis, l'hypothèse d'une victoire de Scioli ne peut être écartée.

Cristina Fernandez achève un double mandat de quatre ans et ne peut solliciter un troisième mandat consécutif. Elle a été précédée à la présidence par son défunt mari Nestor Kirchner.

La chef de l'Etat laisse un pays profondément divisé entre les classes populaires qui applaudissent les généreux programmes sociaux mis en place par le couple Kirchner et les milieux d'affaires qui dénoncent les nombreux contrôles instaurés sur l'économie du pays, la troisième d'Amérique latine.

L'Argentine affiche un important déficit budgétaire, que Cristina Fernandez a financé en émettant des pesos, ce qui a contribué à alimenter une inflation à deux chiffres. Les réserves en devises sont à leur plus bas niveau depuis neuf ans et le pays ne peut se financer sur les marchés obligataires depuis qu'il a fait défaut sur sa dette l'an dernier.

S'il est élu, Mauricio Macri compte ouvrir le pays aux capitaux en levant les contrôles sur les changes et le commerce.

LA BOURSE PARIE SUR UN CHANGEMENT

Juana Fontana, une avocate de 74 ans, déclare qu'elle votera pour le candidat de droite car le modèle économique actuel a selon elle "touché le fond".

Daniel Scioli, jugé plus modéré que Cristina Fernandez, promet d'ajuster la politique économique tout en maintenant les programmes sociaux, alors qu'il accuse son adversaire de vouloir les supprimer.

"Je ne suis pas folle de Scioli, mais je vais voter pour lui car la politique de Macri fera entrer trop de produits étrangers dans le pays, et ce sera mauvais pour l'industrie locale", dit Cristina Castillo, une psychologue de 53 ans. "Si on lit entre les lignes, il est clair que Macri veut un ajustement budgétaire drastique."

C'est cette nouvelle politique budgétaire que les investisseurs et milieux d'affaires appellent justement de leurs voeux. Ils réclament également la levée du contrôle des changes et la fin du bras de fer entre l'Argentine et les détenteurs d'obligations souveraines du pays qui ont rejeté par deux fois, en 2005 et 2010, des rééchelonnements de la dette nationale.

L'indice Merval de la bourse de Buenos Aires a grimpé de 25% depuis la performance surprise de Mauricio Macri au premier tour.

Cristina Fernandez s'est exprimée plusieurs fois sur les ondes ces dernières semaines pour appeler les électeurs à garantir le maintien des programmes sociaux du gouvernement en faveur de l'éducation, de la santé et des mères pauvres.

"Quand je partirai, plaise à Dieu que ne soit pas détruit ce qu'il a fallu des années pour construire", a-t-elle lancé à ses partisans lors d'un récent meeting.

Le nouveau président prêtera serment le 10 décembre.

(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)

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